
Peut-être faudrait-il imputer à la légitimité du Président le fait que pour la première fois, des acteurs habituellement cantonnés dans le refus de participer à la formation d’un consensus autour des discussions sur la Constitution en soient venus à emprunter le « chemin Ouyahia » ?
Serions-nous dans ces conditions devant des mutations de l’opposition elle-même une opposition «ramassée» qui a décidé, a fait mûrir de nouvelles convictions et qui soit parvenue à comprendre que le Président est incontournable et que rien de positif pour le pays ne pourra se faire en dehors des institutions ?
Une nouvelle opposition qui fait taire ses divergences tant en son sein que dans ses relations avec le Président ? Ce n’est pas sans raison qu’Ouyahia est amené à la conclusion qu’un consensus est possible.
Il a tiré ce constat du fait qu’il a pressenti qu’une opposition organisée est capable de dialoguer et donc de s’inscrire dans une logique d’écoute et de propositions, ne doit pas tourner le dos à une offre présidentielle, plus particulièrement car c’est l’avenir du pays qui sera engagé à travers la nouvelle Constitution.
L’opposition, toutes sensibilités réunies, a elle-même compris que la gestion présidentielle du champ politique a réussi à assainir les «contentieux» partisans et qu’en conséquence, il ne saurait exister le moindre doute qu’il n’y aura jamais de retour avec la même intensité, la même ampleur qu’au début des années 90 à une ferveur de «religiosité» mise au service de la politique.
La Constitution révisée intégrera la donnée évidente que nous ne sommes plus dans la même situation et dans les mêmes conditions.
Il est vrai qu’il n’y a pas encore, du moins pour ce qui est du domaine public, à notre service d’instruments consensuels d’évaluation des rapports d’opinion. On sait que l’opposition est dans son rôle quand elle tente de brouiller les cartes.
Il y a à ce niveau au moins la reconnaissance de l’avancée de la démocratie. A travers la consultation lancée à partir de l’élargissement du champ des interlocuteurs à des acteurs de l’opposition, il ne sera jamais dit que la révision de la Constitution a procédé de l’unilatéralisme ou qu’il s’est agi d’une démarche unilatérale.
Cette révision se fait dans un contexte de sérénité, le concept de crise ayant été trop galvaudé au point où son contenu ne procède pas d’une même vision. En 1995, la Constitution de l’époque a été révisée dans un contexte de crise, de violence, ce qui n’est plus le cas aujourd’hui.
Elle est révolue l’époque de la tragédie nationale qui avait vu la priorité toujours accordée plutôt aux obstacles de toute nature à mettre en place et aux manipulations à entreprendre pour que ne soit jamais construite la passerelle qui mène vers de véritables alternances.
Ce sont les élections qui vont trancher en tout. Il n’y aura ni vocation à demeurer au pouvoir, ni vocation à demeurer dans l’opposition. C’est le peuple souverain qui décide par les élections.