L’Algérie à la traîne en matière de réutilisation des eaux traitées pour l'irrigation

Publié par Dknews le 25-09-2019, 19h24 | 7

L'Algérie "accuse un retard" dans la réutilisation des eaux traitées pour l'irrigation agricole et ce "en dépit des efforts consentis par l’Etat pour son développement", ont estimé les experts ayant pris part mercredi à Blida à une journée d’études sur le thème.

Différents intervenants, au cours de cette journée technique sur la "réutilisation des eaux traitées pour l'irrigation agricole" organisée à l’initiative de l’Ecole nationale supérieure de l'Hydraulique, se sont accordés sur l’impératif développement des procédés permettant le recours à la réutilisation des eaux traitées pour l'irrigation en vue d’"assurer une économie de l’eau", ceci d’autant plus, a-t-on justifié, que le "secteur agricole consomme plus de 60% de la production d’eau et des eaux souterraines".

"Sur un total de 700 millions de M3 d’eau traités/an, seuls 150 millions de M3 sont exploités dans l’irrigation agricole en dépit des efforts considérables consentis par l’Etat pour développer le secteur, à travers notamment la réalisation de 130 stations d’épuration des eaux, à l’échelle nationale", a indiqué,  à l'ouverture de la rencontre, le directeur de l’Ecole nationale supérieure de l'hydraulique de Blida, Mustapha-Kamel Mihoubi.

L’irrigation avec des eaux traitées touche "seulement 11.000 ha de terres agricoles sur un total de 1,3 million d’hectares de terres irriguées à l’échelle nationale", a-t-il déploré.

Dans sa communication, Fadhila Amour, enseignante à l’Ecole nationale supérieure de l'hydraulique, a axé sur la "qualité des eaux traitées" qui, a-t-elle fait observer, "ne sont pas indiquées à tous types de cultures agricoles".

"Une majorité des stations assurent un traitement secondaire des eaux usées ce qui ne garantit pas la destruction de toutes les bactéries et microbes", a-t-elle relevé, expliquant que ce type d’eau "n’est pas indiqué pour l’irrigation des cultures agricoles destinées à être consommées crues,tels que la tomate, la carotte, la laitue et le concombre".

"Les seules stations assurant un traitement de qualité des eaux usées sont celles d’El Kerma à Oran et d’Ouargla", a-t-elle fait savoir.

Mme. Amour a cité parmi les facteurs ayant retardé le développement de ce secteur en Algérie, comparativement à la Tunisie et au Maroc notamment, "l’absence d’un cadre juridique pour organiser l’opération et ce jusqu’a 2012, année de la promulgation de deux arrêtés interministériels fixant les spécifications des eaux usées épurées utilisées à des fins d'irrigation et la liste des cultures pouvant être irriguées avec ces eaux".

A cela s’ajoute le rejet de ce type d’eau par les agriculteurs pour des motifs sanitaires, selon leurs arguments.

L’opportunité a donné lieu à la présentation de l’expérience d’un nombre de wilayas en matière d’irrigation à partir d’eaux épurées, à l’exemple d’Oran, où près de 493 ha du périmètre irrigué de Melita (6.289 ha) sont arrosés avec des eaux épurées, contre 672 ha du périmètre irrigué de Hennaya (912 ha), selon les informations fournies sur place par le représentant de l’ Office national de l'assainissement, Hammache Abdelkader.

D’autres expériences réussies dans ce domaine ont été aussi présentées par des représentants de l’université "Vytautas-Magnus" de Lituanie, un pays leader en la matière.

De nombreux experts algériens et étrangers du domaine ont pris part à cette journée d’études, qui s'inscrit dans le cadre de la mise en œuvre du programme de coopération européen "Erasmus", en collaboration avec l’université "Vytautas-Magnus" et l'Université estonienne des sciences de la vie.

Le programme a pour objectif principal d’encourager et de promouvoir les échanges d’expertises et de connaissances en matière de recherche scientifique et d’enseignement supérieur entre les deux universités, l'Ecole nationale supérieure agronomique d'El Harrach (Alger), l’Ecole nationale supérieure de biotechnologie de Constantine et l’Ecole nationale supérieure de l'Hydraulique de Blida, a indiqué Mustapha Boukhlifa, enseignant à l'Ecole nationale supérieure de l'hydraulique de la ville des roses.