Sahara-Occidental - Maroc: La population du Sahara occidental axe principal du colloque sur la Sahara occidental à Amiens

Publié par Dk News le 28-05-2019, 15h53 | 66

Les travaux du colloque sur «le Sahara  occidental û Actualités d'une question ancienne», ouverts lundi à Amiens,  ont été axés mardi sur la population du Sahara occidental avec un focus sur  le problème de la nationalité d'un peuple en lutte pour son indépendance.

Les intervenants qui se sont succédé ont mis l'accent notamment sur la  particularité d'un peuple, qui a toujours refusé la colonisation, avec son  organisation sociale et ses mouvements dans les territoires occupés par le  Maroc, dans les territoires libérés, dans les camps de réfugiés ou en exil,  affirmant son attachement à un territoire qui lui reste interdit. L'historien Francesco Correale, (CNRS) a montré, en plongeant l'assistance  dans l'histoire du Sahara occidental, que ce sont les habitants de ce  territoire qui se sont faits appelés «Sahraouis», rappelant que déjà la  lutte contre l'occupant espagnol est une preuve de cette aspiration  distincte à un Etat indépendant.

La notion de «nationalité» sahraouie a constitué un point très débattu  lors de la première séance matinale, autour de laquelle Hélène Raspail,  maître de conférence en droit public, a tenté d'expliquer la difficulté et  l'ambiguïté de ce statut pour une population, dont son Etat, la République  arabe sahraouie démocratique (RASD) n'est pas reconnue notamment par des  pays occidentaux. L'Algérie délivre des laisser-passer aux Sahraouis des camps de réfugiés,  «à titre humanitaire, mais cela ne veut pas dire que les Sahraouis  jouissent de la nationalité algérienne», a-t-elle indiqué, ajoutant que  dans les territoires occupés «les Sahraouis sont considérés Marocains»,  alors que les demandeurs d'asile en Europe «sont considérés comme des  apatrides». Elle a précisé que la France considère le Maroc comme le pays de  réadmission des Sahraouis réfugiés ou en asile, alors que dans l'assistance  on a évoqué le droit international qui stipule que le Maroc et le Sahara  occidental sont «deux territoires distincts».

D'autres ont même cité, à titre de comparaison, le cas du conflit  israélo-palestinien en matière de jurisprudence, soulignant qu'en aucun  Israël est considérée comme un pays de réadmission pour les Palestiniens.

Pour sa part, la maître de conférence en anthropologie de l'Université de  Sussex (Angleterre), Alice Wilson, a indiqué que les changements qui se  sont opérés au sein de la société sahraouie (la sédentarité, la séparation,  l'exil, la diaspora) n'ont pas éloigné les Sahraouis de leur attachement à  leur territoire et au principe de l'autodétermination. Sébastien Boulay, maître de conférence en anthropologie, a abondé dans le  même sens en faisant remarquer que les réseaux sociaux et l'ère numérique  ont réinventé l'attachement des Sahraouis à leur pays.

La représentante de l'ONG Oxfam et ancienne chargée de plaidoyer  humanitaire dans les camps de Tindouf, Virginie Mura, s'est penchée, quant  à elle, à la situation humanitaire des réfugiés qui connaît, selon elle,  des problèmes de financement en raison du statu quo qui dure depuis plus de  40 ans. «L'aide humanitaire n'est pas attractive. C'est une situation délicate»,  a-t-elle souligné, expliquant que «ce qui manque c'est une évolution  politique et le statu quo aggrave la situation».