59ème anniversaire de l'Indépendance : Le 5 juillet 1962 ...un "tournant décisif" dans l'histoire du pays

Publié par Dknews le 04-07-2021, 18h21 | 112

La proclamation de l'indépendance de l'Algérie le 5 juillet 1962 est la résultante de colossaux sacrifices consentis 132 années durant, et cette date s'inscrit en lettres d'or car constituant le prélude de la naissance d'une nation, ont soutenu des moudjahidine de Aïn Defla.

Présent à Khémis Miliana le 5 juillet 1962 à la faveur de la célébration de l'indépendance de l'Algérie, Abbas M'hamed (90 ans), doyen des moudjahidine de Aïn Defla, se remémore, non sans émotion, cette journée constituant un "tournant décisif" dans l'histoire du pays. "Revenir 60 ans en arrière pour décrire la liesse populaire de ce jour-là n'est guère aisé pour moi car une foule de souvenirs et de sentiments m'envahissent", fait-il remarquer d'emblée.

Pour cet enseignant de mathématiques à la retraite, dont la notoriété résulte du fait qu'il eût rejoint le maquis début avril 1956 alors qu'avait 25 ans en compagnie de 35 étudiants de la Wilaya IV historique, le 5 juillet est une date inscrite en lettres d'or car constituant le prélude de la naissance d'une nation.

Celui qui, en compagnie des Ahmed Mesraoui, Abderrahmane Bellouni, Mustapha Yaâgoubi et El Baghdadi Hchaïchi a, en 1956, contribué à la mise en place la première cellule du FLN à Khémis Miliana, retient la communion des Algériens qui, tel un seul homme, ont jubilé en cette journée mémorable.

"Assurément, pour ceux qui exultaient, une nouvelle vie commençait, une sorte de résurrection marquée par une joie indescriptible de la part de ceux qui ont pris part à la révolution, qui croyaient dur comme fer que les sacrifices des martyrs ne pouvaient être vains", se remémore-t-il. Et d'ajouter : "C'était comme si les gens avaient brisé des chaînes auxquelles ils étaient solidement attachés depuis très longtemps, c'était l'extase car la population avait vraiment réalisé ce que le terme liberté voulait dire, revoyant ce qu'elle et ses aïeux ont enduré 132 ans durant"

 

Auxiliaires de la France, la désillusion

Mais, incontestablement, ce qui a le plus retenu l'attention de M.Abbas fut l'attitude des Algériens face à la levée des couleurs nationales. "Il est vraiment difficile de décrire la posture des personnes voyant le drapeau algérien flotter haut dans le ciel, une sensation sublime se lisait sur leurs visages, un mélange de joie et fierté", témoigne-t-il. En revanche, poursuit-il, chez ceux qui doutaient de la capacité des Algériens à chasser l'indu occupant ainsi que chez ceux qui avaient des intérêts avec la France, c'était la stupéfaction, voire la désillusion car pour eux, le 5 juillet 1962 marquait définitivement la fin de "l'Algérie française".

"La stupéfaction, pour ne pas dire la désillusion de certaines personnes, des auxiliaires de la France pour la plupart, était d'autant plus grande qu'ils pensaient que l'Algérie allait rester définitivement sous le joug du colonisateur français. Ils ne réalisaient pas que l'Algérie venait, au prix de colossaux sacrifices, de recouvrer son indépendance", assène-t-il, soutenant que "la France a fini par abdiqué, avouant son impuissance à + dompter + le peuple". Emboîtant le pas au moudjahid nonagénaire, le vice-président de la Fondation de la mémoire de la wilaya 4 historique, Belghalem Boukadoum, a mis l'accent sur le fait que la jubilation de la population en ce jour mémorable était d'autant plus grande que quelques mois avant l'indépendance, l'Organisation Armée Secrète (OAS) avait lancé des exactions d'une sauvagerie "rarement égalable".

Agé de 18 ans à l'époque des faits, M. Boukadoum a mis en exergue la solidarité dont a fait preuve la population, notamment à l'égard des plus démunis. "J'étais à Chlef le 5 juillet 1962 et, outre les scènes de liesse p opulaire, ce qui a le plus retenu mon attention, c'était la solidarité dont ont fait l'objet les pans les plus démunis de la population, lesquels ont reçu des produits alimentaires et du pain de la part des commerçants et des boulangers sans contrepartie financière", souligne-t-il.

Pour lui, il est impératif que la jeune génération comprenne, une bonne fois pour toutes, que l'indépendance du pays a été arrachée à la France au prix de gigantesques sacrifices. "En ces temps d'incertitudes, unissons-nous tous pour protéger le pays contre toute velléité de nuisance", recommande-t-il.