Brésil La lutte anticorruption va changer de chef

Publié par DK NEWS le 02-09-2020, 18h26 | 4

Le procureur qui coordonne depuis six ans la plus grande enquête anticorruption du Brésil, "Lavage-express", a annoncé mardi qu'il allait quitter son poste pour raisons familiales, alors que la poursuite des investigations semble menacée.
"C'est vrai, je vais quitter la coordination de 'Lavage-express'. C'est une décision difficile mais je dois m'occuper de ma famille", a annoncé le procureur Deltan Dallagnol, 40 ans, sur Twitter. Dans une vidéo publiée sur le même réseau social, M. Dallagnol a expliqué que sa fille d'un an et 10 mois montrait "des problèmes de développement" et qu'il aurait besoin de lui "consacrer plus de temps" afin de s'occuper d'elle.
Il sera remplacé par Alessandro Oliveira, son collaborateur de longue date au sein de "Lavage-express". Cette annonce a lieu à un moment où des doutes commencent à planer sur l'avenir de l'enquête tentaculaire qui a abouti à la condamnation de dizaines de chefs d'entreprise et de personnalités politiques de tous bords. Le procureur-général Augusto Aras doit décider avant le 10 septembre s'il prolonge pour une nouvelle année les activités du groupe de procureur s basés à Curitiba (sud), membres d'une unité spécialement créée en 2014 pour combattre la corruption.
"Lavage-express va continuer à faire son travail mais les décisions prises à Brasilia vont affecter ce travail", a prévenu Deltan Dallagnol. Considérés comme des héros par une partie de la société brésilienne, les procureurs de "Lavage-express" ont également de nombreux détracteurs, en raison de soupçons de partialité, notamment dans le cas de la condamnation et de l'emprisonnement de l'ex-président de gauche Luiz Inacio Lula da Silva (2003-2010).
Les critiques estiment également que cette croisade anticorruption a été menée au mépris de certains droits fondamentaux, comme la présomption d'innocence.
Autre figure de "Lavage-express", le juge Sergio Moro a quitté l'unité de procureurs fin 2018 pour devenir ministre de la Justice du président Jair Bolsonaro. Mais il a claqué la porte avec fracas en avril, accusant le dirigeant d'extrême droite de tenter de s'immiscer dans des enquêtes concernant ses proches.