Université de Tlemcen : Décès du chercheur émérite Bessenouci Sidi Mohamed El-Ghaouti

Publié par DK NEWS le 28-08-2021, 18h21 | 305

L'enseignant et chercheur universitaire Dr Bessenouci Sidi Mohamed El-Ghaouti, est décédé, mercredi à Tlemcen à l'âge de 75 ans des suites d'une longue maladie, laissant une riche œuvre de recherche dans le domaine des sciences humaines et des sciences Sociales, plus particulièrement celui de l'architecture locale musulmane.
Par la perte du chercheur émérite et prolixe de l'université Abu-Bekr Belkaïd de Tlemcen, l'université algérienne perd une valeur sûre et irremplaçable tant son apport a été important, aussi qualitativement que quantitativement. Mais c'est surtout sa région natale, à laquelle il vouait un profond attachement, qui perd en lui un défenseur acharné tant il a œuvré pour la promotion de son identité spirituelle et pour la protection de son patrimoine architectural spécifique. Il entame d'abord des études universitaires en médecine avant que ses centres d'intérêt le conduisent à explorer le monde de l'architecture qu'il a appréhendé en tant qu'un art à part entière, avec toute l'esthétique que celui-ci suppose. Après un certificat de Géographie générale obtenu en 1971 à Oran, il obtint  en 1975 une licence en Histoire critique et Conservation de l'art, puis un doctorat d'Etat en Esthétique architecturale, obtenu en 2000. Outre l'enseignement, il endossa plusieurs responsabilités administratives et pédagogiques à l'Université de Tlemcen, tout en s'occupant de projets de recherche spécifiques et en animant des manifestations scientifiques nationales et d'envergure internationale. Ces dernières concernant essentiellement le "Patrimoine architectural dans la région du Sud de la Méditerranéenne" et organisées, entre autres, en collaboration avec l’UNESCO, aussi bien en Algérie que dans d'autres villes du pourtour méditerranéen. Parmi les projets thématiques à son actif, "l'architecture traditionnelle", notamment celle des Ksour, dans le Sud algérien, et d'autres traitant des "normes d'harmonie dans le bâti islamique du Maghreb arabe". Pour parfaire ses connaissances et sa formation dans son domaine, il entrepris, entre1990 et 2010, de nombreux stages auprès d’institutions spécialisées dans les études archéologiques et les techniques de conservation et de restauration du patrimoine architectural, en Egypte, France et en Syrie, entre autres. Fort de ses connaissances, il a pris part, depuis 2001, à l'expertise et aux études de restauration de monuments et, depuis 2011, à la direction d’opérations de promotion du patrimoine de la région de Tlemcen, à travers l'identification, les enquêtes ainsi que la constitution de dossiers de classement (national et universel). Le défunt s'est également voué à d'autres activités, dont la présidence de la Commission de Classement du Patrimoine de la wilaya de Tlemcen, la vice-Présidence du Conseil culturel de la ville de Tlemcen ainsi que la présidence de l’association "Al-Khaldounia". Il a également été membre fondateur de la Fondation "Mohammed Dib", et président de l’"Association pour la Sauvegarde et la Promotion du Patrimoine architectural de la wilaya de Tlemcen". A l'actif du Dr Bessenouci, 3 ouvrages parus tous en 2010: "Odyssée d’un maquisard", "L’évocation artistique en architecture musulmane: fondements et préceptes", et enfin, "Les canons de l’harmonie en architecture : application à l’architecture musulmane en Algérie". Il compte aussi de nombreuses publications dans des revues et magazines spécialisées, nationales et régionales, et a participé à de nombreux colloques nationaux et internationaux sur les thématiques de l'architecture et du patrimoine de la région. Dans la presse nationale, il a donné à apprécier aux lecteurs des articles de haute facture inhérents à ses centres d'intérêt, à l'i nstar de "Tlemcen, un authentique sanctuaire de l’Histoire", "Regard sur l’art architectural musulman", " Résurgences inspiratrices de l’artiste maghrébin : exemple de l’architecte tlemcénien", "L’architecture Islamique : beauté et spiritualité" et "Le Génie musulman au Maghreb : la nécessaire harmonie". Le défunt qui se définit comme un "épris du beau" a ainsi axé toutes ses recherches sur "l'harmonie en architecture, avec des apports convergents de formes et de traditions", comme il l'écrit lui-même, considérant que "celle-ci est une union de proportions et de rapports qui forme un véritable concert, voire une symphonie". L'on déplore que le regretté, père de 6 enfants, n'ait pu mener à terme le dernier projet sur lequel il travaillait, un livre répertoriant les mosquées de Béni-Sous.