Sahel: Liens étroits entre trafics et groupes terroristes, selon une ONG

Publié par DK NEWS le 11-12-2019, 15h59 | 5

Une étude d'un centre de recherche sud-africain publiée mardi met en lumière les liens étroits qu'entretiennent les groupes terroristes présents au Sahel avec les nombreux trafics de drogue, médicaments, armes, motos, et carburant qui y sont opérés.
«Les activités illicites sont au coeur des stratégies de survie, d'implantation et d'expansion des groupes extrémistes dans le Liptako-Gourma», indique l'Institut d'études de sécurité (ISS) dans ce rapport publié après deux ans de recherches dans la zone du Liptako-Gourma, large région transfrontalière entre le Mali, le Burkina Faso et le Niger qui est aujourd'hui l'épicentre de la crise sahélienne.
Selon l'ISS, les groupes terroristes font preuve de «pragmatisme» et d'«opportunisme» vis-à-vis de ces trafics qui sont opérés depuis des dizaines d'années au Sahel et au Sahara, des régions immenses où les présences étatique et humaine sont très faibles.
Ils peuvent ainsi se «générer localement des ressources financières (...) afin de se procurer des moyens de subsistance et des moyens opérationnels (armes, munitions, motos, pièces détachées, carburant, moyens de communication)». L'étude, menée auprès de 800 interlocuteurs membres ou non de groupes armés terroristes, dont certains en prison, souligne que le lien entre trafics et terroristes est «généralement indirect, en ce qu'ils ne sont pas propriétaires des produits trafiqués».
Concernant les vols de bétail, l'ISS note que c'est un phénomène courant dans cette région sahélienne et que les groupes terroristes en tirent également un bénéfice. «Tous les groupes armés de la zone sont impliqués dans l'enlèvement du bétail, leur survie en dépend», a ainsi indiqué à l'institut de recherche un ancien membre d'un groupe jihadiste au Niger en 2018.
Selon l'ISS, l'implication dans des activités illicites de ces groupes -ainsi que leur attitude dans des conflits locaux- a «facilité» leur implantation et le recrutement dans certaines communautés de la région.