Patrimoine La protection et la classification des ksour de Naâma...une priorité pour leur pérennité

Publié par DK NEWS le 29-02-2020, 17h00 | 21


Les ksour sont situés dans les communes de Sfisifa, Tiout, Asla et  Moghrar. Leur inscription au patrimoine matériel et immatériel national  demeure l'un des objectifs que s'attèlent les responsables impliqués dans  le patrimoine culturel de la région à atteindre.
Pour les responsables du secteur de la culture, l'enjeu reste la  classification de ces sites pour prendre en charge les volets  administratifs et juridiques afin d'assurer la gestion des ksour et leur  pérennité dans leurs dimensions civilisationnelle et urbanistique. Ces dernières années, les vieux ksour de Nâama ont fait l'objet d'études  spécialisées pour définir leur nature et élaborer des plans de gestion de  ce patrimoine matériel, selon la direction locale de la Culture. Dans ce  cadre, un inventaire a été effectué sur ces sites à fortes valeurs  historique, arch itecturale et culturelle. Ce travail a été pris en charge  par les spécialistes de l'Office national de gestion et exploitation des  biens culturels.
En plus de leur importance matérielle, les ksour occupent une bonne place  dans la vie quotidienne des habitants, puisque ces lieux sont synonymes  d'oasis, de jardins, de palmiers et de systèmes traditionnels d'irrigation  et de partage de l'eau. Autant de vocations qui nécessitent la préservation  des ksour.
Durant une décennie, entre 2004 et 2014, des actions consécutives de  réhabilitation ont été menées par les plusieurs directions locales, dont  celles de la Culture, et de l'Urbanisme et de la Construction (DUC), et du  budget de la wilaya pour la préservation des ksour, a rappelé le chef du  bureau chargé de la protection du patrimoine à la direction locale de la  Culture, Larbi Mansour.
Parmi ces sites, le ksar de Tiout, édifié au 15ème siècle, a fait l'objet,  en trois phases, de travaux de réfection et de valorisation de  l'architecture de ses parties et des maisons qu'il englobe. Les travaux ont  nécessité une enveloppe de 90 millions DA, a-t-on indiqué.
Les parties touchées par les travaux sont sa vieille mosquée, la cour  principale, les façades principales du ksar, 270 habitations, des échoppes  commerciales, un hammam traditionnel, des tours, des ruelles et autres parties. Des canalisations d'eau et d'assainissement ont été réhabilitées  et un réseau d'éclairage a été réalisé outre la protection des risques  pluviaux.
Les populations locales restent attachées à leur patrimoine matériel et  préservent d'anciennes bâtisses au sein des ksour en dépit de l'état  dégradé de leur architecture. Ces sites historiques attirent désormais les  touristes nationaux, ce qui encourage la prise d'autres initiatives visant  à préserver ce patrimoine et à restaurer certaines bâtisses, en  collaboration avec les instances locales.
Ainsi, sept habitations familiales ont été reconverties, après leur  restauration, en résidences touristiques. D'autres ont été destinées à  promouvoir des activités d'artisanat, créant ainsi des opportunités  d'emplois et redynamisant des métiers ancestraux menacés de disparition, a  indiqué le président de l'APC, Mohammed Henine.
Nécessité d'impliquer toutes les parties
Outre la classification et la protection des ksour, l'implication de  toutes les parties dans la restauration est d'autant plus importante. Ahmed Boured, un octogénaire et notable de la région, a jugé "préférable  d'impliquer les associations locales et les habitants de la région pour  avoir leurs avis et propositions sur les étapes et les méthodes de  rest auration et en prenant en compte l'utilisation de matériaux de  construction locaux".
"Il est nécessaire de garder les formes originales des pièces  architecturales. Certaines ont été déformées et parfois altérées", a-t-il  souligné.
"La rareté voire l'absence d'une main d'œuvre qualifiée constitue un  véritable obstacle à la réalisation des objectifs de restauration", a  relevé pour sa part Abderrahmane Rahou, un résident du ksar de Tiout,  déploré également que "les matériaux utilisés dans la restauration ne sont  pas adaptés aux spécificités et la nature des constructions des ksour".
Il a regretté que certains éléments de l'architecture locale ont carrément  été éliminés à l'instar des "Fahek", ces ouvertures au niveau des toits des  habitations qui permettent une circulation d'air et de la lumière à  l'intérieur des bâtis.
"Les personnes chargées de la restauration non qualifiés ignorent  l'utilité de ces éléments architecturaux et les spécificités des  habitations traditionnelles", a précisé M. Rahou.
Des membres de plusieurs associations locales versées dans le patrimoine  comme "Agram Agdim" et "Tnanet" ont insisté, de leur côté, sur la nécessité  de la participation de spécialistes en archéologie, d'historiens et de  paysagistes dans les projets futurs de restauration.
Aussi, ils ont souligné l' importance de sensibiliser les visiteurs de ces  sites sur leur vulnérabilité et de poser des panneaux indicateurs et  tableaux informant sur l'historique du site ainsi que ses composantes  physiques et autres renseignements utiles.
Tahar Bouzar, poète et chercheur sur le patrimoine de la région, a  insisté, quant à lui, sur l'importance du ksar de Sfisifa. Pour M. Bouzar,  le site est un chef d'œuvre du point de vue architectural, de mode de  construction. Ses sept tours, sa cour "Tachrafet", son mode de distribution  des eaux du jardin "Igargar", ses "Fouggarat", autant d'éléments et  spécificités nécessitant des travaux de recherche et la création d'une base  de données techniques sur ce site.
Des membres d'associations ont également estimé nécessaire de s'intéresser  davantage aux aspects architecturaux des ksour de la wilaya dans le cadre  du renforcement et de la valorisation de la culture locale et identitaire.  Ils ont préconisé, en outre, la mise sur pied de manifestations et  d'expositions pour mettre en valeur le terroir saharien.