Livre «L'Algérie contemporaine, cultures et identités», un nouvel essai en ligne de Ahmed Cheniki

Publié par DK NEWS le 07-12-2019, 17h03 | 17

A travers cet essai anthropologique de 226 pages, l'auteur tente de rendre   compte des «influences culturelles plurielles» ayant investi l'imaginaire   social algérien à travers le temps, en laissant des «traces qui ont   détourné l'individu de son être originel».     L'ouvrage est publié par Hal, une plateforme française en ligne destinée   au dépôt et à la diffusion des articles de chercheurs.   S'appuyant sur une bibliographie de plus de 140 ouvrages, l'auteur entame   sa réflexion en questionnant l’histoire de l'Algérie, théâtre d'une   succession d'occupations coloniales, pour aborder ensuite les conditions   ayant permis l’ «adoption des formes de représentation occidentale»,   favorisée par l’ouverture et la fréquentation de l’école française qui   n’était pas accessible à tous, comme le rappellera l'auteur. 
Cette situation a, selon l'essayiste, favorisé la mise en £uvre de   «nouveaux langages»,  méthodes et approches, faisant de l’école le «lieu   central où s’articulent les nouveaux discours» basés, soutient-il, sur la   tendance à appliquer les «concepts européens» aux productions culturelles   autochtones. 
Pour saisir cette réalité sur la culture, les arts et la littérature   durant les premières années de l’indépendance, l'universitaire propose une   plongée dans l’histoire avec la «réalité paradoxale» d'après 1962. Selon   lui, les premières années postindépendance seront marquées par l’émergence   d’un «discours double et ambivalent», hérité de la pensée dominante et qui   devait consacrer dans les faits la politique de déculturation.  
Cette même réalité, observe-t-il, se présente comme un paysage culturel   aux apparences figées, égaré dans les abîmes du «ponctuel» et du   «provisoire». L'absence de normes dans l'expression artistique a favorisé   la dualité entre le «discours de l'élite», souvent nourrit de concepts   importés, et celui des strates de la société profonde «encore ancré dans   les paysages de la culture de l'ordinaire» dans son expression quotidienne   et autochtone, écrit-il. 
L'esprit rural empreignant la représentation culturelle, les différentes   manifestations artistiques et littéraires dénotaient d'un «univers en   déshérence». Une telle situation laissait apparaitre des «conflits latents   masqués par une unité de façade», mais dissimulant mal des «situations   opaques» et un «certain désenchantement» provoqués par une césure et un   fossé profonds entre l'élite et le reste de la société, constate encore   l'auteur.  Analysant la situation sociolinguistique de l’Algérie à travers les   différentes crises qui l'ont secouée -celle de 1980 avec la revendication   de l'identité amazighe et les controverses linguistiques récurrentes,   Cheniki en arrive à la problématique, toujours posée, des «place et   fonction» des langues dans la création artistique (littérature, théâtre et   cinéma). 
Plus avant, l'auteur porte un regard historique sur la mutation   socio-culturelle en Algérie, à travers l’examen de la réalité du livre, de   la critique et de la censure en interrogeant le présent, pour se pencher   ensuite sur la «situation thématique et esthétique du cinéma» à travers sa   production, le parcours de ses hommes, ses tendances ainsi que son   organisation. Il consacre aussi tout un chapitre de son essai au théâtre.  
Dans «L'Algérie contemporaine, cultures et identités», l'auteur projette   sa réflexion dans l'universalité bien comprise, celle qui se nourrit de   l'expérience humaine et favorise l'interaction des cultures du monde, loin   de toute concurrence entre elles.   Chercheur et essayiste, Ahmed Cheniki compte à son actif une quinzaine   d'ouvrages sur le théâtre algérien, arabe et africain, notamment.   Il est également enseignant à l’université de Annaba et professeur invité   dans des universités en Europe et dans les pays arabes.