Université Mouloud-Mammeri de Tizi-Ouzou : La relation langue-identité est "très complexe"

Publié par Dknews le 18-10-2022, 18h13 | 21

La relation entre la langue et l'identité est "très complexe" et l'une "ne peut être subordonnée systématiquement" à l'autre, a estimé lundi à Tizi-Ouzou, l'universitaire Nora Tigziri.

Intervenant lors de la 17e édition du séminaire international sous le thème "droits des langues, traduction, cultures et identités", organisé à l’Université Mouloud-Mammeri de Tizi-Ouzou (UMMTO), Mme Tigziri a souligné que la relation entre la langue et l'identité est "très complexe" et "ne peut être restreinte à une relation binaire", affirmant qu'on ne pouvait "subordonner systématiquement la langue à l'identité".

"L'usage d'une langue n'implique pas obligatoirement l'appartenance à une culture donnée", a-t-elle dit, illustrant ses propos par l’exemple des francophones à travers le monde qui sont de cultures et d’identités différentes.

L'universitaire a cité, dans ce contexte, une enquête menée en 2003 chez la communauté immigrée algérienne en France.

"Il a été prouvé que cette dernière, dont une bonne partie est née en dehors de l'Algérie, demeure attachée à sa culture malgré son ignorance pour sa langue d'origine", a rapporté la professeure à l'UMMTO.

Mme Tigziri a, par ailleurs, évoqué dans son intervention, l’analyse des discours juridiques sur les langues qui éclairent, a-t-elle souligné, sur "le statut de ces langues et leur rôle dans une communauté ou un Etat".

Pour sa part, Nicole Carignan, de l’université du Québec et représentante de Joseph-G Turri, président de l’Académie internationale de droit linguistique, a relaté, à travers sa communication intitulée "jumelages interculturels pour favoriser des relations intergroupes harmonieuses", une expérience sociale de jumelage et d’intégration menée au Québec qui, dira-t-elle, a "donné des résultats extraordinaires".

Elle a également, mis en avant "la pérennité d’une telle conférence à l’effet de permettre la préservation des langues maternelles", soulignant que grâce à ce séminaire, "plusieurs pays ont légiféré sur la question et les statuts de nombreuses langues dites mineures".

Plusieurs aspects liés à la langue en elle-même sont au programme de cette conférence de trois jours, dont le droit des langues et les droits linguistiques, l’enseignement et l’usage de la langue, les minorités et majorités linguistiques, l’aménagement linguistique et les politiques linguistiques.

Il est, également, prévu des communications sur la langue et son environnement, notamment, la relation entre la langue et l’espace culturel et aussi de l’identité, ainsi que le discours juridique portant sur les droits linguistiques et les statuts des langues.

Il sera aussi question, selon le programme de la rencontre, de la problématique de la préservation de la langue maternelle, "reléguée dans beaucoup de pays au second plan alors que c’est elle qui forge en premier la personnalité de l’enfant", tel que souligné par les organisateurs.

Organisée par le laboratoire d’Aménagement et de l’Enseignement de la Langue Amazighe (LAELA) de l’UMMTO en collaboration de l’Académie internationale de droit linguistique de Montréal (Canada) et l’Institut de Linguistique appliquée de l’Université d’Adam Mickiewicz de Poznan (Pologne), cette rencontre à laquelle prennent part 12 pays, regroupe 31 communicants, dont 9 en ligne.