Les signes de sorties de la crise politique au Soudan étaient mardi plus tangibles que jamais suite à l'accord conclu la veille entre le Conseil militaire de transition au Soudan et les représentants de l'Alliance civile pour la liberté et le changement (ALC) Toutefois, les efforts politiques et les pourparlers entre les deux parties ont été entachés par des violences ayant fait un mort parmi les militaires, un officier, et six victimes du côté des manifestants, dans u sit-in devant le quartier général de l'armée soudanaise à Khartoum (QG) Un acte qualifié par les militaires, de tentatives de «sabotage» visant à faire échouer le processus de règlement politique pour laisser le pays dans l'impasse.
Un porte-parole des protestataires, Taha Osman, a fait savoir qu'au cours de la réunion, les Conseil militaire et les représentants des forces de changement, la contestation populaire, sont parvenus à un accord sur «la structure des organes (de transition) et leurs prérogatives».
Il s'agira selon le porte-parole, d'un nouveau «Conseil souverain» appelé à remplacer le Conseil militaire, un cabinet et une assemblée législative. Les discussions se poursuivront ce mardi autour de sur la durée de la période de transition et la composition du (nouveau) conseil, et des deux autres organes», a-t-il ajouté.
De son côté, le porte-parole du Conseil militaire, le général Chamsedddine Kabbachi, qui a confirmé les termes de l'accord «sur la formation des entités de la transition aux niveaux souverain, exécutif et législatif», a indiqué que les discussions du mardi, vont porter sur «les pourcentages de représentation (au sein de ces organes) et de la durée de la transition».
La coordination des protestataires, l'ALC pour rappel, voulait que ce Conseil soit dominé par les civils et d'une période de quatre (4) ans, insistant sur la fondation d'un système «exclusivement parlementaire», et proposant la création d'un conseil législatif représenté par tous les mouvements de contestation soudanaise.
L'armée quant à elle, cherchait à ce que ce Conseil comprenne une majorité de militaires et une période de transition de deux ans.
Les divergences concernaient également la nature du régime présidentiel ou parlementaire, ainsi que la référence à la Chariaa (loi islamique) comme source de la législation. Par ailleurs, le procureur général soudanais avait annoncé dans un communiqué relayé par des médias, l'inculpation d'Omar el-Béchir, destitué au mois d'avril et actuellement emprisonné à Khartoum, au même titre que d'autres (personnalités), pour «incitation et participation au meurtre de manifestants», pendant les protestations contre son gouvernement.
L'ancien président soudanais, fait également l'objet de mandats d'arrêt de la Cour pénale internationale (CPI), pour des accusations de génocide, crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis dans le cadre du conflit au Darfour, ouest du Soudan.
Une situation économique et sociale «préoccupante»
Le Soudan est en proie depuis le 19 décembre à un mouvement de contestation inédit en raison notamment, de la hausse du prix du pain avant de passer à la contestation politique ayant abouti à la déchéance du président Hassan Omar el- Béchir.
Depuis le début de ces manifestations, 90 personnes ont été tuées par les forces de l'ordre selon une association de médecins proche de l'ALC, tandis que le bilan des autorités fait état de 65 morts.
Le mouvement ne faiblit pas et continue pendant le mois sacré de Ramadhan à se rassembler et à réclamer une «transition démocratique».
Dans ce contexte, des manifestants ont procédé dimanche à des actions de protestation, bloquant la rue du Nil, considérée comme l'une des principales avenues de la capitale. Ce mouvement, «provoque des désagréments», selon le Conseil militaire, qui l'a jugé de «totalement inacceptable», estimant que «cela crée le chaos et rend la vie difficile» pour les citoyens», et que le Soudan «a besoin d'une stabilité» pour amorcer une relance sur tous les plans. La situation économique et sociale au Soudan, demeure «préoccupante», avec des besoins croissants en nourriture, en médicament et en carburant.
Le pays est confronté à l'endettement, au déficit budgétaire chronique et à l'inflation. Il est aussi privé d'accès aux marchés internationaux, et doit donc recourir aux financements sous forme de dons et de prêts concessionnels.