Un criminel nommé Achiary

Publié par Par Amar Belkhodja le 12-06-2014, 15h30 | 157

« Dans l’enfer de Guelma, l’épouvante s’amplifie. Au nom de la République, à l’ombre de la bannière tricolore, la terreur s’instaura. Les exécutions collectives commencèrent au rythme rapide des mitrailleuses en action.

Le sang musulman, un sang généreux, versé à flots pour l’honneur de la France et l’affranchissement de l’humanité, continua à couler pour le plus grand profit du plus grand reich colonialiste ». (Abdelkader Safir - Egalité du 29 septembre 1947).

André Lestrade-Carbonnel et le commissaire Jean-Marie Tocquard : deux autres criminels

Outre André Achiary, le boucher de Guelma, nous rencontrons sur le terrain un deuxième André. Il s’agit du préfet de Constantine Lestrade-Carbonnel, chef hiérarchique du sous-préfet de Guelma qui, non seulement apporte le soutien à toutes les morbides initiatives d’Achiary mais l’encourage à aller plus loin dans la besogne.

Il le proclamera de vie voix dès qu’il arrive, en conquérant de la ville de Guelma, pour constater de visu les « succès » remportés sur les populations désarmées et encourager tout particulièrement les miliciens à poursuivre leurs tristes exploits.

C’est un dimanche 13 mai que Lestrade-Carbonnal fait son entrée à Guelma, flanqué du général Raymond Duval, le bras armé du système de répression. Une visite qui conforte Achiary et le pousse davantage vers une répression plus féroce, plus brutale et plus meurtrière.

André, le préfet pas le sous-préfet, félicite les tueurs de la milice pendant la réunion-bilan et les encourage à faire plus. Ils agiront avec zèle et application. « Les parole de Lestrade-Carbonnel ont ouvert les portes de l’enfer guelmois ». (M.Reggui - p.103).

Le préfet, pendant la réunion de tout l’état-major de Guelma ne se prive pas de bousculer le docteur Michel, médecin chef de l’hôpital, d’avoir refusé de participer au carnage. Le médecin répondit dignement au représentant de l’autorité administrative : »Nous, médecins, commettons parfois des crimes involontaires dans l’exercice de notre profession.

Nous ne voulons pas en commettre sciemment. Je ne prendrait pas les armes et je ne tuerai point des innocents ». (Cité par Abdelkader Safir en première partie d e cet ouvrage).   

Le préfet, hargneux, fier de sa position hiérarchique jura « que jamais la France ne tolérerait la moindre atteinte à son autorité, convia tous les français à se défendre farouchement contre les arabes et termina son discours incendiaire par ces paroles lourdes de sens : « Quelles que soient les bêtises que vous commettrez, je les couvrirai. Messieurs, vengez-vous ».  (M.Reggui - p.105).
 Véritable incitation au meurtre qui va malheureusement redoubler de férocité immédiatement après le départ du préfet. « Le feu de la haine allait embraser les cœurs d’un zèle plus vif encore ; désormais, licence était donnée à leurs instincts de mort, de pillage et de torture.

On peut dire que les parole du préfet ouvrirent les écluses de la souffrance musulmane pour la plus grande joie des arabophobes ». (M.Reggui - p.105)

Un autre criminel va tristement se distinguer aux côtés du sous-préfet de Guelma. C’est le commissaire Jean-Maire Tocquard qui agit lui aussi avec un zèle hors normes pour se blanchir des services rendus sous le régime de Vichy.

Décidément, tout le monde se met de la partie pour laver le déshonneur infligé par l’adversaire allemand. A la recherche des héroïsmes perdus et des bravoures à peine entrevues, hommes et arsenal se mettent en guerre - paradoxalement - le jour même de la victoire contre l’hitlérisme.

La pussance militaire française stationnée dans la colonie, pend que les tirailleurs algériens se trouvent à l’avant-garde pour libérer certaines proivinces françaises, se met en branle puor mater les algériens, en leur reprochant le délit d’avoir exigé d’organiser leurs prores défilés à travers les villes algériennes.

Le roi est mort, vie le roi. Colons et autorités de la colonie s’empressent de troquer la veste pétainiste ocontre celle du gaullisme pour se ruer contre l’arabe, celui-là même qui a versé son sang poçur l’honneur et la liberté des français. Finie la légin pétainiste, vivent els F.F.E. et la Croix de Lorraine.

La reconversion est presque instantanée. Depuis le débarquement des américains le 8 novembre 1942, le stage des vichystes est presque parfait. Ils regagnent tous la bergerie pour renforcer les rangs. La conspiration contre le peuple algérien est partagée par tous.

Le commissaire Jean-Marie Tocquard, s’acoquine avec André Achiary pour obtenirdes satisfécits du gaullisme. Alors il met sa hargne et sa haine pour plaire à ses maîtres. C’est le princ ipal lieutenant d’Achiary. Il devient par cette qualité l’agent actif pour traquer et arrêter tous les guelmois « suspectés de nationalime ou de sympathie du mouvemnt AML. Le comité dit de vigilance trouven en lui un élement efficace dans le « ramassage » et l’organisation des convois de la mort.

« L’âme damnée de ce comité et qui a secondé la machiavélique machination d’Achiary, c’est le commissaire de police Tocquard, âme fielleuse et hypocrite qui cherchait à se faire pardonner ses accointances patentées avec Vichy. Entre Achiary et lui se tramait le plus ignoble massacre d’innocents que l’histoire de l’Algérie, pourtant fertile en horreurs, ait vécu ! ».(M ?Reggui -pp.85,86).

