Journées du Théâtre amazigh d’Alger : «Sin-nni», un quiproquo entre deux visions existentielles

Publié par DK NEWS le 23-12-2019, 17h57 | 6

Accueilli au Théâtre national Mahieddine-Bachtarzi (Tna), le spectacle,  programmé dans le cadre des Premières Journées nationales du Théâtre  amazigh d’Alger, a été mis en scène par Sadek Yousfi sur une adaptation du  regretté Abdellah Mohia (Muhend U yahia) (1950-2004),  tirée du texte, «Les  Emigrés» du Polonais Slawomir Mrozek (1930-2013). Contraints à cohabiter dans une vieille cave d’un immeuble à Paris pour se  partager le loyer, les deux antagonistes, que tout oppose, vont nourrir, 65  mn durant, un quiproquo inextricable, brillamment rendus par Yalah Mohand  Ouidir dans le rôle de l’»intellectuel», et Ouzïen Rahmouni, dans celui de  l’»Ouvrier». 
Ainsi, et pendant que l’un essaye de développer sa vision sur la place de  l’intellectuel dans l’évolution de la société, l’autre, sans gêne aucune,  va se souvenir des différentes catégories de mouches envahissant le  quotidien des gens dans son village, ne pensant ensuite, qu’à se remplir  les poches pour revenir chez lui et construire son hypothétique usine. 
L’intellectuel, s’avérant être un écrivain qui voulait écrire un livre sur  la vie des ouvriers émigrés, d’où sa situation de colocataire, bénéficiait  également du statut de refugié politique, ce que son camarade ne savait  nullement et ne pu accepter, car se sentant trahi. 
S’adonnant à la boisson pour fêter la nouvelle année, les esprits,  reposant sur un profond mal être, s’échauffent vite et les deux hommes,  n’arrivant plus à s’entendre, vont continuer à entretenir un dialogue de  sourds, pour sombrer ensuite dans la fatalité. Dans une scénographie fonctionnelle, £uvre du metteur en scène, les  comédiens, ont bien porté le texte, occupant tous les espaces de la scène  et utilisant tous les accessoires, dans un rythme ascendant aux échanges  vifs. Des airs musicaux du patrimoine, ceux de Slimane Azem et des troupes  folkloriques kabyles notamment, ont ramené la trame dans des atmosphères  autochtones, profitant des aptitudes des deux comédiens à chanter juste. 
A d’autres moments, des enregistrements de musiques dans les genres, Passo  dobble (espagnol), Funk ou encore Raï ont bien servi différentes situations  du spectacle. 
Applaudissant longtemps les artistes à l’issue de leur prestation,  l’assistance peu nombreuse certes mais recueillie, a savouré dans  l’allégresse et la volupté tous les instants du spectacle «Sin-nni»,  présenté par la Coopérative «Macahu» et l’association «Imghi» de la maison  de Jeunes d’Iferhounen de Tizi Ouzou.  Ouvertes le 18 décembre dernier au Tna, les Premières Journées nationales   du Théâtre amazigh d’Alger, animées par des troupes d’Alger, de Tizi Ouzou   et de Bejaïa prennent fin aujourd’hui, avec le spectacle «Adoulane   Adoulane» du Tna.