Journées du Théâtre amazigh : «Cfawa» de Bejaïa s’invite sur les planches d’Alger

Publié par DK NEWS le 20-12-2019, 15h34 | 31

«Cfawa»(souvenirs), une pièce de théâtre qui  propose d’opérer un regard attentif sur soi-même pour affronter ses propres  démons, source de maux dans la société, a été présentée jeudi à Alger,  devant un public peu nombreux. 
Accueilli au Théâtre national Mahieddine-Bachtarzi (Tna) dans le cadre des  Premières Journées nationales du Théâtre amazigh d’Alger, le spectacle a  été écrit et mis en scène par Hamza Boukir, dans le registre du théâtre  «expérimental-symbolique», comme il l’explique. 
Durant une heure de temps, «Cfawa» revient sur la nécessité d’une  introspection, en vue d’un éventuel nouveau départ de la société ainsi  épurée. 
Quatre personnages atteints d’amnésie, un artiste, un journaliste, une  docteure en médecine et un biochimiste, en quête de retrouver leurs passés  et leurs identités perdues, sont soumis à un traitement intensif qui  devrait leur permettre de retrouver la mémoire. 
Découvrant que la thérapie qui leur était administrée par la cheffe du  projet et son mari, deux êtres malveillants, ne faisait en fait qu’aggraver  leurs cas, les quatre patients, aidés par une infirmière-stagiaire,  décident alors de déjouer les desseins de cette entreprise de malfaiteurs Occupant tous les espaces de la scène, les comédiens, Liamin Mahtoute,  Yacine Bacha, Hassiba Ait Djebara, Hamza Boukir, Ounissa Medjkoune, Lilya  Izraren et Walid Boukhazzar, ont su porter la densité et l’esthétique du  texte, dans ses dimensions métaphorique et poétique. 
Dans un spectacle plein, animé par des échanges directs et allusifs les  prestataires ont déroulé une trame à plusieurs niveaux d’interprétation,  l’importance de l’histoire et de la mémoire de l’identité culturelle  notamment, à travers une série de monologues aux rythmes soutenus, déclamés  à l’endroit du public avec l’anaphore, «Arou ... « (écris que... ). 
Servie par une scénographie fonctionnelle, £uvre de Said Hamidouche, au  décor minimaliste, fait essentiellement de pneus coloriés et une colonne de  mur ornée de grandes lettres alphabétiques à caractères gras, la sémantique  des différentes situations du spectacle s'est vue renforcée par un  éclairage judicieux, feutré ou vif. 
De même pour la bande son signée Kamel Imoula, les istikhbars interprétés  à la mandole entre les tableaux, ont prêté à l’instrument un statut de  narrateur. 
Quelques extraits de pièces de, Cheikh Mohand Oumhand (poéte), Lounès  Matoub, Medjahed Hamid et Lounis Ait Menguellet, ont été repris sur scène  par les comédiens, des «clins d’£il» souhaités par le metteur en scène à  ces «grandes figures» de la poésie et de la chanson algérienne d’expression  kabyle, a-t-il confié. 
Applaudissant longtemps les artistes à l’issue de leur prestation,  l’assistance peu nombreuse certes mais recueillie, a savouré dans  l’allégresse et la volupté tous les instants du spectacle «Cfawa», présenté  par la troupe «Assirem» et produit par l’association «Thagherma Ighil  Nacer» de Béjaïa. Ouvertes mercredi dernier au Tna, les Premières Journées nationales du  Théâtre amazigh d’Alger, animées par des troupes d’Alger, de Tizi Ouzou et  de Bejaïa se poursuivent jusqu’au 23 décembre, avec au programme de la  soirée de samedi, le spectacle «Axxerdus» du Théâtre Régional de  Bejaïa.