Découpage administratif : Les 10 nouvelles wilayas, un renfort pour le développement socioéconomique

Publié par DK NEWS le 28-02-2021, 19h04 | 171

La récente promotion des dix (10) circonscriptions administratives du sud du pays en wilayas à part entière, revêt une grande importance, notamment en termes de rapprochement de l'administration du citoyen et la décentralisation en mesure de répondre aux besoins de développement social et économique, ont estimé des universitaires de la région.

"La décision prise par le président de la république, Abdelmadjid Tebboune, de promouvoir dix circonscriptions administratives en wilayas à part entière, conformément à la loi relative à l'organisation territoriale du pays, contribuera au rapprochement de l'administration du citoyen dans les régions sahariennes, caractérisés par de vastes et éparses étendues, a estimé Slimane Naceur, enseignant à l’Université Kasdi Merbah (Ouargla).

Il s'agit des wilayas de Timimoune, Bordj Badji Mokhtar, Béni Abbès, Ouled Djellal, In Salah, In Guezzam, Touggourt, Djanet, El M'Ghair, et El Menia.

Pour ce chercheur, la décentralisation administrative permettra, entre autres, d'"encourager l'esprit d'initiative chez les responsables locaux, le désenclave ment, le développement des zones d'ombre, ainsi que de réduire la bureaucratie".

"C’est vraiment regrettable, qu’un citoyen soit obligé de se déplacer, sur une distance de plus de 700 km, de la ville d'In Saleh au chef-lieu de la wilaya de Tamanrasset pour obtenir un simple document ou déposer un dossier administratif", a-t-il déploré.

"Parmi les principaux challenges des nouvelles wilayas, figurent les contraintes de financement quant à la situation économique difficile que traverse le pays, en raison de la baisse du prix du pétrole, des challenges auxquels s'ajoute la crise sanitaire du coronavirus (Covid-19)", a indiqué l'universitaire.

Selon lui, les nouvelles wilayas "nécessitent des enveloppes financières (budget de fonctionnement et budget d’équipement et d’investissement) pour réaliser les diverses opérations prioritaires".

Pour sa part, l’universitaire Issam Bencheikh, enseignant à la même université, a relevé que la création des nouvelles wilayas s'inscrit dans le cadre des réformes politiques et administratives menées par l’Etat, en vue d'assurer une véritable décentralisation administrative qui va réduire les dépenses publiques.

La décision aura un impact "positif", notamment sur le recouvrement des impôts, l’indépendance administrative et financière, susceptibles de booster l a dynamique de développement local, et de prendre en charge les attentes de la population au niveau de ces wilayas, a-t-il estimé.

L'universitaire a, en outre, mis l’accent sur la nécessité du rajeunissement des conseils élus (APW et APC) et la coordination entre les collectivités locales, communes, daïras et wilayas, afin de servir l’intérêt général, toute en insistant sur la démocratie participative et le rôle de la société civile dans la prise de décision à l’échelle locale.

 

Rationaliser l’exploitation des ressources des nouvelles wilayas

L'enseignant Fouad Djedou, de l’Université Mohamed Kheider (Biskra), a mis en exergue l’importance de rationaliser l’exploitation des ressources naturelles que recèlent ces régions, notant en ce sens que l’avenir mérite une bonne gestion basée sur la rationalisation des dépenses publiques et la promotion de l’activité économique, afin de répondre aux besoins des citoyens, en matière de développement, dans les zones d’ombre notamment.

Dans ce contexte, M. Djedou a mis en avant, les aspects positifs de ce nouveau découpage administratif qui permettra, selon lui, d’alléger la pression sur l’ensemble des wilayas actuelles, soulignant que le passage vers la décentralisation se fera aussi avec la généralisation de l’administration numérique.

"Ce déc oupage se veut aussi un développement local adapté aux nécessités et spécificités de chaque région", a-t-il dit, ajoutant que cet objectif, sera concrétisé avec la mobilisation de toutes les capacités permettant de lancer des projets dans divers secteurs notamment stratégiques, tels que l’énergie, l’agriculture, l’industrie, le tourisme, susceptibles de générer de l’emploi et de la richesse, sans oublier l’investissement dans les ressources humaines.

L'universitaire a, en outre, exposé les défis sécuritaires de ces nouvelles wilayas frontalières, précisant que "les menaces sécuritaires, notamment celles issues des pays du Sahel, oblige l’Algérie, y compris ces collectivités, de mettre l'aspect sécuritaire en priorité afin de lutter contre la criminalité, le terrorisme et l’immigration clandestine".

Pour sa part, l’enseignant Salem Agari à l’université Hadj Moussa Ag Akhamouk, (Tamanrasset), a salué cette décision, "très attendue" par la population de l’extrême sud de la wilaya.

Outre, la décentralisation de l’administration et son rapprochement des citoyens, cette décision permettra à ces wilayas d’avoir des représentants au niveau de l’Assemblée nationale populaire (APN), a-t-il affirmé.

Quant aux défis auxquels fait face In-Guezzam, sur le plan économique  notamment, M. Agari a fait savoi r que cette nouvelle wilaya enregistre un déficit en matière d'activités économiques rentables, en raison de l'absence des structures économiques, outre le manque d'activités d'investissement par rapport à l'activité commerciale parallèle.

"In-Guezzm est une région pastorale par excellence, ceci justifie le faible intérêt de la population locale à l'activité agricole en dépit des étendues de terres aptes à la mise en valeur.

Prenant en compte les conditions naturelles difficiles de cette wilaya de l’extrême sud du pays, il reste la possibilité de relancer des activités économiques réglementés, à travers les petites et moyennes entreprises (PME) et le commerce extérieur, notamment le commerce de troc avec les pays voisins", a-t-il ajouté .

Sur le plan social, la wilaya d’In-Guezzem a besoin, selon lui, de consolider les structures sociales en particulier celles liées aux secteurs de l’éducation, la santé, la culture, ainsi que l’ouverture des postes d’emploi au profit des jeunes de la région , a-t-il conclu.