8 mai 1945 à Sétif : entre mensonges d'historiens français et témoignages vivants des Algériens

Publié par Dknews le 09-05-2022, 18h43 | 15

Les participants à un colloque historique intitulé "Les massacres du 8 mai 1945, un crime imprescriptible" , tenu dimanche à Sétif, ont évoqué ces événements tragiques sous deux angles différents, le mensonge flagrant d'historiens français d’une part et les témoignages vivants d'Algériens d’autre part.

Dans ce contexte, le Dr. Khalil Kamel du département d'histoire et d'archéologie de l'université Mohamed Lamine Debaghine (Sétif-2), a abordé les mensonges flagrants contenus dans des livres écrits par des historiens français sur ces événements, lors de cette rencontre organisée au siège de l'association culturelle locale Nibras, initiatrice de cette manifestation en coordination avec l’Assemblée populaire communale (APC) de Sétif, à l'occasion de la journée nationale de la Mémoire, coïncidant avec le 77e anniversaire des massacres du 8 mai 1945.

L'intervenant a, dans ce sens, indiqué que des historiens français ont résumé les massacres du 8 mai 1945, commis contre des civils algériens sans défense, à des accusations contre les Algériens pour avoir attaqué les Français et gâché leur joie et les célébrations de la victoire des alliés sur le nazisme à la fin de la Seconde guerre mondiale.

Il a ajouté que des Français ont fait état, à travers des témoignages, des photos et des cartes de la région, de la mort de 101 français durant la période comprise entre le 8 et la fin du mois de mai 1945, ignorant complètement les massacres contre l'humanité que les Algériens ont subi.

Selon le même intervenant, des Français se sont appuyés sur trois types de sources dans leurs écrits fallacieux , à savoir des écrits puisés auprès des français qui ont participé et vécu ces événements, comme le rapport du colonel français Tubert et les écrits "académiques" comme le livre "Sétif 1945, histoire d’un massacre annoncé", de l'historien Jean-Louis Planche.

Il y a aussi les écrits d’"amateurs" non spécialisés en histoire, et édités par certaines institutions et associations comme les livres de "La vérité sur l'insurrection du 8 mai 1945 dans le Constantinois" et "Menace sur l'Algérie française" de Maurice Villard, a-t-il encore expliqué.

Sous un autre angle, le spécialiste en histoire du département d'histoire et d'archéologie de l'université Mohamed Lamine Debaghine (Sétif 2), Lakhdar Boutaba, a abordé les massacres du 8 mai 1945 à travers des témoignages vivants recueillis auprès d'Algériens et d'Algériennes, qui ont vécu ces événements dans les régions de Ain El Kebira, Babor, Amoucha et Beni Aziz, et qui ont mis en lumière l’atrocité des massacres commis par le colonialisme français en représailles contre les Algériens qui ont exprimé leur désir de liberté et d'indépendance après la fin de la Seconde guerre mondiale.

La rencontre a été marquée par un riche débat entre universitaires, chercheurs et passionnés d'histoire, venus des wilayas de Sétif et Bordj Bou Arreridj, dans le cadre de la concrétisation du programme culturel commun entre l’APC de Sétif et l’association Nibras pour la saison 2022, visant à faire connaitre aux jeunes les sacrifices des ainés pour recouvrer l’indépendance.