Lutte contre la corruption: appel à l'élaboration de mécanismes plus efficaces pour le recouvrement des avoirs

Publié par dknews le 12-07-2019, 14h01 | 6

L'impératif de réfléchir à de nouveaux mécanismes "plus efficaces" pour le recouvrement des avoirs de la corruption a été prônée, jeudi à Alger, par les participants à une journée d'étude sur "le recouvrement d'avoirs : réalités et défis", organisée par l'Organe national de prévention et de lutte contre la corruption (ONPLC), à l'occasion de la célébration du troisième anniversaire de la Journée africaine de lutte contre la corruption.

A ce propos, le directeur général de l'Afrique au ministère des Affaires étrangères, Sofiane Mimouni, a indiqué que "même si aucune région dans le monde n'échappe au détournement de fonds issus de la corruption, ce phénomène est beaucoup plus catastrophique pour les pays africains, au vu de son impact négatif sur l'investissement et le développement", soulignant, à cet égard, la nécessité pour le continent de "revoir ses mécanismes de lutte contre ce fléau en vue de leur conférer davantage d'efficacité".

Pour le renforcement de la lutter et de la prévention contre ce fléau, M. Mimouni suggère de réfléchir, au niveau africain, à la "numérisation de trois secteurs principaux à savoir, les banques, les douanes et le commerce extérieur".

Il plaide, en outre, pour "l'activation des mécanismes judiciaires dans le cadre d'une action multilatérale permettant de parvenir à des solutions pratiques pour le recouvrement des avoirs dans le plus rapidement possible", notant que "les systèmes juridiques nationaux omettent souvent ce volet".

Evoquant des restrictions imposées par les partenaires, sous forme de principes à respecter comme les droits individuels et le secret bancaire, M. Mimouni estime que de tels aspects méritent d'être reconsidérés.

De son côté, l'expert Nabil Hattali, l'un des représentants de l'Algérie lors des négociations, entre 2002-2003, relatives à la Convention des Nations Unies contre la corruption, a évoqué les différentes entraves entachant ce document, notamment en son article 51.

"Nous avons rencontré une grande résistance de la part des pays du Nord quant aux mesures liées au droit des pays d'origine à récupérer leurs avoirs", a-t-il précisé ajoutant que l'Algérie a pu néanmoins imposer son approche.

Il a rappelé, dans ce sens, que "l'approche algérienne avait recueilli l'adhésion de plusieurs pays, notamment arabes et africains, alors que 38 autres s'y sont opposés", précisant que "la majorité de ces pays constitue une destination privilégiée pour le détournement de fonds".

Pour sa part, le président de l'Association des autorités anti-corruption d'Afrique (AAACA), Emmanuel Ollita Ondongo, a mis l'accent sur l'importance de la coopération continentale dans le domaine de lutte contre la corruption en vue de développer les mécanismes de prévention de ce fléau.

Soulignant l'existence du cadre juridique dans la plus part des pays africains, il déploré "la faiblesse" de l'application en raison "d'une justice non seulement non indépendante mais confrontée, elle même, à la corruption".

Cette journée d'étude, dont les travaux se poursuivent cet après-midi, coïncide avec la commémoration de la Journée africaine de lutte contre la corruption, célébrée le 11 juillet, en marge de laquelle a été signée une convention de coopération entre l'Instance nationale de lutte contre la corruption et son homologue tunisienne en vue de renforcer les moyens de lutte contre ce fléau au niveau bilatéral.