France - Yémen: Paris confirme un prochain chargement d’armes pour l'Arabie saoudite

Publié par Dk News le 08-05-2019, 15h59 | 8

Paris a confirmé mercredi un prochain chargement d'armes pour l'Arabie saoudite, une transaction vivement dénoncée en raison d'une présumée utilisation des armes françaises dans la guerre au Yémen.

Le gouvernement français a réaffirmé à maintes reprises qu'il n'existe «aucune preuve» permettant d'affirmer que des armes françaises sont utilisées par l'Arabie saoudite et les Emirats arabes unis engagés dans une guerre au Yémen contre les Houthis (minorité). «Il y aura chargement d’armes en fonction et en application d’un contrat commercial», a déclaré mercredi sur BFMTV la ministre des Armées, Florence Parly, qui était l'invité du journaliste Jean-Jacques Bourdin.

La ministre a réitéré qu'au niveau de son gouvernement il n'y a «pas d’éléments de preuve selon lesquels des victimes au Yémen sont le résultat de l’utilisation d’armes françaises».

Le site d'investigation Disclose a révélé qu'un cargo saoudien «Bahri Yanbu» fait route vers le port du Havre, où il doit arriver vers 17h00 (15h00 GMT) pour charger «huit canons de type Caesar».

Une source gouvernementale, citée par des médias, a affirmé qu'il n'y a «aucune livraison de Caesar en cours».

Disclose a publié des documents «Confidentiel défense» et «Secret défense», révélant «l’usage massif» d’armes françaises dans la guerre au Yémen.

Dans une enquête de plusieurs mois, le site d'investigation démontre que ces armes sont employées contre des civils, se basant sur un rapport de 15 pages que des officiers de la Direction du renseignement militaire, la DRM, ont rédigé le 25 septembre 2018.

Intitulé «Yémen - situation sécuritaire», le document a été transmis, selon le site, au président Emmanuel Macron et à la ministre Florence Parly.

«Tableaux et cartes de la région à l’appui, la note de la DRM révèle pour la première fois ce que le gouvernement français s’efforce de dissimuler la liste détaillée des armes françaises impliquées dans la guerre au Yémen», a ajouté Disclose qui souligne, selon la note, que 48 canons Caesar produits par l’industriel français Nexter «appuient les troupes loyalistes, épaulées par les forces armées saoudiennes, dans leur progression en territoire yéménite».

Dans ce conflit yéménite, on déplore la mort de nombreux civils parmi les dizaines de milliers de personnes tuées. Selon les Nations unies, environ 3,3 millions de personnes sont toujours déplacées et 24,1 millions, soit plus des deux tiers de la population.

La semaine passée, une proposition de création d'une commission d’enquête sur les ventes d’armes de la France à l’Arabie saoudite et aux Emirats arabes unis et sur l’éventuelle utilisation de celles-ci pour commettre des «crimes de guerre» ou des «crimes contre l’humanité» à l’encontre de la population civile du Yémen, a été déposée au Sénat.

Le sénateur Jean-Louis Masson (Démocratie et Politique), l'auteur, propose une commission d’enquête, composée de vingt et un sénateurs ayant pour objet de «dresser un bilan des ventes d’armes par la France à l’Arabie saoudite et aux Emirats arabes unis et de rechercher par tous moyens si ces armes ont, ou non, été utilisées pour commettre des crimes de guerre ou des crimes contre l’humanité à l’encontre de la population civile du Yémen».

Pas plus tard que mardi, lors d’une séance houleuse à l’Assemblée nationale française, le député communiste Jean-Paul Lecoq a interpellé le gouvernement en indiquant que «plus de 60.000 personnes ont été tuées et plus de 16 millions de Yéménites sont menacés de famine».

«La France, a-t-il dit, au nom de sa diplomatie du porte-monnaie, continue à vendre des armes à l’Arabie saoudite en toute opacité».

En signe de protestation, l’ensemble des parlementaires de gauche ont quitté l’Assemblée.