Crise libyenne: Poursuite des combats, la CPI «attentive»

Publié par Dk News le 10-05-2019, 15h33 | 12

Les combats au sud de Tripoli se poursuivent depuis le lancement de l'agression des troupes de Khalifa Haftar contre la capitale libyenne, début avril, ayant fait au moins 443 morts et 2553 blessés, suscitant la réaction de la Cour pénale internationale (CPI) qui se dit «très attentive» au développement de la situation.

Malgré les appels notamment de l'ONU à une trêve pendant le Ramadan, les troupes de Haftar, selon des sources militaires libyennes, ont pris pour cible, la nuit dernière, un site des forces du gouvernement d'union nationale libyen (GNA) au sud de Tripoli, ajoutant qu'elle ciblaient également des magasins de munitions dans la région de Janzur.

D'après les médias locaux, les forces du GNA étaient sur la défensive près de l'aéroport international de Tripoli et dans la région de Toichia.

Face à ces hostilités, le chef du gouvernement libyen d'union nationale (GNA) libyen, Fayez al-Sarraj, a appelé ses troupes à faire face aux mouvements des troupes de Haftar notamment autour de l'aéroport de Tripoli.

Alors que la crise se poursuit et que le nombre de personnes déplacées approche les 60.000, l’OMS a déclaré, dans un tweet plus tôt dans la journée, qu’elle travaillait à la coordination des services de santé en cours.

Dans un nouveau bilan, l'agence de presse libyenne, Lana, a fait état mercredi d'au moins 443 morts et 2553 blessés, dont 108 civils.

 Les combats ont suscité des réactions de la part de la CPI, l'ONU, l'Union Européenne (UE) et l'Union Africaine (UA) ainsi que la communauté internationale.

En effet, la CPI s'est dite disposée à enquêter et poursuivre les individus ou parties commettant des actes constituant des crimes relevant de la compétence.

«Alors que je m'adresse à vous aujourd'hui, à mon grand regret, les combats en Libye se poursuivent sans relâche», a indiqué mercredi à New York, la procureur de la CPI, Fatou Bensouda, qui briefait le Conseil de sécurité de l'ONU sur la situation en Libye.

Appels à une trêve pour l'acheminement des aides humanitaires

Le président de la Commission de l'Union africaine, Moussa Faki, et le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, ont lancé lundi un nouvel appel à un cessez-le-feu en Libye, rejeté jusqu'à présent par Khalifa Hafter qui veut poursuivre sa conquête de Tripoli, estimant que la priorité était «de faire en sorte que (la guerre) cesse».  Pour sa part, le SG de l'ONU qui s'est déclaré «très préoccupée» par les informations selon lesquelles des frappes aériennes auraient touché un centre de détention pour migrants à Tajoura, dans l'est de la capitale libyenne, a vu la la nécessité «d'un cessez-le-feu» et une «cessation des hostilités» avec un retour à un processus de règlement politique, estimant que l'appel à un cessez-le-feu inclut un «arrêt de l'offensive» militaire menée par les troupes armés de Haftar. La Mission d’appui des Nations Unies en Libye (MANUL) déployée à Tripoli a appelé dimanche à observer une trêve humanitaire à partir de lundi, le premier jour du Ramadan. Mais n'a «malheureusement pas encore été observée pour le moment», selon Stéphane Dujarric, le porte-parole de M. Guterres. Le but de cette trêve était «de permettre l’acheminement d’une aide humanitaire aux personnes dans le besoin et de permettre aux civils de circuler librement», a-t-il déclaré. De son côté, la mission de l'UE en Libye a exprimé sa solidarité avec le peuple libyen «qui a souffert de l'instabilité au cours des huit (8) dernières années, en particulier des personnes prises au piège des récents combats à Tripoli».

Dans la foulée, la mission européenne a souligné que la Libye «a maintenant besoin de la détermination des dirigeants pour adopter et promouvoir des solutions qui donnent la priorité aux intérêts du peuple libyen et mettent fin au conflit en cours», estimant que «c'est le seul moyen qui permettra au pays d'aller de l'avant et de mettre fin à la transition». Mardi, M. al-Sarraj, a entamé une tournée dans des capitales européennes en vue de réunir des soutiens et faire dissiper les divisions internationales vis-a-vis de la crise libyenne, exacerbée par l'agression des troupes menées par Haftar contre Tripoli.

Mercredi, la France et la Libye ont affirmé l’importance d’élargir et approfondir le dialogue avec l’ensemble des composantes de la nation libyenne, à l'issue d'un entretien à Paris du président Emmanuel Macron avec le Premier ministre libyen Fayez al-Sarraj.

Selon un communiqué de l'Elysée, le président Macron a réitéré sa volonté d’aider à construire la paix dans le cadre d’un processus politique en Libye, sous l’égide des Nations unies. Dans un entretien accordé samedi, à l’agence russe RIA Novosti, M. Fayez al-Sarraj a évoqué la situation sur le terrain et formulé la condition d’arrêt des combats contre les troupes de Hafter, annonçant que les forces du GNA avaient réussi «à rétablir leur contrôle» sur nombre de positions, occupées auparavant par l'Armée nationale libyenne (ANL) sous commandement du maréchal Hafter. «(..) A présent, la situation est bonne et les forces de l'agresseur battent en retraite.

Elles se sont mises à pilonner à l'aveugle les quartiers résidentiels, ce qui a fait des victimes parmi la population civile», a-t-il déclaré, indiquant que le GNA arrêterait ses opérations contre l'ANL, «dès que les unités de celle-ci reviendraient sur leurs anciennes positions».