Maroc: la Cour d'appel confirme une sévère peine de prison pour le journaliste Raissouni

Publié par DK NEWS le 25-02-2022, 12h43 | 15

La Cour d'appel de Casablanca a confirmé mercredi une sévère peine de cinq ans de prison ferme à l'encontre du journaliste marocain Soulaimane Raissouni, pour "attentat à la pudeur avec violence", ont rapporté des médias.

Cette peine a été décidée en juillet dernier alors qu'il était en détention préventive depuis mai 2020, mais la défense avait décidé de faire appel.

"Ce jugement est la preuve qu'on veut se venger de M. Raissouni. Nous sommes très déçus, on s'attendait à ce qu'il soit innocenté au regard de l'ensemble des failles exposés tout au long du procès", a déclaré son avocat, Miloud Kandil à la sortie de la salle d'audience.

La défense du journaliste a aussitôt décidé de se pourvoir en cassation, à l'issue d'une audience qui a duré huit heures, rapportent les médias.

Comme en première instance, la peine d'emprisonnement est assortie de dommages-intérêts de 100.000 dirhams (environ 9.500 euros) en faveur du plaignant.

Le verdict a été mal accueilli par les soutiens de M. Raissouni qui avaient rempli une salle d'audience comble, au cri de "procès inique". "Soulaimane sois rassuré, nous allons continuer le combat", ont-ils promis. 

Raissouni, un éditorialiste de 49 ans connu pour son ton critique vis-à-vis des autorités, était accusé d'"agression sexuelle", charge qu'il a toujours rejetée devant le tribunal. Ses soutiens dénoncent un "procès politique", tandis que le plaignant se défend d'être "instrumentalisé politiquement".

L'enquête avait été ouverte à la suite d'une publication sur Facebook dans laquelle l'accusateur incriminait, sous pseudonyme, M. Raissouni de l'avoir agressé sexuellement.

De son côté, l'ancien rédacteur en chef du journal Akhbar Al Yaoum et ses avocats ont fustigé à plusieurs reprises les "failles" du dossier. "Cette affaire est émaillée des mensonges du plaignant. Tout au long du processus judiciaire, il s'est contredit", a soutenu M. Raissouni en énumérant point par point ces "contradictions" à la barre.

Son comité de soutien au Maroc a fustigé un procès "à caractère politique et revanchard". Reporters sans Frontières (RSF) avait plaidé pour que le journaliste -- engagé dans la défense de la liberté de la presse -- soit libéré dans l'attente d'"un procès équitable".

Deux autres journalistes marocains, Omar Radi et Taoufik Bouachrine, ont été condamnés à de lourdes peines de prison ferme pour des agressions sexuelles qu'ils rejettent. M. Radi, dont le procès en appel est en cours, est également accusé d'"espionnage".