Alphabétisation : Fatiha Tahri, une affranchie de l'analphabétisme qui décroche un diplôme universitaire

Publié par DK NEWS le 08-09-2021, 15h26 | 60

Femme analphabète victime d'une tradition qui maintenait les femmes loin des bancs des écoles, Fatiha Tahri, native du village Graiche dans la commune de Taougrite (70 km au Nord-ouest de Chlef) a pu s'affranchir de son analphabétisme pour concrétiser son rêve de décrocher un diplôme universitaire, après avoir surmonté tous les obstacles 
qui ont jonché son parcours vers le savoir.  

C'est à partir de 2008, année de décès de son grand-père qui avait interdit, au nom des traditions, sa scolarisation et celle des autres filles de la famille, que le premier chapitre de l'histoire de cette femme courageuse a commencé à s'écrire.
 Encouragée par son père, Fatiha, alors âgée de 14 ans, s'est inscrite aux cours alphabétisation, posant ainsi la première pierre de sa délivrance des ténèbres de l'illettrisme pour suivre la lumière des sciences et du savoir.
Cette belle histoire commença au niveau de la classe d’alphabétisation du village Chaabnia (la plus proche de son lieu de résidence), où la petite Tahri Fatiha faisait l’exception, car elle était la plus jeune analphabète du gro upe comparée à ses camarades beaucoup plus âgées qu'elle.
 Elle démontra très vite des capacités d’apprentissage exceptionnelles et une volonté à toute épreuve pour aller de l’avant sur le chemin de sa délivrance de l’ignorance.
Fatiha excella si bien que les personnes en charge de la classe d’alphabétisation où elle était inscrite, avaient saisi la direction de l'éducation pour qu'elle puisse intégrer une classe de 4eme année primaire.

Sa scolarisation, un nouveau défi 
 Ce fut le début du 2eme chapitre de son histoire sur le chemin du savoir et un nouveau défi pour Fatiha qui avait à redoubler d’efforts et à faire ses preuves devant ses nouveaux camarades de classe, elle qui venait d'une classe d'alphabétisation.
 Armée de détermination et s'étant fixé pour objectif de ne pas redoubler, elle rejoignait, après chaque sortie de classe, les cours d’alphabétisation afin d'améliorer son niveau.
Elle demandait conseil à ses enseignants, qui l’encouragèrent et la soutinrent tant et si bien qu’elle décrocha la 6eme et le BEM.
L’obtention de ces deux diplômes aiguisa encore plus son ambition pour les études et l'acquisition du savoir et son objectif était désormais de décrocher son baccalauréat.
Ce diplôme en poche, elle accède au monde des études supérieures qui ont été couronnées pa r une licence en archéologie, suivie d’un Master dans la même spécialité.
Aujourd’hui encore, cette jeune fille se remémore toujours son parcours pour se libérer de l'analphabétisme partant de zéro pour devenir aujourd'hui une spécialiste en archéologie et maîtriser les nouvelles technologies.
 Fatiha affirme que ces cours d'alphabétisation constituèrent "une véritable chance du destin" qu’elle a su exploiter dans l’espoir, dit-elle, de trouver un emploi lui permettant d’aider sa famille et de rendre leur dû à ses parents.
Elle n’exclut nullement la possibilité d’enseigner en classe d’alphabétisation, si l’opportunité se présente, assure-t-elle, afin d’aider les enfants de sa région à se libérer du joug de l’analphabétisme qui "empêche toute ouverture sur les mutations mondiales, nationales et locales", estime t-elle.
A l’occasion de la Journée internationale d'alphabétisation (8 septembre), Fatiha a lancé un appel à toute personne dont les conditions ont empêché sa scolarisation, à s’inscrire aux cours d’alphabétisation le plus proche du lieu de sa résidence, pour suivre des cours qui lui permettront d’élargir ses horizons aux plans académique et professionnel, mais aussi au plan social et culturel.
Fatiha Tahri est un exemple à suivre par toutes les filles, majoritairement victimes de l’analphabétisme comparativement aux garçons, qui veulent se débarrasser des liens de l’ignorance pour prendre le chemin des sciences et du savoir.
La lutte contre l’analphabétisme et ses retombées négatives, exige la coordination entre tous les secteurs afin de permettre aux personnes qui en sont les victimes une plus forte implication dans la vie socio-politique.