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Les différents acteurs politiques et de la société civile, participants aux différents ateliers dans le cadre du dialogue national inclusif censé aboutir à des réformes institutionnelles et constitutionnelles au Mali, ont proposé des recommandations à soummettre aux participants à ces assises dans différents domaines, notamment ceux liées à la situation économique et sécuritaire du pays.
Dans la matinée du mercredi, l’heure était à la compilation des recommandations au niveau de la Commission paix, sécurité et cohésion sociale et de la Commission, économie et finance, culture jeune et sport. Seule la Commission gouvernance et social a continué les débats sur la thématique «Econome et finances».
Introduits par la présentation de l’expert Amadou Diarra, ces débats ont touché toutes les sphères de l’activité économique. De la situation des commerçants détaillants à la lutte contre la corruption, en passant par l’impact de la crise sur les finances publiques, l’amélioration du climat des affaires, aucun aspect n’a été occulté, selon la presse malienne.
Le délégué des commerçants détaillants, Bakary Konaté, est revenu sur l’opération de libération des voies publiques. Il a fortement interpellé l’Etat sur le sort des commerçants qui souffrent toujours du manque d’espaces et d’équipements marchants à Bamako. Aussi, dit-il, l’Etat doit respecter ses engagements, en «payant les 5 milliards de Fcfa qu’il avait promis aux commerçants déguerpis». Alassane Dramé, de la Chambre de commerce et d’industrie du Mali, a aussi souligné l’impérieuse nécessité de renforcer les infrastructures de commerce, avant de recommander la prise des mesures idoines pour le paiement de la dette intérieure.
Pour Boubacar Diallo de l’ADP-Maliba, «le décollage économique de notre pays passerait par le développement des secteurs primaires et secondaires». Par conséquent, il a fait plusieurs recommandations visant notamment à améliorer le climat des affaires. Namakan Keïta, qui représente les enseignants des collectivités, a plaidé dans le même sens en proposant que les programmes scolaires soient orientés vers l’agriculture, la pêche et l’élevage. Dans le cadre de l’assainissement des finances publiques, il a demandé l’audit des subventions accordées aux particuliers par l’Etat. «Tous les services d’assiette de l’Etat doivent être également audités», a renchéri Mamadou Fofana, pour qui «notre pays devrait aussi supprimer le poste de Premier ministre». Aly Diallo s’est montré plutôt préoccupé par «la dépendance de notre pays à l’aide extérieure», recommandant que «le budget d’Etat soit dorénavant équilibré en fonction de nos ressources propres».
Les ressources naturelles maliennes «exploitées dans l’anarchie»
Les questions environnementales et énergétiques sont parties intégrantes de cette thématique. Pour plus d’un Malien, souligne la même source, les ressources naturelles du pays paraissent exploitées dans l’anarchie à tel point que l’environnement s’est fortement dégradé. Et sur le plan énergétique, on estime que les potentialités sont sous-exploitées.
«Pour permettre à notre pays de produire de l’énergie à faible coût», l’ancien ministre Frankaly Keïta a souhaité «l’orientation des financements concessionnels vers les énergies renouvelables». Aussi, ajoute l'ancien ministre, l’Etat devrait songer à l’étude et l’aménagement de tous les sites hydroélectriques.
La Commission a planché sur la thématique Culture, jeunesse et sport. Sur ce sujet, une note technique met en exergue l’impact des nouvelles technologies de l’information et de la communication sur le paysage culturel. Elle souligne également que le Mali comptera 25 millions d’habitants à l’horizon 2025, dont une très large majorité de jeunes. Ce qui constitue, selon la Commission, un défi majeur en termes de construction d’infrastructures et de provision de moyens matériels et financiers dans les secteurs de l’éducation, la formation, la santé et l’employabilité. Lors des débats, des intervenants ont insisté sur «la protection de notre patrimoine, le financement des industries cinématographique et la valorisation des savoir-faire de nos artisans». Autres recommandations portent sur l’augmentation de la part de la Culture dans le budget d’Etat, le renforcement des instituts culturels locaux et la restauration des semaines culturelles et sportives.
Tous les sujets seront sur la table
Ce dialogue inclusif ouvre, selon le président malien, Ibrahim Boubacar Keïta (IBK), la voie à l’éventualité d’un «audit de notre histoire immédiate, de nos institutions, de notre société, de notre capacité et de notre volonté à vivre ensemble».
«Sans tabou, tous les sujets seront sur la table, notamment tous les acquis des assises précédentes, les Etats généraux de la Décentralisation, dont les recommandations dessinent le Mali de demain où la dévolution du pouvoir aux populations à la base devient une réalité tangible», a-t-il promis. Dans ce contexte, le dialogue national qui s'est ouvert à travers toutes les communes du Mali aspire, selon les organisateurs, à échanger sur les questions de préoccupation des Maliens, aborder les réformes institutionnelles et évaluer la mise en £uvre l’accord pour la paix et la réconciliation de 2015, issu du processus d'Alger. Outre le Mali, des partenaires étrangers comme la Banque mondiale financent ce projet de réduction de la violence dans le centre du pays.
Les membres du Conseil de sécurité des Nations Unies, avaient pour leur part, exprimé «leur profonde préoccupation devant la situation sécuritaire et humanitaire au Sahel» et souligné l’importance d’une mise en £uvre intégrale, effective et inclusive de l’Accord de paix et de réconciliation au Mali, issu du processus d'Alger. Le président Ibrahim Boubacar Keïta a lancé le Dialogue national inclusif (DNI) devant 3000 personnes dans la capitale Bamako. Le dialogue national inclusif se poursuivra jusqu'au 22 décembre.