Coopération en toute autonomie et non soumission

Publié par Saïd Abjaoui le 06-01-2014, 17h32 | 38

« Il faut aider l’Egypte à sortir de son isolement ». C’est le fond de la pensée de Lamamra, selon ses propres paroles. « Ma visite en Algérie n’est pas liée à la situation in terne en Egypte »  selon les déclarations du ministre égyptien des Affaires étrangères.

Voilà des paroles qui de part et d’autre, recentrent les débats autour des relations internationales. Quel intérêt auraient l’UA et le monde arabe à maintenir l’isolement de l’Egypte qui a besoin de retrouver les siens pour ne pas lui créer des vulnérabilités face à des menaces qui sont pourtant communes ?

Dans cette conjoncture où des radars scrutent l’ensemble des pays arabes et des pays africains, également l’ensemble des pays musulmans, inspections de grande proximité, les pays concernés ont le plus grand intérêt à serrer les rangs, à analyser ensemble leurs divergences pour les aplanir, à renforcer leurs points de force car dans ce contexte international,  l’avenir appartient aux ensembles régionaux, les isolements conduisent aux politiques extérieures d’influence et fatalement à l’abaissement des autonomies dans la prise des décisions nationales.

Les isolements de leur espace naturel conduisent fatalement  à la mise en péril des sécurités nationales  et donc à l’impossibilité de la construction d’ensembles régionaux soudés. Il est impératif d’œuvrer à briser les isolements. L’objectif de haute importance impose le maintien des relations entre Etats . 

Il est également un impératif  que l’Algérie ne se dérobe pas aux sollicitations  de ses pays voisins et frères comme cela a été fait avec la Libye et la Tunisie car l’Algérie a dans l’immédiat trois expériences  à faire valoir, à savoir la lutte contre le terrorisme, la construction des institutions et la réconciliation nationale.

L’Algérie est attachée par-dessus tout à l’autonomie de sa décision et à sa sécurité nationale. Dans toutes ses relations, le cap est maintenu sur le principe du « gagnant- gagnant » avec une coopération d’égal à égal.

L’Algérie peut bien jouer le rôle de pivot dans la lutte globale internationale contre le terrorisme, un pivot autour duquel s’articuleraient les politiques internationales de lutte antiterroriste mais le concept de pivot ne signifiera jamais un relais au service de quelconques puissances étrangères.
Elle ne peut pas car elle ne  veut pas  être un relais dans l’architecture  internationale de sécurité définie et animée par des puissances étrangères quelles qu’elles soient et l’Algérie poursuit l’atteinte de ses objectifs et non ceux des autres au détriment des siens propres.  

Quand bien même des grandes puissances soient incontournables dans la lutte internationale contre le terrorisme, l’Algérie est également incontournable et ces dernières le reconnaissent pour l’avoir assez sollicitée. Incontournable dans les questions considérées comme hautement stratégiques.  Notre pays fait une approche égalitaire des relations internationales.  

Coopération, pas soumission.

Prenons un exemple. La lutte globale contre le terrorisme dans la région sahélo- saharienne, a-t-elle été de l’initiative américaine, de la nôtre, ou des deux en même temps, car les intérêts se confondent ?  La région sahélo-saharienne est notre étranger proche. 

Compte tenu que El-Qaïda y trouve son refuge,  ses armes, et en fait acheminer vers l’Algérie  pour y commettre des attentats, sans doute que la sécurité nationale est mise en péril a partir de cette région.  Sans doute que El-Qaïda a choisi cette région pour compenser la perte de l’Afghanistan  comme son sanctuaire et qu’à ce titre, elle ne doit pas sortir des radars américains.

Nous ne pouvons donc dire qu’i s’agit d’une stratégie exclusivement algérienne ni exclusivement américaine.La perception qu’il s’agirait d’une coopération sur instructions serait porteuse de danger car là où les Américains se trouvent, où leurs intérêts se trouvent, plus particulièrement dans les pays musulmans, c’est El- Qaïda qui s’y présente  pour recruter localement et faire une OPA sur les mouvements terroristes qui agissent localement. On voit qu’ainsi on pourrait émettre l’hypothèse que cette proximité des Américains et d’El- Qaïda est douteuse. 

Chacun a besoin de l’autre pour se justifier ou se légitimer. Pour une fois, inversons la question. Se pourrait-il qu’il soit possible de  considérer que pour ce qui concerne notre étranger proche, en particulier la région sahélo-saharienne, ce sont les Américains qui s’inscrivent dans la stratégie algérienne ?