Marché de l'habillement : Hausse sensible des prix et absence quasi totale du produit local

Publié par Dknews le 24-07-2014, 17h07 | 45

A l'approche de l'Aïd, les commerces et marchés connaissent une activité intense avec l'afflux des familles soucieuses d'effectuer des achats de vêtements pour les enfants. Mais, en l'absence quasi totale de production locale, les familles démunies se heurtent aux prix exorbitants des effets vestimentaires importés.

Dans les boutiques du centre de la capitale ou dans les quartiers populaires, les vêtement et chaussures importés de Turquie et de Chine, avec des marques souvent contrefaites, sont proposés à des prix prohibitifs a constaté l'APS.

Il suffit d'une virée dans les boutiques de la rue Hassiba Ben Bouali ou Larbi Ben Mhidi au centre d'Alger, pour se rendre compte de la faiblesse de l'offre en produits locaux qui se limitent à quelques modèles de vestes et de chemises pour hommes.

La production locale est presque totalement absente dans la gamme de vêtement pour femmes et enfants. Selon les professionnels du secteur textile et cuir, la part de la production nationale en ce qui concerne le prêt-à-porter et la chaussure ne dépasse pas les 4%, les 96 % restant étant détenus par l'importation.

Alors que la demande nationale pour les chaussures est évaluée à 70 millions de paires, la production locale ne dépasse un million de paires. A la veille de l'avènement de l'Aïd, les familles algériennes n'on  donc pas d'autre choix que l'achat des vêtements importés et ce en dépit de leur prix excessifs. 

Rencontré au marché Ali Mellah, Mounir accompagné de son épouse et de ses enfants, confie à l'APS que les prix sont exagérés cette année et que les familles modestes et nombreuses ne peuvent acheter des vêtements pour l'Aid à leur enfants et satisfaire leurs voeux et exigences.

Beaucoup de familles éprouvent souvent des difficultés à gérer leur faible budget, déjà plombé par les dépenses durant le mois du Ramadhan, sachant qu'elle doivent faire face aux dépenses de l'Aïd et ce à un mois seulement de la prochaine rentrée scolaire.

Pour beaucoup de mères de familles rencontrées, l'absence de la production nationale fait que le marché est soumis à la loi des importateurs. 

Pour le directeur général de la régulation et  de l'organisation des activités au ministère du Commerce, Ait Abderrahmane Abdelaziz, la production nationale de prêt-à-porter et de chaussures a beaucoup régressé suite à l'afflux des importations et, de ce fait, elle assume un rôle marginal en termes de régulation du marché.

Concernant la qualité souvent discutable des produits importés des marchés asiatiques, M. Ait Abderrahmane explique ce fait par le souci du gain des importateurs qui préfèrent des produits moyen ou bas de gamme. 

Habituellement, le marché de l'habillement connait une forte demande à l'occasion des fêtes et de la rentrée sociale, ce qui influe directement sur les prix. C'est durant ces période de l'année que les commerçants font le plus gros de leur chiffre d'affaires.

Devant cette situation, le ministère du Commerce soutient que les prix sont libres et non réglementés par l'Etat et donc soumis à la loi de l'offre et de la demande.

A l'exception des tissus, des quantités importantes de produits textiles importés arrivent illégalement sur le marché par le biais des valises. La Turquie, est le principal pays fournisseur qui alimente aujourd'hui le marché du vêtement en Algérie.

En l'absence d'un cadre légal permettant au ministère du Commerce d'intervenir, "le commerce du cabas" exerce actuellement une grande influence sur le marché du vêtement et dicte par conséquent la tendance des prix. 

Le représentant du ministère explique que ces "beznassa" qui se déplacent à l'étranger en toute liberté avec des visas touristiques, ne peuvent pas être empêchés de ramener leurs "bagages", mais les services de contrôle peuvent les appréhender dans leur locaux commerciaux en cas de défaut de factures.

Les produits importés sont soumis avant leur entrée sur le territoire national au contrôle documentaire pour déterminer le pays d'origine, la composition du produit et vérifier les informations concernant la société exportatrice et l'importateur. Il est également procédé à la vérification des factures et documents douaniers attestant l’entrée légale du produit en Algérie. 

Evoquant le cas des familles à faibles revenus qui effectuent des achats de vêtement dans les boutiques de friperie, le directeur du contrôle économique et de la répression des fraudes au ministère du Commerce, Abdelhamid Boukahnoun indique que ces commerces sont soumis à un contrôle spécial pur s'assurer de la conformité des produits avec les caractéristiques exigées.

"Dans le cas de certains commerçants qui tentent recycler les vieux vêtements importés comme matière première, en les proposant à la vente, les services de contrôle interviennent pour sanctionner ces pratiques" souligne-t-il encore.