Conférence internationale de Berlin sur la Libye: Allocution du Président de la République

Publié par DK NEWS le 20-01-2020, 18h48 | 12

«Son excellence Madame Angela Merkel, Chancelière de la République  Fédérale d'Allemagne,   Messieurs les Chefs d'Etats et de Gouvernements,   Avant d'entamer mon allocution, permettez-moi de rendre hommage aux  victimes du tragique accident de la route survenu ce jour dans mon pays qui  a fait 12 morts et plus de 40 blessés. 
En priant Dieu, Tout-Puissant, d'accorder sa Sainte miséricorde aux  disparus, j'adresse mes sincères condoléances aux familles et souhaite un  prompt rétablissement aux blessés. Je tiens, tout d’abord, à exprimer mes vives remerciements à Madame Angela  Merkel pour l'invitation à participer à cette Conférence et pour l’accueil  et l'attention qui m'ont été réservés ainsi qu'à la délégation qui  m’accompagne. Je la félicite, également, pour ses efforts soutenus en vue  de l’organisation et l'aboutissement de ce rendez-vous exceptionnel, en  dépit de toutes les difficultés. Le hasard a voulu que l’Allemagne soit le  premier pays étranger à visiter depuis mon élection président de la  République.  
Cette Conférence intervient dans un contexte marqué par une grave et  inédite escalade de la crise libyenne, laquelle se manifeste par une  recrudescence d'actes de violence et d'hostilité et un acharnement dans la  destruction des infrastructures du pays. Un tournant dangereux mettant en  péril l’unité du peuple, la souveraineté et l’avenir de ce pays frère et  voisin. Aussi, nous nous félicitons du cessez-le-feu de principe, que nous  souhaitons voir durer. Nos pensées vont vers nos frères en Libye qui fondent sur notre rencontre  de grands espoirs pour une solution à leur crise à même d'alléger les  problèmes qui les affectent et les enjeux auxquels ils font face.  
Malheureusement, la situation dans ce pays frère se trouve exacerbée du  fait des ingérences négatives, attisant le feu de la Fitna et les  rancoeurs. L'Algérie qui entretient avec la Libye des relations historiques et des  liens de bon voisinage veille à demeurer équidistante à l'égard de  l'ensemble des protagonistes, et partant, elle n'a ménagé aucun effort pour  le rapprochement des vues et l'établissement de passerelles de  communication avec tous les acteurs. De même qu'elle n'a eu de cesse  d'appeler à faire prévaloir la sagesse et à favoriser le processus  pacifique pour le règlement de la crise. Seule et unique option à même de  garantir l'unité du peuple libyen et le respect de sa souveraineté, loin de  toute ingérence étrangère.  Mesdames, Messieurs,  
Depuis le début e la crise en Libye, mon pays n'a eu de cesse d'exhorter  les parties libyennes à adhérer au processus de dialogue, parrainé par les  Nations Unies et accompagné par l'Union africaine (UA), en vue de former un  gouvernement d'entente nationale apte à gérer la transition et la  réédification des institutions de l'Etat libyen pour relever les défis qui  se posent au peuple libyen dont la lutte anti terroriste. 
A cet effet, elle a participé activement, à divers niveaux, à tous les  efforts en faveur d'une solution politique à la crise libyenne, notamment à  travers son initiative, en mai 2014, pour la création du Mécanisme des pays  voisins de la Libye, qui a tenu sa première réunion à Alger, outre que les  différentes cycles de dialogue qu'elle a abritées, depuis mars 2015, entre  les dirigeants des partis politiques libyens dans le cadre des processus de  dialogue, supervisés par l'ONU.  
L'Algérie est également partie de l'initiative tripartite sur la Libye  avec L'Egypte et la Tunisie , issue de la Déclaration de Tunis, en mars  2017, et dont elle abrite périodiquement les réunions. Au delà des offices menées loin des projecteurs afin de garantir la  réussite de sa démarche, l'Algérie a £uvré intensément pour la  stabilisation du cessez-le-feu, partant de son sens de solidarité à l'égard  du peuple libyen frère. Ses efforts n'ont jamais cessé pour la  réunification des Libyens et le rapprochement des vues en encourageant au  dialogue inclusif pour aboutir à une solution consensuel. Des offices en  direction de toutes les parties, à l'exception de certains éléments ou  groupes terroristes inscrits sur la liste de l'ONU. Mesdames, Messieurs,  
L'Algérie appelle de nouveau la communauté internationale, notamment le  Conseil de sécurité, à assumer sa responsabilité en matière de respect de  la paix et de la sécurité de la Libye et réaffirmé son opposition à toute  atteinte à son intégrité nationale et à la souveraineté de ses  institutions. La politique du fait accompli en Libye est catégoriquement  rejetée. Les afflux d'armement au profit des parties en conflit ont exacerbé la  situation en Libye, sans parler de l'implication de combattants étrangers  et la présence de groupes terroristes extrémistes, dont les activités ont  accru avec l'escalade militaire, menaçant ainsi la paix locale, régionale  et internationale. Des activités qui englobent la traite des êtres humains,  le crime organisé et le trafic de migrant à partir de la Libye vers l'autre  rive de la Méditerranée, autant de facteurs menaçant la stabilité de la  Libye et de toute la région. Nul n'ignore, en outre, que les luttes d'influence régionales et  internationales et la multiplicité d'agendas contradictoires jouent en  faveur du statut quo, ce qui est de nature à mettre en échec les efforts  onusiens et régionaux pour parvenir à une solution politique. Cependant, je suis confiant en la capacité du peuple libyen à surmonter  seul cette épreuve si l'occasion lui est donné, sous une supervision  onusienne neutre, de s'engager dans un processus de dialogue et de  réconciliation nationale en vue de parvenir à un règlement politique  global, basé sur la garantie de la sécurité et de la stabilité de la Libye  et l'édification d'un Etat démocratique fort, apte à rétablir son autorité  sur l'ensemble du territoire libyen sans ingérence étrangère dans ses  affaires internes.  Mesdames, Messieurs Aujourd'hui, nous sommes appelés à arrêter une feuille de route aux  contours clairs, qui soit contraignante pour les parties, visant à  stabiliser la trêve, à stopper l'approvisionnement des parties en armes  afin d'éloigner le spectre de la guerre de toute la région, mais aussi à  encourager les parties libyennes à s'asseoir autour de la table pour  résoudre la crise par le dialogue et les voies pacifiques et éviter ainsi  des dérapages aux conséquences désastreuses et l'Algérie est prête à  abriter ce dialogue escompté entre les frères libyens. Enfin, je rappelle que la région a besoin d'une stabilité fondée sur la  sécurité commune et nous sommes, en Algérie, attachés au maintien de la  région loin des ingérences étrangères. La sécurité de la Libye est le  prolongement de notre propre sécurité et le meilleur moyen de préserver   notre sécurité régionale reste la coopération et l'entraide avec nos  voisins pour faire face au terrorisme et à l'extrémisme. Je vous remercie pour votre écoute».