Le commissaire Jean-Marie Tocquard n’est pas uniquement un complice utile des miliciens mais il participa avec eux de gaîté de cœur dans l’exécution des condamnés à mort. « Il fut l’un des organisateurs des convois en direction de Kef-el-Boumba » et exécuta à la mitraillette les algériens rassemblés dans ce lieu. (…) Il participa à l’élimination d’une soixantaine d’Algériens »). Jean-Pierre Peyroulou - p.208).

Le commisaire Tort de Sétif est certainement fait de la même  pâte. Lui aussi à l’origine des émeutes parce qu’il utilisa son arme à feu.

Tort ne changera pas de comportement. Il servira à Mascara en 1949 ppour couvrir les trsites exploits des légionnaires. Gendarmerie, police, armée, justice administrateurs de communes mixtes, sous-préfets, tous ces corps avaient le même but : contrôler, sévir et réprimer les populations algériennes.

Le commissaire de police de Guelma Tocquard, collaborateur sous Vichy ne pouvait pas ne pas être anti-sémite. Après le débarquement du 8 novembre 1942, il est affecté par mesure dsciplinaire à Guelma où nouvelle situation polique oblige, il tente de nouer des sympathies au sein des communautés juive et musulmane.

« Il personnifie l’administrateur arabophobe par excellence. Ses semblables sont légion en Algérie et, ce sont eux qui chaque jour creusent un peu plus le fossé qui sépare progressivement les musulmans et les français ». (M.Reggui -p.116).

Le pillage

Le pillage est une caractéristique qui remonte aux années de conquête. Au terme des razzias lancées contre les douars, officiers qui dirigeaient l’opération de destruction partageaieant avec leurs subalternes tous les biens dérobés aux paysans : argent, or, troupeaux et  autres objets de valeur.

Le même scénario se répètera pendant le carnage de mai et juin 1945. La manœuvre diabolique ne se limite pas uniquement aux tueries. Elle se prolongera dans le vol en milieu urbain et rural.

Le pillage était devenu une pratique « légale » pour la troupe, une tradition depuis les campagnes de Bugeaud et ses officiers qui razziaient et détruisaient tout sur le passage, ruinant le pays. En 1945, cette pratique s’étendit aux civils sur ordre d’André Achiary - encore et toujours lui -  Les razzias se renouvellent sous le règne du sous-préfet de Guelma : « Ces razzias menées illégalement par les colons de Millésimo, Petit et Lapaine, réitèrent les pratique qui avaient cours pendant la guerre de conquête ». (Jean-Pierre Peyroulou - p.224).

Les miliciens dérobent tous les biens : cheptel, matériel agricole et objets divers. Les charognards sont partout. Em même temps qu’ils assassinent, ils pillent tous les biens abandonnés par des paysans en fuite devant la mort soit par leurs propriétaires qui venaient d’être exécutés.

Un cas parmi tant d’autres, c’est le pillage en règle de la grande famille de Ras el Akba, à 20 km de Guelma. Les miliciens sont allés « dépouiller de leur or et de leur linge la puissante et honorable famille des Benzerguine : il fallut dix-neuf camions pour charger les biens cumulés par cette famille ».

(M.Reggui - p.117). Des méthodes qui vont persister et se poursuivre pendant la guerre d’Algérie (1954-62) ou encore le cas de deux propriétaire algériens exécutés edet pillés à Millésimo : « Le garde champêtre européen et des colons se portent sur une ferme appartenant à deux riches musulmans. Incarcérés dans la prison communale, ceux-ci seront fusillés en soirée.

Sans attendre, leur ferme a été pillée par les colons qui se partagent le matériel agricole et les animaux de trait ». (Jean-Louis Planche - p.165). 

La mise à mort des algériens et le pillage de leurs biens sont diaboliquement perpétrés par une milice avide de sang et de dépossession d’une population réduite en cendre et déjà accablée par plus d’un siècle de domination.

Des historiens français, quelles que soient leurs opinions d’appréciation ou de divergences, ont fourni dans leurs travaux des éléments irréfutables sur le chapitre des pillages : « Vols et pillage ont souvent accompagné la perquisition du domicile d’une victime ou son arrestation hors de son domicile.

Ils concernent aussi bien le bétail que les instruments agricoles, les véhicules, le mobilier, l’argent liquide et les bijoux ; L’incendie est souvent venu conclure le pillage ».  (Jean-Louis Planche -p.210).

Jusqu’ 26 juin 1945, les miliciens peuplent encore effroyablement le paysage, non satisfaits d’avoir rasé et exterminé les paysans sans armes pour les dépouiller ensuite comme ces sinistres charognards, détrousseurs de cadavres.

« Une douzaine de colons miliciens de Guelma et de Millésimo, dirigés par le aire de cette dernière commune, menèrent une expédition contre la ferme Badji Bachir à la mechta Medjez Amousi, tuant Bachir, le père, et ses fils Lachemi, vingt-quatre ans, Khatir dix-huit ans, Mohammed, huit ans, et Ahmed, trois ans, et razziant quatre mulets et une cinquataine de brebis et de chèvres ». (M.Reggui - pp.20, 21). 
A suivre