Irak: l'armée décrète un couvre-feu à Baghdad

Publié par DK NEWS le 28-10-2019, 17h21 | 4

L'armée irakienne a décrété lundi un couvre-feu de minuit à six heures du matin à Baghdad, où des milliers de manifestants occupent depuis jeudi soir la place Tahrir.

Ce couvre-feu est instauré "jusqu'à nouvel ordre", précise l'armée dans un communiqué.

Il intervient alors que des milliers d'étudiants et d'écoliers de Baghdad à Bassorah, en passant par les rues de Diwaniya ou de Nassiriya, ont rejoint lundi le mouvement de contestation en Irak, et affiché leur détermination à poursuivre les manifestations "jusqu'à la chute du régime".

A Baghdad, des policiers anti-émeutes étaient visibles aux abords des universités. La veille l'armée avait menacé de "sévères sanctions" ceux qui "entravent" la poursuite des cours dans les établissements scolaires ou la poursuite des activités dans les administrations.

Le ministre de l'Enseignement supérieur Qoussaï al-Souheil a appelé à "tenir les universités à l'écart" du mouvement.

A Diwaniya, à 200 kilomètres au sud de Baghdad, professeurs et élèves de l'ensemble des universités, publiques et privées, ont décrété un "sit-in de dix jours pour obtenir la chute du régime".

Les syndicats d'autres professions, notamment les avocats ou les ingénieurs, ont rejoint le mouvement, tandis que des piquets de grève bloquaient les entrées des administrations.

A Nassiriya, à 350 kilomètres au sud de Baghdad, des milliers d'étudiants et d'élèves ont défilé. A Kout, à 150 kilomètres au sud de la capitale, les fonctionnaires et les étudiants se sont rassemblés et la majorité des administrations sont restées fermées.

A Bassorah, ville pétrolifère déjà secouée durant l'été 2018 par une semaine de violences meurtrières lors d'un mouvement de contestation sociale, des milliers d'étudiants sont également descendus dans les rues.

Le 1er octobre, un mouvement de contestation inédit a débuté en Irak. Durant sa première semaine, de source officielle, 157 personnes sont mortes, quasiment toutes des manifestants pris sous les tirs des forces de l'ordre et de snipers qui ont semé la terreur sans que l'Etat ne parvienne à déterminer leur identité.

Interrompue 18 jours le temps du plus grand pèlerinage de la communauté chiite d'Irak, la contestation a repris jeudi soir. Dans les dispersions et des attaques contre des QG de partis et de milices, au moins 74 personnes sont mortes, selon la Commission gouvernementale des droits de l'Homme.

Face à la crise qui a paralysé la classe politique, une nouvelle séance est prévue au Parlement à 10H00 GMT.