Les dirigeants du Golfe se retrouvent mardi en Arabie Saoudite pour un sommet, au lendemain de l'annonce de la réouverture par Ryadh de ses frontières avec le Qatar, un signe prometteur de réconciliation entre Doha et plusieurs de ses voisins qui le boycottent depuis 2017.
L’Arabie saoudite, les Emirats arabes unis (EAU) et Bahreïn, rejoints par l’Egypte, avaient rompu en juin 2017 toutes relations commerciales et diplomatiques avec le Qatar, et imposé un embargo à ce pays du Golfe, l'accusant entre autres, de soutenir le terrorisme. Doha a toujours nié toutes les accusations, se disant "victime d'un blocus" et d'une "atteinte à leur souveraineté".
Après trois ans et demi de boycott et de messages hostiles interposés, le Koweït, en médiateur du Golfe, a révélé lundi que l'Arabie saoudite, avait accepté de rouvrir au Qatar son espace aérien et ses frontières terrestres et maritimes. Cette annonce est intervenue à la veille du 41e sommet des pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG) en Arabie saoudite, lors duquel pourrait être scellée une réconciliation entre Ryadh, ainsi que d'autre s pays, et le Qatar. Symbole du rapprochement en cours, l'émir du Qatar, cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani, est arrivé mardi à al-Ula, dans le nord-ouest de l'Arabie saoudite, pour participer à son premier sommet du CCG depuis 2017. L'émir du Koweït, le cheikh Nawaf Al-Ahmad Al-Jaber Al-Sabah s'est récemment dit "optimiste" sur le sommet du Golfe. Il avait fait ces remarques lors de sa rencontre avec le ministre koweïtien des Affaires étrangères, le cheikh Ahmad Nasser Al-Mohammad Al-Sabah, qui avait récemment effectué une tournée dans les pays du Golfe.
Il avait également déclaré que le sommet rassemblerait les dirigeants des pays du CCG et "renforcerait leur fraternité et leur solidarité face aux défis de la région". Le Koweït a récemment annoncé que les efforts qu'il avait déployés pendant plusieurs années, avec le soutien des Etats-Unis, pour mettre fin à la crise du Golfe, avaient débouché sur des résultats tangibles.
Le CCG est né il y a 40 ans avec l'ambition de rapprocher politiquement, économiquement et militairement ses membres, l'Arabie saoudite, le Bahreïn, les Emirats arabes unis, le Qatar, Oman et le Koweït. Le rapprochement paraît commencer par l'Arabie saoudite et le Qatar mais "les autres les rejoindront, même si c'est plus tard", présage toutefois Bader al-Saif, profess eur adjoint d'histoire à l'université du Koweït. "Tout pas vers la réconciliation est mieux que rien du tout. Le Conseil de coopération du Golfe a besoin d'une réinitialisation majeure et peut offrir beaucoup plus qu'il ne l'a fait", dit-il sur Twitter.
Pour l'instant, la réconciliation s'avère être "essentiellement diplomatique", estime Tobias Borck, du centre de réflexion Royal United Services Institute.
Selon plusieurs observateurs, les Etats-Unis ont intensifié la pression sur leurs partenaires du Golfe pour résoudre la crise avec le Qatar. Le but pour Washington: isoler davantage l'Iran, alors que le rideau tombe sur la présidence de Donald Trump. Jared Kushner, son gendre et conseiller, a fait la navette dans la région pour chercher un accord et assistera en personne à la signature mardi de cette "percée", a déclaré lundi un responsable.