Santé mentale : L'urgence de la prévention soulignée

Publié par DK NEWS le 20-03-2022, 17h13 | 16

L'urgence de prévenir les pathologies psychiatriques «s'impose avec acuité aujourd'hui», a estimé samedi à Tizi-Ouzou Pr Abbes Ziri, président de la Société algérienne d'addictologie (SAA), tout en insistant sur la formation des personnels dans les structures de santé de proximité.

S'exprimant lors d'une rencontre, organisée au Centre de loisirs scientifiques (CLS), Pr Ziri a relevé que, selon les pronostics de l'OMS, «la tendance mondiale, aujourd'hui, est à la progression des pathologies de santé mentale qui seront au premier rangs à l'horizon 2030».

L'Algérie, a-t-il souligné, «ne déroge pas à cette règle» et la courbe des statistiques est en «ascension constante», d'où l'urgence de prévenir ces pathologies en mettant en œuvre «une politique de prévention et de soins efficiente».

Pour étayer son propos, il a indiqué que pour la wilaya de Tizi-Ouzou, pas moins de 27.000 consultations ont été enregistrées au service des soins psychiatriques du CHU Nedir Mohamed qu'il dirige, durant les deux dernières années, marquées par la crise sanitaire de la Covid-19.

Cela, sans compter, a-t-il précisé, les consultations réalisées au niveau de l'EHS spécialisé Fernane Hanafi, les différentes structures de santé de proximité disposant de psychiatres ou psychologues et de spécialistes exerçant dans le secteur privé.

La psychiatrie en Algérie a, certes, «fait d'énormes progrès depuis l'indépendance et accompli un saut qualitatif et quantitatif, mais nous ne devons pas tomber dans la satisfaction, car beaucoup de choses restent à faire», a considéré Pr Ziri.

«Il y a encore aujourd'hui, des besoins à satisfaire en matière de formation, de prévention et de soins, notamment, dans le secteur public, en intensifiant la couverture en personnel dans les structures de santé de proximité pour rapprocher le médecin des patients», a-t-il dit à ce propos. L'autre aspect évoqué par le président de la SAA est l'addiction aux stupéfiants.

Depuis 2017, quelque 1.596 patients ont été reçus et traités au niveau de l'unité d'addictologie ouverte au niveau du service de soins psychiatriques du CHU.

«La toxicomanie fait des ravages aujourd'hui et des médicaments commercialisés légalement, à l'exemple de Lyrica, sont même détournés pour des fins de consommation addictive», a-t-il fait remarquer.

A ce sujet, il a relevé que seul trois structures dédiées à l'hospitalisation des toxicomanes existent en Algérie, à Tizi -Ouzou, Blida et Sidi Chahmi, dans la wilaya d'Oran, tandis que les autres structures spécialisées à travers le territoire national, dispensent des soins d'urgence.

Cette rencontre, la 20ème du genre après deux années d'interruption pour cause de crise sanitaire, placée sous le thème «La psychiatrie en mouvement» et organisée par la SAA et l'association des psychiatres du Djurdjura, a regroupé des praticiens de différentes wilayas du pays qui ont abordé et débattu plusieurs thèmes inhérents à la santé mentale.