Le gouvernement français, face à la crise des «gilets jaunes», a exprimé lundi sa volonté d'annoncer des décisions fortes, soulignant la nécessité d'une «changement radical» en raison d'une «immense exaspération fiscale» des Français.
Dans un discours prononcé lundi à Paris faisant un compte-rendu des remontées du «grand débat national», lancé le 15 janvier, le Premier ministre Edouard Philippe a affirmé que le besoin de changement chez les Français est «radical», soulignant qu'hésiter serait «une faute». «Nous sommes parvenus à une situation où hésiter serait pire qu'une erreur, ce serait une faute. Le besoin de changement est si radical que tout conservatisme, toute frilosité serait à mes yeux impardonnable», a-t-il dit devant plus de 500 personnes au Grand Palais, en attendant les premiers arbitrages du président Emmanuel Macron.
Il a indiqué que la première exigence, qui ressort du «grand débat national» auquel plus de 1,5 million de personnes y ont participé directement et 10.000 réunions locales ont été organisées, a trait à «une immense exaspération fiscale» qui demande une «tolérance fiscale zéro» à laquelle le gouvernement doit «baisser plus vite les impôts». La crise des «gilets jaunes», rappelle-t-on, a pris naissance suite à l'augmentation des prix du carburant, une goutte qui a fait réagir les Français, en novembre dernier, contre le «ras-le-bol fiscal» et l'érosion de leur pouvoir d'achat. Au cours du «grand débat national», la baisse des impôts a fait l'objet d'un important «consensus» dans les questionnaires et dans les contributions libres (réunions d'initiative locale, cahiers de doléances et courriers).
Les Français qui se sont exprimés ont également exigé une plus grande justice fiscale, appelant au rétablissement de l'impôt sur la fortune (ISF) et au renforcement de la lutte contre la fraude fiscale. Pour Edouard Philippe, le gouvernement ne pourra plus gouverner «comme avant», soulignant la nécessité «de construire les outils d'une démocratie plus délibérative».
«Certains annonçaient la fin de la démocratie représentative et l'avènement de ce qui aurait pu être une forme de démocratie directe et médiatique permanente. ça n'est pas ce que les Français veulent, ils sont exigeants, ils veulent une démocratie plus représentative, plus transparente, plus efficace et une exemplarité encore renforcée», a-t-il expliqué.
Les «gilets jaunes» revendiquent l'établissement dans la Constitution française le référendum d'initiative citoyenne (RIC), un modèle donnant au citoyen la possibilité d'élaborer une proposition de loi et de la soumettre aux suffrages, soit du Parlement, soit de la population par référendum. Par ailleurs, le débat a fait ressortir l'exigence des Français pour lé réforme des institutions de l'Etat. Ainsi, 74 % des contributeurs demandent une dose de proportionnelle, essentiellement à l'Assemblée nationale française, le maintien du non-cumul des mandats et la réduction du nombre de parlementaires ou la prise en compte du vote blanc.
Pour le référendum, 80 % sont favorables au niveau local 53 % pour son usage au niveau national. En attendant que le président Macron se prononce, les «gilets jaunes» sont toujours mobilisés et ne semblent pas abdiquer, alors que, selon un sondage Elabe, 70 % des Français estiment que le «grand débat national» ne permettra pas une sortie de crise.
En outre, 55 % des personnes interrogées estiment également que le grand débat ne permettra pas d'améliorer la participation des citoyens aux décisions. Des chiffres qui montrent clairement le climat de doute installé entre les Français et leurs gouvernants, estiment des observateurs.