Renforcer la résilience des éleveurs au Sahel pour parvenir à la sécurité alimentaire

Publié par Dknews le 28-04-2019, 18h07 | 5

Le directeur général de l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), José Graziano Da Silva a relevé la nécessité de renforcer la résilience des éleveurs au Sahel pour parvenir à la paix et à la sécurité alimentaire.

M. Da Silva a indiqué que les conflits, l’insécurité alimentaire, la malnutrition, les catastrophes naturelles et les épidémies font toujours rage au Sahel, et des millions de personnes continueront d’avoir besoin d’une aide urgente chaque année.

"Les investissements massifs dans le développement rural et l’agriculture doivent aller de pair avec les efforts de construction de la paix", a-t-il ajouté.

Selon le Comité permanent inter-Etats de lutte contre la sécheresse dans le Sahel (CILSS) et les analyses du Cadre harmonisé, environ six millions de personnes ont souffert de faim extrême au Sahel l’année dernière, dont près de la moitié sont des éleveurs et des éleveurs agro-pastoraux.

M. Graziano Da Silva a noté que la FAO et l’Union européenne (UE), s’appuyant sur des interventions antérieures réussies, ont décidé d’intensifier leurs efforts conjoints pour renforcer les analyses sur l’insécurité alimentaire et la résilience, accroître les investissements au niveau des pays afin d’assurer des moyens d’existence résilients, et de soutenir le changement des politiques.

Dans le cadre du programme de partenariat du réseau mondial contre les crises alimentaires, la FAO et l’UE mettent en œuvre un projet de 9 millions d’euros qui devrait bénéficier à 140 000 personnes  -la plupart d’entre eux étant des éleveurs vulnérables-  dans la zone désertique du Sahel.

Face aux crises alimentaires dans le Sahel, le projet entend contribuer à une approche régionale plus large visant à renforcer la résilience des communautés agro-pastorales transfrontalières sur le long terme.

Pour ce faire, l’objectif est également de contribuer à la stabilité dans plusieurs zones prioritaires du Sahel telles que définies par le G5 Sahel, y compris le Sénégal et la zone située entre le Burkina Faso, le Mali et le Niger.

Par ailleurs, il entend tisser des réseaux d’information qui aideront les décideurs et les éleveurs agro-pastoraux à choisir les stratégies d’investissement, les activités économiques et les options de mobilité.

Il vise également à renforcer les capacités des services techniques gouvernementaux, des organisations non gouvernementales et des organisations de la société civile pour faire appliquer à grande échelle les bonnes pratiques pastorales et agro-pastorales de manière à accroître la productivité et la cohésion sociale grâce aux champs écoles.

Ce projet s’inscrit dans le cadre des efforts déployés par l’agence des Nations Unies pour promouvoir une paix durable. Ces efforts comprennent des activités visant à prévenir l’éclatement, l’escalade, l’enlisement et la récurrence des conflits, ainsi que des activités en faveur du redressement, de la reconstruction et du développement.

Les conflits impliquant des groupes armés non étatiques, des bandits et des réseaux du crime organisé ont provoqué de nombreux déplacements de population dans la région du Sahel et ont exacerbé la fréquence à laquelle agriculteurs et éleveurs s’affrontent sur la manière d’utiliser les ressources.

Les schémas et les causes précises à l’origine de ces tensions varient considérablement à travers la région, ce qui indique la nécessité d’efforts sur mesure pour les contenir.

 

Désamorcer les tensions grâce à une gestion améliorée du fourrage

Des bilans alimentaires pour les aliments réservés à la consommation animale, à l’instar des bilans conçuspar la FAO en Afrique orientale, seront élaborés pour fournir des données adéquates sur la disponibilité, l’utilisation et les besoins en aliments pour animaux dans la région du Sahel, une région où les populations et leurs troupeaux traversent fréquemment les frontières nationales.

Ces informations peuvent aider à anticiper et à limiter l’émergence des conflits locaux qui opposent souvent les éleveurs aux agriculteurs. Elles seront alignées avec le Cadre harmonisé.

Parmi les autres initiatives entreprises dans le cadre du projet, citons la création de 300 champs écoles agro-pastoraux, la préconisation d’un accès inclusif et équitable aux ressources naturelles et aux intrants, ainsi que l’accès aux opportunités commerciales transfrontalières et aux services vétérinaires.

Les institutions de gouvernance locale en mesure de régler les différends seront soutenues, et, le cas échéant, des programmes de protection sociale offrant des filets de sécurité d’urgence seront déployés sous forme de transferts monétaires.

Les résultats escomptés comprennent le rétablissement de points d’eau vitaux pour les troupeaux itinérants, la restauration des terres et l’optimisation des techniques de production de fourrage.