Hamou Mâamar Oum El Kheir : perpétuer la tradition du tapis mostaganémois (Portrait)

Publié par DK NEWS le 07-03-2020, 16h49 | 28

Mme Hamou Mâamar Oum El Kheir est connue à Mostaganem pour être l’une des rares dépositaires d’un art et d’un savoir-faire ancestral : celui de la tapisserie traditionnelle.
Aujourd’hui, elle aspire à former une nouvelle génération, appelée à perpétuer ce patrimoine immatériel, expression incontestable de la culture et de l’identité authentiques de la région.
Le tapis a toujours fait partie de l’univers immédiat et de l’environnement quotidien de cette dame dès sa prime enfance. Le métier à tisser dressé dans un coin de la maison familial, le bruit régulier du peigne avec lequel la femme enfile et tasse les nœuds de l’ouvrage, les mouvements réguliers du fuseau qui transforme la laine brute en fil, les douces mélodies que les femmes chantent pour vaincre la fatigue : autant de souvenirs et d’images à jamais gravés dans l’esprit de cette femme.
La passion pour ce travail précis et minutieux a poussé Oum El Kheir à affiner son talent et à améliorer ses performances par une formation qualitative.
Elle a suivi des stages dans la fabrication du tapis traditionnel à Tipaza, Ghardaïa et Mostag anem avant de lancer son propre projet, financé par l'Agence nationale de soutien à l'emploi des jeunes (ANSEJ). En dépit des moyens modernes de tissage, de la rapidité et des facilités qu’ils offrent, Oum El Kheir préfère l'estampillage manuel à "l’ancienne" et la teinture des fils naturellement et traditionnellement.
Elle dispose dans son atelier, ouvert dans la ville de Mostaganem, de deux métiers à tisser traditionnels qu’elle utilise pour fabriquer les tapis commandés par ses clients.
Les produits d’Oum El Kheir sont des véritables œuvres d’art aux formes et aux couleurs judicieusement choisies et inspirées de la nature. Elle affectionne particulièrement le bleu symbolisant la mer, le marron de la terre nourricière ou encore le vert pour symboliser la nature et l’environnement. Sa passion et son attachement pour ce métier traditionnel l'ont poussé à effectuer des recherches et à explorer avec persistance et diligence le tapis mostaganémois, introuvable sur le marché mais jalousement conservé par certaines familles.
Oum El Kheir tisse ce tapis à la demande des clients comme elle le présente avec fierté lors d’expositions tant au niveau national qu’à l’étranger.
Cette femme excelle dans la fabrication du "Hanbal" (Bourabah en laine), du "Chermat" et autres genres de tapis utilisés pour les sols ou dans la décoration murale. Entre Oum El Kheir et l’art de la fabrication du tapis, se sont tissés de les fils d’une passion incommensurable.
Après plus d'une décennie d’activités, partagée entre l'atelier familial, son local commercial et son atelier, Oum El Kheir, la quarantaine bien entamée, aspire à transmettre son expérience et ses compétences à d'autres personnes, notamment les femmes au foyer ou celles résidant dans les zones rurales.
"Il est primordial de préserver cet art et de le perpétuer afin d’assurer sa pérénité, d’où la nécessité de former les jeunes générations à sa pratique", indique-t-elle.
Oum El Kheir souhaite également que la tapisserie traditionnelle fasse partie des offres dispensées par le secteur de la formation professionnelle.
"Pourquoi ne pas créer une école spécialisée dans ce domaine afin de développer le métier de tissage du tapis", s’interroge-t-elle.