Maroc - médias - Droits de l’Hommes Emprisonné déjà en 2019, le journaliste Omar Radi convoqué pour une nouvelle enquête

Publié par DK NEWS le 26-06-2020, 17h20 | 4

"J'ai reçu une convocation écrite de la Brigade nationale de la police judiciaire (BNPJ).
Je me rendrai demain matin à leurs bureaux", a écrit mercredi soir le journaliste sur son compte facebook, copie de la convocation à l’appui.
La justice marocaine, qui a annoncé la veille avoir ouvert une enquête sur lui, le suspecte d’"être impliqué dans une affaire d’obtention de financements de l’étranger, en lien avec des services de renseignement", une accusation qualifiée de "ridicule" par l’intéressé.
En effet, l’ouverture de cette enquête intervient deux jours après la publication d’un rapport de l’ONG Amnesty International dans une quinzaine de médias, révélant le piratage du téléphone du journaliste par les autorités marocaines de janvier 2019 à fin janvier 2020.
En octobre 20 19, l’ONG avait déjà publié un premier rapport détaillant l’espionnage de deux autres militants marocains des droits de l’Homme avec un logiciel "israélien" qui permet notamment d’intercepter conversations, messages et courriels.
Pour Omar Radi, il ne fait aucun doute qu’"il y a un lien direct" avec l’enquête d’Amnesty International : "Il y a une quinzaine de jours, la presse jaune (au service du régime) a commencé à me lyncher et à publier de fausses informations sur moi et mes proches, au moment même où Amnesty questionnait les autorités sur l’espionnage de mon téléphone", a-t-il confié à des médias. Le journaliste, a estimé que les motifs de sa convocation étaient "ridicules". "Le régime et ses appareils sécuritaires salissent l'image du pays en s'attaquant à tous ceux qui portent une voix critique", a-t-il estimé. Emprisonné en 2019 à la suite d’un tweet critiquant la condamnation à de très lourdes peines de prison de militants et citoyens engagés dans le Hirak (mouvement social) du Rif par la justice marocaine, Omar Radi a été libéré sous la pression d’une mobilisation nationale et internationale inédite.
"Les mesures coercitives contre la liberté de la presse, et le droit d’informer, se sont multipliées ces derniers mois. 
Les poursuites engagées contre des journalistes, des blogueur s ou de simples internautes, ainsi que le délai de latence qui s’est écoulé entre la première convocation de Omar Radi et la réactivation de la plainte, nous permettent de supposer que son arrestation se situe dans le sillage d’une large campagne visant à restreindre les libertés d’expression et d’opinion des citoyens marocains", a abondé dans une tribune un collectif de personnalités de part et d'autre de la Méditerranée.
Dans ce contexte, l’association marocaine des droits humains (AMDH) qui s'est alarmé de la situation, fustige une "campagne féroce de l’Etat contre la liberté d’opinion et d’expression", Human Rights Watch quant-à-elle, évoque "un climat de plus en plus suffocant".