Rencontre Meriem Achour Bouakkaz chauffe avec «Nar» (feu) la cinémathèque de Bejaia

Publié par DK NEWS le 24-09-2019, 15h58 | 4

«Nar» (feu), le nouveau film documentaire de   Mériem Achour Bouakkaz, a agréablement chauffé, lundi soir, le public de la   cinémathèque de Bejaia, absolument transporté par l’aboutissement et la   qualité de l’£uvre. Pour montrer son contentement, celui-ci lui a accordé   un long standing ovation, exactement comme dans une sortie de théâtre.

«Merci, merci, merci. Sincèrement je ne m’attendais pas à cet accueil»,    réagissait-t-elle ostensiblement émue, avant de se prêter à l’exercice des   questions réponse et du débat, et qui a donné l’occasion de mieux mesurer   les causes de ce succès. Les spectateurs, ont été captivés par la force et   la qualité des témoignages recueillis ainsi que la puissance de leurs   propos, expliquant sans fioriture l’horreur de ces actes (immolations), les   raisons qui en sont à l’origine, et les douleurs familiales engendrées   après coup.

Sans faire les doctes, ni recourir au jeu de la narration, Bouakkaz,   effacé dans le film, a donné libre cours à ses protagonistes, des   survivants et des proches endeuillés pour dire simplement, leur mal, leur   désespoir. Des témoignages poignants, qui donnent froid dans le dos.

Le film s’ouvre sur un cas notoire, celui d’un jeune à Jijel, qui en 2004,   a recouru à ce procédé, et dont la mort dans un lieu public a non seulement   marqué les imaginations mais a donné lieu à des émeutes. Ultérieurement le   phénomène, s’est aggravé notamment avec l’avènement des printemps arabe en   2010. Le documentaire ne donne pas de statistiques mais certains rescapés,   retrouvés dans la région de Constantine, et qui tous ont souligné leurs   difficultés alors à supporter les conditions de vie extrêmes qui les   caractérisaient.

Un chef de famille, père d’une handicapés de surcroit, à ce titre, en a   fait l’horrible expérience, en s’aspergeant d’essence, lui et son enfant,   avant de faire craquer son briquet dans le hall d’une agence bancaire. Il a   été sauvé in-extrémis par les clients qui s’y trouvaient. « Pas de boulot,   pas de logement, avec sur les bras une fille que je ne pouvais prendre en   charge. Je souffrais terriblement», se souvient-il expliquant que   l’obtention ultérieurement d’un logement lui a rendu l’espoir. « je vis   désormais une deuxième naissance», en esquissant son meilleur sourire  Lui s’en est tiré, autant que plusieurs autres. Mais beaucoup de jeunes   aux prises à des facteurs déclenchant analogues continuent de broyer du   noir. Pas de perspectives, proies au chômage et à la pauvreté, ne   desserrant les carcans qui les engoncent qu’en allant dans les cafés ou les   stades et qui ne rêvent qui de la Harga, un autre forme de suicide en   somme.

Un film bavard , déroulé comme un cri de colère, sur les souffrances   indicibles des jeunes et surtout le silence entretenu autour de ce   phénomène qui a force de se banaliser, a-t-elle déploré, prend l’allure de   prosaïque faits divers alors que «le choix de la mort et le procédé utilisé   sont des formes de violences extrêmes», a-t-elle déploré.  Le film a été projeté dans le cadre des 17eme rencontres   cinématographiques de Bejaia.