Aït Ahmed, Abane, Abbas : esprits fédérateurs et attachement à l'unité nationale comme legs pour les Algériens

Publié par DK NEWS le 23-12-2020, 18h55 | 60

Esprits fédérateurs, attachés à l'unité nationale, partisans du dialogue constructif devant toute situation, Hocine Aït Ahmed, Abane Ramdane et Ferhat Abbas, symboles de l'unité nationale, ont consacré leur vie pour une Algérie unie, laissant un legs et un socle inestimables pour le peuple algérien.

Trompés dans l'adversité, dès leur jeune âge, ces illustres personnages, tous décédés un mois de décembre, avaient marqué et continuent de maquer l'Histoire de l'Algérie, en raison de leur engagement, de leur lutte continue pour une Algérie plurielle et indépendante, et un Etat de droit.

Homme aux combats pluriels, Aït Ahmed aura marqué jusqu'à la fin de ses jours la vie politique nationale.

Il s'engagera, à la fleur de l'âge, au sein du mouvement national et assumera d'éminentes fonctions, très jeune.

Il chapeautera, à l'âge de 22 ans à peine, l'Organisation spéciale (OS), vivier des futures dirigeants du FLN.

"Je sais qu'il a milité très jeune au PPA et qu'il a été parmi ceux qui ont répondu en Kabylie l'idée d'indépendance et la notion organisation, deux principes chers au parti (PPA-MTLD) dans les années difficiles de 1945 et 1946.

Il n'a pas hésité à sacrifier ses études dans la lutte et vivre la vie dangereuse de maquisard", avait souligné, à propos d'Aït Ahmed, Benyoucef Benkheda dans son ouvrage "aux origines du 1er novembre 1954.

L'ancien chef du gouvernement, Mouloud Hamrouche, avait soutenu que le leader historique était un "fin stratège, au parcours et au combat exceptionnel, multidimensionnel, pour un même idéal, l`indépendance et les libertés pour son pays et ses concitoyens".

Il se révélera "fin diplomate" et expert "hors pair" des enjeux mondiaux, avait-il indiqué, soulignant qu'Aït Ahmed conseillait toujours de "transcender les clivages de chapelles et les dissensions pour l'intérêt de l`Algérie".

Figure historique du nationalisme algérien, membre du groupe des neuf à l'origine du déclenchement de la Révolution, l'un des pionniers du front pour une diplomatie de libération et fondateur du FFS, Hocine Aït Ahmed fut sans conteste l'homme au combat pluriel.

Aux idées "assimilationnistes" au début de son engagement politique, Ferhat Abbas avait,  de son côté, fini par s'engager résolument dans le camps de la lutte sans relâche contre le colonialisme français.

Il avait été, aux temps des Amis du manifestes et de la liberté (AML), au début des années 40, un des éléments moteurs pour l'unité avec le Parti du peuple algérien et les Oulémas.

Cette union se concrétisera par la création d'un rassemblement autour du manifeste qui prend pour nom les AML.

"Après l'expérience du Congrès musulmans, les AML sont la seconde tentative de regroupement politique des forces vives du pays", écrit l'ancien président du Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA ), Benyoucef Benkheda, dans son ouvrage "aux origines du 1er novembre 1954, ajoutant que "les buts annoncés sont aux antipodes de l'assimilation".

Après son adhésion au Front de libération nationale (FLN) en 1955, redoutant des critiques de certaines personnalités pour avoir pris le train en marche, Abane Ramdane lui rétorque que "le FLN n'appartient à personne, mais au peuple qui se bat (...) Si la révolution n'est pas l'œuvre de tous, elle avortera inévitablement ", cité par Khalfa Mameri dans son ouvrage "Abane Ramdane, héros de la guerre d'Algérie".

Il fut choisi, plus tard, pour présider le premier GPRA.

"Nous ne perdons pas de vue les négociations auxquelles on aboutirait bien un jour, et pensions dans notre ignorance que se serait le président du GPRA qui rencontrerait en fin de compte le général De Gaulle.

Or, qui pouvait mieux qu'Abbas dialoguer avec De Gaulle", écrivit Saad Dahleb, ancien ministre des Affaires étrangères du GPRA, dans son ouvrage "mission accomplie".

Il a milité après indépendance, par sa plume et ses contributions au débat, pour une Algérie prospère qui fédère tous ses enfants, partisan de la réflexion, du dialogue pour solutionner tous les différends.

Surnommé le "Jean Moulin algérien", Abane Ramdane avait, lui, su, en tandem avec Larbi Ben M'hidi, fédérer toutes les tendances du mouvement national pour les fusionner au sein du FLN pour combattre la France.

"Il serait excessif de tout ramener à la personne de Abane Ramdane, comme il est injuste de ne pas lui reconnaitre un rôle de catalyseur dans les domaines les plus variés", fit remarquer Khalfa Mameri, dans son ouvrage "Abane Ramdane, héros de la guerre d'Algérie".

Benyoucef Benkheda avait soutenu que Abane était un "combattant qui s'est dépensé corps et âme pour l'indépendance de l'Algérie et demeure le symbole de l'unité nationale durant la guerre de libération".

Ces illustres personnages qui ont marqué l'histoire de l'Algérie, ont laissé une empreinte indélébile et un legs inestimable en matière d'unité, de dialogue et d'esprit fédérateur, même dans les situations les plus critiques de l'Histoire de l'Algérie.

C'est mû par ce même esprit, que le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, n'a eu de cesse d'appeler, depuis son élection à la magistrature suprême, au lancement d'un dialogue national, sans exclusive, ni marginalisation, et avec la participation de toutes les franges de la société.

Ce dialogue servira à construire un front interne "solide et cohérent" permettant la mobilisation des énergies et des compétences nationales, et de rattraper le temps perdu en vue d'édifier un "Etat d'institutions" qui consacre la démocratie et évite au pays toute "dérive autocratique",  un Etat dans lequel les citoyens jouiront de la sécurité, de la stabilité et des libertés.