Yémen : Un an après la percée des pourparlers, l’ONU salue une évolution vers la paix

Publié par DK NEWS le 18-12-2019, 16h25 | 3

Un ans après la percée des  pourparlers pour une résolution de la crise au Yémen, l’ONU salue une  évolution de ces négociations vers la paix malgré les revers. 

 «Lorsque les belligérants au Yémen se sont réunis à l'extérieur de la  capitale suédoise en décembre 2018 pour des pourparlers sous l'égide de  l'ONU, ils ont montré qu'il pouvait y avoir un moyen de sortir d'un conflit  brutal et de la pire crise humanitaire au monde», a déclaré cette semaine  l'Envoyé spécial des Nations Unies pour ce pays, Martin Griffiths.  
 Pour la première fois en deux ans, le gouvernement reconnu  internationalement et les représentants du mouvement «Ansarullah» dits  Houthis se sont retrouvés autour de la table de négociations pour discuter  face à face.  «Nous sommes sortis des pourparlers de Suède très motivés par le fait  que, pour la première fois, les deux parties avaient conclu un accord  volontaire entre elles. Nous en étions donc très heureux «, a déclaré  Martin Griffiths, dans un entretien à ONU Info pour faire le point sur  l'Accord de Stockholm, le résultat historique de ces pourparlers il y'a un  an. L'accord de Stockholm a abouti à un cessez-le-feu dans le port d'Hodeïda,  au bord de la mer Rouge. Ce port, tenu par les Houthis mais contesté, est  vital pour le flux d’aide alimentaire et humanitaire au Yémen. «Des vies ont été sauvées, le programme humanitaire a été protégé, et je  pense que cela a également montré que les parties pouvaient s'entendre sur  une autre façon de sortir d'une crise», a déclaré M. Griffiths lors de cet  entretien réalisé avant des consultations à huis-clos du Conseil de  sécurité sur le Yémen à New York jeudi.  Cependant, il a indiqué que des négociations étaient toujours en cours sur  les redéploiements pour «démilitariser» Hodeïda, où les forces  gouvernementales et les Houthis ont respecté en grande partie tout au long  de l'année le fragile cessez-le-feu. Martin Griffiths a néanmoins fait part de sa «profonde déception» devant  l’absence de progrès concernant l’échange de prisonniers, l’un des éléments  clés de l’Accord.  «Beaucoup de gens, et je suis l'un d'entre eux, pensent  que nous aurions pu faire un bien meilleur travail de mise en £uvre de  l'Accord de Stockholm au cours de ces 12 mois «, a-t-il déclaré.  
Nécessité d'accélerer les efforts pour une solution politique  
Le conflit au Yémen a provoqué la pire crise humanitaire au monde et a  poussé le pays au bord du déclin économique. Selon le Bureau des Nations  Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA), environ 24  millions de personnes, soit 80% de la population, ont besoin d'aide. «Ce sont les raisons pour lesquelles la paix est si désespérément  nécessaire au Yémen», a déclaré M. Griffiths. «S'il y a un argument en  faveur de la nécessité d'accélérer les efforts pour trouver une solution  politique à cette guerre, ce sont ces personnes, ces familles, qui  souffrent quotidiennement des effets des conflits «, a-t-il dit. « Mais  toute solution politique dans n'importe quel conflit est extrêmement  difficile», a-t-il ajouté.  M. Griffiths possède une vaste expérience en matière de diplomatie et a  précédemment été conseiller de trois envoyés spéciaux du Secrétaire général  des Nations Unies pour la Syrie. Passer de la guerre à la paix exige une  volonté politique, qu'il a décrite comme un «changement « dans la façon dont «les parties ennemies voient la victoire  et se perçoivent les uns les autres».  «Ce qui se passe actuellement au Yémen, c'est qu'enfin, nous commençons à  voir ce changement se produire», a-t-il souligné. «Nous commençons à voir  dans le c£ur et l'esprit de ceux qui prennent des décisions concernant la  guerre, le désir de faire la paix et la reconnaissance à un niveau  fondamental qu'il n'y a aucune perspective d'avantage militaire, qu'il n'y  a rien à gagner sur le champ de bataille». 
Le Bureau de l’Envoyé spécial des Nations Unies collabore avec des  organisations de femmes et la société civile au Yémen. Son Groupe  consultatif des femmes s’emploie à faire en sorte qu’elles fassent partie  des futures négociations en vue d’un accord de paix. «Le pouvoir de la transition, et la pertinence de la transition après une  guerre civile, est qu’elle permet à ceux qui ont été marginalisés par la  guerre, qui ne font pas partie de ceux qui prennent des décisions sur la  façon de mener la guerre - les femmes en sont un exemple évident - de  retrouver leur place au c£ur de la vie publique», expliqué M. Griffiths. Malgré les difficultés signalées dans la mise en £uvre de l'accord, il a  déclaré qu'il était «encore un peu tôt» pour dire que cela ne fonctionnait pas. «Plus important  encore, je pense que nous pouvons voir qu'il y a un intérêt à la fois du  gouvernement du Yémen et du Conseil de transition du Sud pour le faire  fonctionner. Peut-être pas sous tous ses aspects, mais suffisamment pour  nous permettre, dans notre processus de l'ONU, de servir de médiateur pour  mettre fin au conflit», a-t-il conclu.