PORTRAIT Nabil Moualdi, un artisan handicapé après un accident de moto

Publié par DK NEWS le 14-03-2021, 16h13 | 7

Nabil Moualdi, un artisan de la ville de Koléa, mène un combat acharné contre son handicap depuis qu'un accident de moto dans les années 1990 l'a cloué sur un fauteuil roulant, alors qu'il était encore à la fleur de l'âge.
Nabil se remémore, dans une entrevue avec l'APS à la veille de la célébration de la journée nationale des personnes aux besoins spécifiques, ce jour sombre du mois de février de l'année 1994, lorsqu'il a été victime d'un accident de la circulation à la "Rue d'Alger", au centre-ville de Koléa, alors qu'il n'était âgé que de 21 ans.
Un accident qui a, à jamais, changé le cours de sa vie et celui de sa famille.
Jeune, élégant et ambitieux, aspirant à une vie meilleure, Nabil se souvient, comme si c'était hier, du jour où il a été heurté par un chauffard, qui a pris la fuite à bord d'un véhicule utilitaire vers une destination encore inconnue.
Il venait de terminer une journée de travail laborieuse mais passionnante dans l'atelier de vannerie et de fabrication de meubles en osier de son père, un métier artisanal qui fait la réputation de l'ancienne ville de Koléa et avait enfourché sa moto pour pratiquer son loisir favori.
Le chauffard a tout simplement pris la fuite niant son crime et laissant Nabil s'engouffrer dans un long tunnel sombre, qui a débuté au service de réanimation de l'hôpital de Douéra, où il est resté deux mois dans le coma avant de se réveiller incapable de marcher.
Commence alors pour lui une autre étape de deux longues années de soins, de rééducation fonctionnelle et d'activités sportives intenses à l'hôpital de Zéralda, avec comme compagnon l'inébranlable espoir de retrouver ses forces et l'usage de ses jambes, et reprendre ainsi sa vie et son travail dans l'atelier de son père.
Mais cette illusion s'est vite évaporée, laissant derrière elle l'amertume de la triste réalité.
Le verdict des médecins est tombé comme un couperet.
Ayant perdu définitivement la capacité de marcher, "le fauteuil roulant" est devenu ses jambes de substitution.
"Je n'avais en aucun cas envisagé ce scénario catastrophe, je suivais mon traitement et les séances de rééducation avec beaucoup d'application et j'avais grand espoir de me réveiller un jour de mon cauchemar et recouvrer mes aptitudes physiques d'avant l'accident", a ajouté Nabil, avouant avoir vécu un "second choc encore plus violent, qui a failli l'emporter si ce n'est le soutien de sa famille, voisins et amis.
 Une année après sa sortie de l'hôpital de rééducation fonctionnelle de Zeralda, soit en 1997, Nabil a rejoint la maison familiale et n'osait sortir que très rarement, par peur d'affronter le regard de la société et ne pouvant se faire à l'idée d'être désormais sur un fauteuil roulant.
 S'adapter à sa nouvelle situation était très dur pour lui, mais les visites de ses amis et le soutien de sa famille ont créé en lui un déclic, celui de sa capacité à s'adapter et réintégrer la société.
Il a d'abord commencé par vaincre sa timidité due à son handicap et à sortir en balades avec ses amis et des membres de sa famille.
Cette activité, si simple et banale, lui a redonné goût à la vie et l'a encouragé à reprendre le travail dans l'atelier de son père.
Les heures passées à vivre sa passion pour la vannerie en travaillant l'osier et créant des œuvres d'arts lui faisaient oublier son handicap et effaçait sa tristesse.
Nabil a arrêté de fumer et s'est mis au sport.
Il a adhéré à des associations pour personnes aux besoins spécifiques et participe désormais à des manifestations dédiées à cette catégorie de personnes. Rencontrer d'autres personnes aux besoins spécifiques lui a permis de découvrir les expériences de ceux qui ont relevé le défi de surmonter leur handicap et le regard de la société.
Il participe régulièrement aux expositions nationales et régionales sur l'artisanat traditionnel et s'est fait un nom dans la ville de Koléa grâce aux œuvres d'art artisanal qu'il réalise et qui charment les amateurs de vannerie.
Déterminé, Nabil s'est convaincu de la nécessité d'affronter son handicap et le regard de la société en travaillant durement et en luttant contre le désespoir, en dépit des écueils qu'il rencontre et du manque de moyens.
Aujourd'hui âgé de 47 ans, Nabil qui avait perdu l'espoir de se marier, veut fonder une famille.
Trouver l'âme sœur est le but qu'il s'est fixé après avoir eu vent récemment d'un mariage réussi d'un couple aux besoins spécifiques.
"J'avais renoncé à l'idée du mariage que je pensais impossible pour moi, peut être à cause d'un blocage psychologique, mais aujourd'hui mon espoir est grand de trouver la campagne de ma vie pour fonder une famille et continuer ensemble à avancer", a-t-il dit.