Nucléaire iranien: La France sourde à l'appel de Trump de quitter l'accord

Publié par DK NEWS le 10-01-2020, 16h07 | 5

«La France reste engagée dans le cadre de l'accord de Vienne sur le  nucléaire iranien», a relevé la porte-parole du ministère français des  Affaires étrangères, Agnès von der Mühll. «Elle continue à oeuvrer avec les autres parties à son plein respect»,  a-t-elle ajouté, en référence à la Grande-Bretagne, l'Allemagne, la Chine  et la Russie, autres signataires, avec l'Iran, de l'accord dont les  Etats-Unis sont sortis avec fracas en 2018. Donald Trump a joué la carte de l'apaisement mercredi avec l'Iran après  l'escalade militaire de ces derniers jours entre les deux pays, mais a  appelé les Européens à quitter l'accord signé à Vienne en 2015, que les  Iraniens ont aussi commencé à détricoter. 
L'Iran a annoncé dimanche ce qu'il a présenté comme la «cinquième et  dernière phase» de son plan de réduction de ses engagements en matière  nucléaire, affirmant qu'il ne se sentait désormais plus tenu par aucune  limite «sur le nombre de ses centrifugeuses». 
Les Européens signataires doivent décider dans les jours qui viennent  s'ils déclenchent le mécanisme de règlement des différends, prévu dans  l'accord, qui pourrait mener à terme au rétablissement de sanctions de  l'ONU contre l'Iran. Une réunion extraordinaire des ministres des Affaires étrangères de  l'Union européenne est notamment prévue vendredi après-midi à Bruxelles  pour discuter de la crise iranienne. «Nous estimons que l'accord tient toujours», a déclaré lundi le ministre  français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian. Mais «le fait que tous  les deux mois les autorités iraniennes violent une partie de l'accord lui  font perdre beaucoup de substance», a-t-il souligné. Le président du Conseil européen Charles Michel a aussi défendu jeudi  l'accord sur le nucléaire iranien et mis en garde le président iranien  Hassan Rohani contre toute «action irréversible». 

La Chambre vote une résolution pour brider l'action militaire de Trump  contre l'Iran  
La Chambre des représentants, contrôlée  par les démocrates, a adopté jeudi une résolution pour limiter le pouvoir  de Donald Trump de lancer des opérations militaires contre l'Iran, un texte  largement symbolique mais embarrassant pour le président américain en  pleine crise avec Téhéran. 
Exhortant Donald Trump à «mettre fin» à toute action militaire contre  l'Iran faute d'accord du Congrès, la résolution a été adoptée par 224 voix  pour, et 194 contre. Il semble plus difficile qu'un tel texte soit voté à son tour au Sénat,  contrôlé par des républicains soutenant largement Donald Trump. Mais, fait marquant, trois républicains ont toutefois soutenu la  résolution à la Chambre, malgré les appels de Donald Trump à faire bloc  contre. 
Prenant soin de souligner que la résolution «ne critique pas le  président», Matt Gaetz, d'ordinaire grand défenseur de Donald Trump, a  expliqué son vote en se disant contre une «nouvelle guerre éternelle au  Moyen-Orient». 
La présidente démocrate de la Chambre, Nancy Pelosi, a affirmé qu'avec ce  vote, le Congrès respectait «son devoir de protéger les Américains». Si aucune «mesure parlementaire n'est prise» pour autoriser des  opérations, le gouvernement de Donald Trump «doit cesser les hostilités  militaires face à l'Iran», a-t-elle déclaré dans l'hémicycle. «Je n'ai pas l'obligation» de solliciter le Congrès avant d'ordonner  d'éventuelles nouvelles frappes, s'était plus tôt indigné le milliardaire  depuis la Maison Blanche. 
«Et je ne devrais pas avoir à le faire», avait-il ajouté, «car on doit  parfois prendre des décisions en une fraction de seconde». Les démocrates ne décolèrent pas depuis la frappe américaine qui a tué un  puissant général iranien, Qassem Soleimani, la semaine dernière, suivie de  frappes de missiles iraniens mercredi sur des bases utilisées par l'armée  américaine en Irak. Nancy Pelosi accuse Donald Trump d'avoir, pour éliminer Soleimani, mené  une opération «disproportionnée et provocatrice» sans «consulter le  Congrès», seul habilité à déclarer la guerre selon la Constitution. Les regards se tournent désormais vers le Sénat, contrôlé par les  républicains (53-47), où une résolution similaire pourrait être soumise au  vote dès la semaine prochaine. Si deux républicains ont déjà déclaré qu'ils la soutiendraient, il semble  toutefois encore difficile que le texte soit adopté par la chambre haute,  où le soutien au milliardaire reste solide. Et même si la résolution franchissait les deux étapes du Congrès, elle  n'aurait pas valeur de loi.