Les nanoparticules de fer boostent l'action anti-cancer naturelle du corps

Publié par DK NEWS le 12-10-2022, 14h19 | 7

Les nanoparticules représentent un champ de recherche important dans le traitement du cancer, pour véhiculer les traitements. Une équipe vient de montrer que ces nanoparticules seraient efficaces même utilisées seules. Elles favoriseraient l'activité des cellules anti-cancer.

Le succès du cheval de Troie tient aux guerriers cachés à l'intérieur. Mais les scientifiques viennent de montrer que c'est parfois le cheval en lui-même qui est efficace. Alors qu'ils menaient une expérience utilisant des nanoparticules de fer pour transporter la chimiothérapie directement dans les cellules cancéreuses, ils ont fait une étonnante découverte. Les nanoparticules elles-mêmes lutteraient contre le cancer , même en l'absence de traitement à l'intérieur.

L'expérience menée chez des souris atteintes de cancer a comparé les réactions de trois groupes. Le premier a bénéficié d'un traitement en chimiothérapie véhiculé par des nanoparticules de fer. Les deux autres groupes sont appelés « contrôle » car ils n'ont pas été en contact avec le traitement. Le deuxième n'a en effet reçu que les nanoparticules, et le troisième n'a subi aucune intervention. Or, la croissance du cancer a été fortement amoindrie dans le deuxième groupe, par rapport au troisième. Pas de chimiothérapie, la réponse est donc dans les nanoparticules elles-mêmes.

Les macrophages, « mangeurs » de cancer

Les scientifiques ont donc poursuivi leurs investigations pour vérifier cette idée. Ils ont remarqué que les macrophages sont indispensables dans l'activité anti-cancer. Chez une personne en bonne santé, ces macrophages « mangent » les cellules tumorales individuelles. Mais quand une tumeur s'agrandit, elle détourne peu à peu les macrophages de leur rôle : ils cessent d'attaquer le cancer, et sécrètent même des facteurs qui favorisent sa croissance!

Dans leur étude parue dans Nature Nanotechnology, les chercheurs montrent que les nanoparticules de fer redonnent aux macrophages leur fonction initiale anti-cancer. Une injection unique conserve cet effet jusqu'à trois semaines. Et cela fonctionne à des doses comparables à celles administrées aux personnes anémiées (carencées en fer). Mieux encore, les nanoparticules empêchent la propagation du cancer dans d'autres endroits du corps, notamment le foie, et réduisent les métastases qui ont déjà colonisé cet organe.

Des applications en complément des traitements traditionnels

Les chercheurs y voient plusieurs applications concrètes. Actuellement, les patients opérés d'un cancer métastasé doivent attendre de s'être remis de l'intervention chirurgicale avant d'entamer une chimiothérapie. Ce traitement est en effet trop lourd pour être démarré immédiatement. Du temps perdu dans le combat contre la maladie. Les nanoparticules de fer pourraient alors être administrées dans cette période de récupération. Par ailleurs, les patients auxquels le chirurgien n'a pas pu retirer l'ensemble de la tumeur pourraient bénéficier des nanoparticules et venir à bout des cellules cancéreuses grâce aux macrophages ainsi « boostés ». Des hypothèses prometteuses qu'il faudra valider par des essais cliniques sur l'homme.