Plan d'action du Gouvernement Les réformes économiques tributaire des ressources financières selon des experts

Publié par DK NEWS le 15-02-2020, 18h34 | 16

L'expert financier et ancien ministre des Finances, Abderrahmane Benkhalfa a fait savoir que ce plan d'action, qui s'appuie sur le programme du président de la République, "couvre les grandes questions nationales, notamment institutionnelles, juridiques et économiques, en insistant sur les questions à caractère social", ajoutant que le plan en question "n'a pas cité les mécanismes devant réaliser ces objectifs notamment à la lumière de la conjoncture financière difficile que traverse le pays".
En vue de réaliser les réformes prévues, M. Benkhalfa a suggéré d'£uvrer au drainage et à la bancarisation des capitaux circulant hors du circuit bancaire, à travers le lancement du mécanisme du "2é emprunt obligataire" et le renforcement de la finance islamique, outre l'introduction d'autres mécanismes innovants.
Il a proposé, dans ce sens, l'organisation d'une conférence nationale sur les réformes économiques et financières avant le mois de Ramadhan prochain, devant réunir des experts, des universitaires, des députés et des représentants de la société civile afin d'engager une réflexion sur les moyens de concrétiser le décollage économique.
Concernant la suppression de l'impôt sur le revenu global (IRG) pour les revenus mensuels inférieurs à 30.000 dinars, M. Benkhalfa a soutenu que cette mesure exige "une évaluation de son incidence financière", estimant que cette dernière ne "sera pas grande".
Quant au recours du Gouvernement à la loi de Finances complémentaire 2020, l'expert financier a estimé que cette loi ne devrait pas être un outil pour augmenter les dépenses mais plutôt pour mobiliser de nouvelles ressources financières.
s'agissant des réformes du secteur industriel, M. Benkhalfa a mis l'accent sur l'impératif de préserver les acquis notamment dans les industries de montage, même si celles-ci sont à faible plus-value, tout en £uvrant à les introduire au sein de la nouvelle vision économique.
Concernant la transition énergétique, l'ancien ministre a fait savoir qu'il était impossible de continuer à consommer de l'énergie de la manière actuelle, d'où l'impératif de revoir les subventions dans le domaine de l'énergie en vue de mettre un terme au gaspillage et lancer le programme des énergies renouvelables, en recourant au partenariat avec les investisseurs étrangers détenteurs de technologies et d'expertises en la matière.
De son côté, le professeur en économie à l'université de Ouargla, Slimane Nacer a estimé que "le Gouvernement n'a pas présenté de solutions au problème du déficit de la balance commerciale, ni de mécanismes opérationnels clairs". La prise en charge de ce déficit passe "par l'encouragement de la production locale dans le cadre d'une stratégie économique générale et globale à même d'augmenter progressivement le volume des exportations hors hydrocarbures et réduire ainsi ce déficit" et ce en parallèle avec "la lutte contre la surfacturation", a-t-il estimé. Pour le Pr. Nacer, la diversification de l'économie nationale n'est possible qu'avec "une vision et une stratégie globale à moyen et à long termes, englobant tous les secteurs économiques et s'étendant jusqu'en 2030 ou 2040 (...) à condition de d'engager son application dès maintenant sans tenir compte des cours de pétrole, s'ils sont en hausse ou en baisse".
"Le Gouvernement n'a pas mentionné dans son Plan d'action l'un des points les plus importants, à savoir: les sources de financement de ce programme", a-t-il dit, ajoutant qu'"en plein déficit du budget et du Trésor, accompagné de l'effondrement des cours de pétrole (...), la question qui se pose actuellement est comment assurer des fonds pour mettre en £uvre ce programme?", s'est-il interrogé.
Il a fait part de deux grands projets en termes de consommation des dépenses, à savoir: la titularisation de près de 601.000 employés exerçant dans le cadre des contrats pré-emploi en 2020, et la création de 10 nouvelles wilayas et 44 circonscriptions administratives.
Quant au recours du gouvernement à une Loi de finances complémentaire (LFC) pour l'annulation de dispositions fiscales injustes, M. Nacer a dit que "ces mesures s'imposent pour rectifier les erreurs graves commises par l'ancien gouvernement en decidant l'application d'impôts et de taxes sans une étude prealable". Il a proposé, dans le cadre du projet de la LFC, la suppression de la taxe sur l'environnement imposée aux véhicules, dont le recouvrement est confié aux compagnies d'assurance, car elle constitue "un lourd fardeau pour le citoyen", ajoutant qu'il est préférable de l'imposer exclusivement aux sociétés et entreprises polluantes".
La suppression de l'IRG pour les salaires ne dépassant pas 30.000 DA s'inscrit dans le cadre de la préservation du caractère social de l'économie nationale, a-t-il dit, soulignant que cette mesure fera perdre au Trésor public un recouvrement fiscal estimé entre 300 et 400 milliards de DA, "un montant difficile à récupérer, d'autant que le pays souffre d'un manque de ressources financières".
Concernant l'amélioration du pouvoir d'achat du citoyen, le professeur en économie a indiqué que cela ne peut être concrétisé qu'à travers l'augmentation des salaires. S'interrogeant sur la manière d'augmenter les salaires au moment où le budget de l'Etat pour l'exercice 2020 souffre d'un déficit de plus de 1500 milliards de DA, le même intervenant a proposé deux solutions, la première consiste en le retour au financement non conventionnel "avec tous les risques encourus", tandis que la deuxième réside dans le recours à l'endettement extérieur qui demeure un choix "difficile à faire".
S'agissant de la transition énergétique, le Dr. Nacer a proposé la relance du grand projet "Desertec" à condition de l'introduire au sein d'une stratégie énergétique globale.
Pour rappel, le Premier ministre, Abdelaziz Djerad, avait affirmé, jeudi dernier lors d'une séance consacrée à la réponse aux questions des députés concernant le plan d'action de son Gouvernement, que ce dernier était en mesure de mobiliser les ressources financières en vue du financement dudit plan à travers une approche globale englobant les réformes des systèmes fiscal et bancaire, le drainage des capitaux en circulation dans le marché parallèle et la consolidation de la finance islamique, outre la possibilité de recourir aux institutions arabes et africaines de développement afin d'obtenir des financements extérieurs à des conditions très favorables.