Mascara : L'envasement des barrages influe négativement sur les surfaces irriguées

Publié par DK NEWS le 06-12-2020, 16h53 | 81

Le taux d’envasement des quatre barrages a atteint 25, 66 % en 2020, relève la chef de service irrigation à la Direction de wilaya des ressources en eau, Aouali Benyarou. Les volumes de stockage de ces ouvrages sont passés de 278 à 206, 67 millions de m3. Le barrage de Fergoug enregistre, à lui seul, un taux d’envasement de l’ordre de 94, 26 %, celui de Bouhnifia est envasé à 50, 69 % alors que sa capacité de stockage est de 70 millions m3. Les taux d’envasement des barrages de Chorfa et de Ouizert sont respectivement de l’ordre de 15, 41 % et 6, 09 %, précise la même source. Le phénomène d’envasement des quatre barrages a conduit à la réduction des quantités d’eau stockées habituellement, situation aggravée par la persistance de la sécheresse et la faible pluviométrie sévissant depuis des années dans la région. Cette situation a condu it à la baisse des quotas d’eau destinés à l’AEP et à l’irrigation des terres agricoles. Du coup, la diminution des quantités d’eau destinées à l’agriculture a eu des incidences négatives sur la qualité de la production, notamment pour ce qui concerne les agrumes qui font la réputation de la plaine d’El Hebra, dans la région de Mohammadia.
Baisse des rendements et salinité des terres
Le président de l’Association des exploitants des surfaces irriguées de la plaine d’El Hebra, Azziz Bachhik, précise, dans une déclaration à l’APS que les agriculteurs de Mohammadia, région renommée pour la production d’agrumes, souffrent ces dernières années du problème de la baisse des quotas d’eau qui leur sont réservés en raison de l’envasement quasi total du barrage de Fergoug.
Pour M. Bachhik, cette situation a eu pour conséquence une diminution drastique des quantités d’eau qui leur sont destinées ajouté à cela la forte salinité des terres conduisant à une chute de leur rendement et productivité.
Le président de l’Association des producteurs d’agrumes de la wilaya de Mascara, Mohamed Boukhari, suggère le lancement du projet de pose d’une conduite en vue d'acheminer l’eau depuis le barrage de Bouhnifia vers le barrage de Fergoug, dans le but d’éviter l’évaporation et la déper dition des eaux lâchées par l’Agence nationale des barrages (ANB).
"Une grande partie des eaux puisées du barrage de Bouhnifia et acheminées vers Fergoug par voie de l’oued s’évapore en cours du transfert, notamment en période des grandes chaleurs, ce qui fait que seule une partie aboutit à destination", explique, à ce propos M.Boukhari. Pour sa part, le secrétaire général de la Chambre d’agriculture de Mascara, Boualem Denna, considère que le problème de la sécheresse et celui de l’envasement des barrages de la wilaya ont négativement influé sur les réserves des ouvrages hydriques, notamment celui de Fergoug, qu’il qualifie de "barrage mort". Selon M. Denna "ce barrage sert ainsi comme conduite drainant l’eau du barrage de Bouhnifia vers les stations de traitement de l’eau destinée à la consommation dans la région de Mohammadia et vers le périmètre irrigué de la plaine d’El Habra".
Des actions pour limiter les effets du phénomène de l’envasement des barrages
M. Denna relève que la plaine d’El Habra, dans la région de Mohammadia située au nord-est de la wilaya, "est la plus touchée par le phénomène de l’envasement des barrages. La production des agrumes qui fait la réputation de la région a régressé de 30% durant l’actuelle campagne de récolte, causant ainsi d’énormes pert es aux agriculteurs".
Face à cette situation, soutient-il, "le ministère de tutelle n’est pas resté inactif puisqu’il a initié plusieurs opérations au niveau des barrages de Bouhnifia et de Fergoug, ce qui a permis de réhabiliter les plaines d’El Hebra et de Sig en réglant le problème des infiltrations, en réduisant l’évaporation des eaux et en assurant une économie de ce produit vital".
Il a été également procédé à la réalisation de stations de traitement des eaux usées et leur utilisation dans l’irrigation agricole. Dans ce cadre, trois (3) stations ont été réalisées dans la région de Mohammadia et quatre (4) puits ont été également forés, alors que deux (2) autres sont en cours de réalisation. Interrogée au sujet de ce problème, la chargée de communication auprès de l’Agence nationale des barrages et des transferts des eaux, Sabrina Smaïli, rappelle que "l’envasement est un phénomène naturel survenant au niveau des barrages qui dépassent les 50 ans d’exploitation". "L’Agence a initié plusieurs actions pour traiter et limiter les effets du phénomène, comme celles consistant à planter des arbres autour des périmètres des barrages", indique Mme Smaïli, ajoutant qu’une importante opération est actuellement en cours sous le patronage du ministère des Ressources en eau avec la participation de plusieurs partenaires comme l’ANP, les conservations des forêts, la Direction générale de la protection civile et les scouts musulmans algériens. Pour assurer l’approvisionnement en plants, l’Agence a ainsi créé quatre (4) pépinières d’une capacité de production de 440.000 plants et arbrisseaux dans les périmètres des barrages de Kramis (Mostaganem), Khedarra (Boumerdes), Sidi M’hamed Bentaïba (Aïn Defla) et Aïn Zada (Bord Bou Arrerridj), rappelle-t-on.
La wilaya de Mascara compte quatre (4) périmètres agricoles irrigués. Il s’agit du périmètre d’El Hebra, dans la région de Mohammadia, spécialisé dans la production des agrumes, du périmètre de la plaine de Sig, spécialisé dans l’oléiculture, le périmètre de la plaine de Ghriss, prévu pour la production de la pomme de terre et de l’oignon et enfin le périmètre de la plaine de Kechout dont la superficie ne dépasse pas les 500 hectares.