Journées du Théâtre amazigh à Alger : «Axerdus», ou les travers de l’individu face à l’adversité sociale

Publié par DK NEWS le 22-12-2019, 18h50 | 25

Le public très peu nombreux du Théâtre national Mahieddine-Bachtarzi (Tna)  a pu suivre durant près de 70 mn, la trame à rebondissements du spectacle,  «Axerdus», produit par le Théâtre régional Malek-Bouguermouh de Bejaïa et  mis en scène par Yasser Nacereddine sur un texte de Youcef Taouint, traduit  en Tamazight par Abdelaziz Hammachi.  Quatre artistes, Saou, Sousou, Moh et Nassim, habitués à se retrouver dans  une cave désaffectée qui leur sert de lieu de répétitions, vont se  retrouver un jour coincés à l’intérieur, dans l’impossibilité de sortir au  risque de subir les calamités naturelles qui se sont successivement  abattues sur les lieux. Des bruitages extérieurs de tempête violente, d’éboulement, de glissement  de terrain, d’inondation, d’enneigement et même d’aboiements continus d’un  chien errant, terrifient les artistes qui vont passer d’une situation à une  autre, chacun, dominé par un ego démesuré, ne cherchant qu’à sauver sa peau  en premier. 
Livrées dans des formes métaphoriques, des situations rocambolesques,  suggérant une lecture au second degré pour saisir la condition de l’artiste  et ses déboires dans une société où il peine à se faire reconnaître, se  sont ainsi succédé, brillamment menées par des comédiens au jeu juste et au  propos précis. 
Occupant tous les espaces de la scène sous un éclairage en phase avec les  différentes situations, les comédiens ont évolué dans une scénographie  fonctionnelle, £uvre de Djamel Amrani, faite de cloisons vétustes, un vieux  paravent et quelques caissons en bois gâtés par le temps. Soutenu par une bande son signée, Abdelaziz Yousfi, en adéquation avec les  différentes scènes du spectacle, Saad Saïdi, Djohra Deraghela, Mohamed  Lefkir et Nassim Mohdeb, ont su porter le texte, déroulé dans des échanges  intenses, au rythme ascendant, adressés par moment au public dans un élan  de dérision, lorsqu’il s’est agi de lui demander de l’aide. En présence du dramaturge et metteur en scène Omar Fetmouche et son  successeur à la tête du Théâtre régional Malek-Bouguermouh de Béjaïa, le  jeune Sofiane Boukemouche, qui a tenu à accompagner sa troupe à Alger, les  spectateurs, peu nombreux certes, mais hautement attentifs, ont longtemps  applaudi les comédiens, savourant tous les instants du spectacle «Axerdus»,  dans l’allégresse et la volupté. Ouvertes mercredi dernier au Tna, les Premières Journées nationales du  Théâtre amazigh d’Alger, animées par des troupes d’Alger, de Tizi Ouzou et  de Bejaïa se poursuivent jusqu’au 23 décembre, avec au programme de la  soirée de dimanche, le spectacle «Sin-nni» (ces deux là) de la Coopérative  théâtrale «Machahou» de Tizi Ouzou.