Dialogue inter-malien :L’Algérie au chevet de son voisinage

Publié par Saïd Abjaoui le 10-06-2014, 18h03 | 17

Trois mouvements du nord du Mali représentant l’Azawad viennent  de signer la «déclaration d’Alger». L’Algérie, sollicitée par toutes les «parties» a accepté de leur offrir sa médiation. On sait que pour l’Algérie trois critères doivent être immuables. L’intégrité du territoire malien, l’unité nationale malienne, la souveraineté malienne.  

L’Algérie est convaincue que la paix à l’intérieur de chaque région dépend de celle des pays la composant d’autant qu’il est devenu une conviction mondiale partagée selon laquelle la sécurité est indivisible. En tout cas, l’Algérie n’est pas étrangère à cette prise de conscience du fait même qu’elle est le pays qui a largement contribué à l’enracinement de l’idée selon laquelle le terrorisme est transfrontière comme le sont également les insécurités et les instabilités. 

L’Algérie bien sûr, en accord avec ce qu’elle défend, donne un contenu concret à ses propres convictions maintenant partagées pour élargir le champ des partenaires qui la rejoignent pour coopérer à l’éradication des causes génératrices du terrorisme. Il s’agit autant de neutraliser les acteurs de la violence que d’en faire autant avec ceux qui diffusent certaines idées destinées à élargir la base de leur recrutement.

Il est connu que l’Algérie est convaincue que le dialogue entre belligérants peut aboutir à la paix, une paix durable, une paix même définitive si les interlocuteurs sont disponibles pour s’entendre et pour se réconcilier. La réconciliation mène fatalement vers le choix des urnes pour en consensualiser les règles qui définissent la méthode d’accès au pouvoir, aux fonctions électives. 

Par contre, l’option pour la violence intègre fatalement des puissances étrangères et tout le monde sait bien ce que cela signifie pour leur avenir, pour l’avenir de leurs enfants, c'est-à-dire ce que serait la destinée de leur pays.Y  a-t-il des franges de populations qui accepteraient de constituer des cibles dites collatérales, c'est-à-dire qui en appelleraient elles-mêmes à des ingérences militaires étrangères, sur leur propre territoire et qui permettraient à celles-ci de gérer la destinée de leur propre pays ?    

L’Algérie, il faut bien le dire, a mal à son voisinage immédiat.  Elle a mal en ce qui se passe dans le nord du Mali. Pas seulement au Mali. Cela fait longtemps qu’il y des problèmes dans le nord du Mali. Des ethnies dans le nord du Mali sont en confrontation perpétuelle. Elles le sont entre elles et elles le sont avec les autorités centrales du Mali.

Dans cette pleine instabilité, le terrorisme s’est frayé un chemin. Celui-ci prospère largement depuis l’effondrement de la Libye et la dissémination des armes en quantité et en qualité pour armer le terrorisme qui profite des vastes étendues dans la région sahélo-saharienne et sur le territoire de la Libye elle-même. L’Algérie a toujours été sollicitée pour jouer la médiation entre les mouvements au nord du Mali et entre le Nord et les autorités centrales. C’est ce qu’elle vient de faire en recevant à Alger trois mouvements politiques armés qui représentent l’Azawad, soit le MNLA, le HCUA, et le MAA. Ces mouvements ont «signé la déclaration d’Alger». Ils ont décidé ainsi d’œuvrer à la «consolidation» de la dynamique d’apaisement.

L’Algérie sait que la sécurité intérieure de chaque pays dépend de variables de l’équation de la situation de stabilité et de sécurité de la région. Elle pense également à la Syrie et cela fait mal au cœur de savoir qu’un pays jusque-là très stable soit en ébullition. Une ébullition dangereuse qui peut amener son implosion.