Histoire

L’attaque de la Poste d’Oran : action spectaculaire de l’OS pour préparer la lutte armée

Publié par Dknews le 29-10-2022, 18h38 | 80
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L’attaque de la grande Poste d’Oran, le 5 avril  1949, est considérée comme l’une des actions les plus spectaculaires menées  par l’Organisation Spéciale (OS), pour assurer la préparation du  déclenchement de la future lutte armée contre l’occupant français.

Exécutée par un groupe de militants de l’OS, la branche armée du PPA-MTLD,  l’attaque de la grande Poste d’Oran visait la récupération des fonds  nécessaires à l’acquisition d'armes devant servir, plus tard, au  déclenchement de la Révolution du 1er Novembre 1954.

Enseignant en Histoire à l’Université Oran-1 "Ahmed Benbella", Mohamed  Belhadj considère que les massacres perpétrés par les forces répressives et  les milices armées françaises contre les Algériens, le 8 mai 1945, ont  démontré la nécessité d’opter pour l’action armée afin de recouvrer  l’indépendance.

Selon M. Belhadj, les responsables de l’OS avaient réfléchi aux voies et  moyens pour collecter les fonds nécessaires pour mener le combat libérateur  contre l’occupant français.

Pour cela, le responsable national de l’Organisation, Hocine Aï Ahmed,  avait donné son aval pour la conduite de cette opération et sa préparation  sur les plans logistique et matériel, avec le soutien de l’ensemble des  responsables des cellules de la région ouest, Ahmed Ben Bella et le  responsable de la cellule locale, Hammou Boutlélis.

Au commencement, la réflexion avait porté sur l’attaque d’un train  transportant des fonds entre Oran et Béchar.

Toutefois, l’idée avait été  vite abandonnée car, supposée risquée du fait qu’elle nécessitait des  éléments spécialisés et de gros moyens, soutient l’universitaire Belhadj  selon qui le militant Bekhti Nemmiche, employé comme préposé à la Poste  d’Oran était chargé de se procurer le plan des lieux à investir.

Il avait suggéré comme cible, ce centre régional qui finance la Grande  Poste d’Oran et les villes de l’ouest du pays et avait pour rôle, dans  cette opération, de trouver "la brèche" pour pouvoir y accéder en prenant  toutes les précautions nécessaires.

La préparation était parfaite pour cette importante opération et avait  duré trois mois entiers pour laquelle une petite chambre a été louée au  quartier de "Gambetta" (l’actuel Seddikia) à Oran par le militant de l’OS,  Gheddifi Benali.

Le lieu a servi de base des opérations et de la préparation du hold-up,  rappelle l'universitaire.

Le domicile d’un militant, en l'occurrence Zaou i Abdelkader, au quartier  populaire " les planteurs" (l’actuel Haï sanawber) a également servi dans  cette opération pour loger des membres du groupe qui devaient connaître  l’adresse du domicile du chahid Hamou Boutlélis, au Boulevard de Mascara,  pour procéder, après l’action, au transfert des fonds récupérés.

Concernant l’établissement visé, le choix a porté sur le militant Souidani  Boudjemaa pour repérer l’objectif que représentait la Poste d’Oran et  surveiller, pendant 15 jours, l’entrée et la sortie des véhicules et les  mouvements des agents.

Pour cette mission, Souidani Boudjemâa s’est fait passer pour un vendeur  ambulant opérant aux alentours de la Poste.

Ahmed Benbella s’est déguisé, quant à lui, en agent postier à l’entrée en  faisant la reconnaissance des coins et recoins de la poste, de l’intérieur,  rapporte l’historien. "L’exécution de l’opération dvait avoir lieu au mois de mars.  Toutefois,  il a été décidé de la reporter en raison d’une panne ayant touché le  véhicule devant servir de moyen de transport des fonds.

Ce n’est ainsi qu’en avril 1949 que le choix avait porté sur six militants  pour mener cette attaque.  Il s’agit de Belhadj Bouchaïb, le seul à porter  les armes dans cette opération, Mohammed Bouihi, Amar Haddad, Rabah  Louraghiou, Souidani Boudjemaa et Mohamed Khider.

Après quelques jours de surveillance de l’édifice, le feu vert a été donné  pour accéder au service de télégraphie, passage indiqué par le militant  Djelloul Nemmiche pour pénétrer à la Poste d'autant qu'il était le seul  service qui ouvre tôt le matin, et partant pouvoir voler la voiture ciblée  d’un médecin français pour mener cette opération.

Le 5 avril, les membres du commando accédèrent au service de télégraphie  après avoir réussi à tromper la vigilance d’un des agents postiers.  Ils se  sont dirigés directement vers l’étage supérieur où se trouvait le coffre  contenant plus de 30 millions de Francs. Cependant, les membres du commando ont été surpris par un planton qui  avait alerté la police.

Les membres de l’OS avaient réussi à prendre un  butin de 3.178.000 francs français qui devait être distribué aux sept  centres postaux d’Oran.  L’argent fut transporté rapidement au domicile de Hammou Boutlélis et  Mohamed Khider a été chargé d’acheminer les fonds jusqu’à Alger pour les  mettre au Commandement de l’OS.

 

Des armes pour préparer le déclenchement de la  lutte armée

Grâce aux fonds provenant de l’attaque de la Grande Poste, plus de 350  pièces d’armes et des munitions provenant de la Libye ont été acquis.

Le stock a été acheminé jusqu’à la région de "Machounch", ent re Biskra et  Batna et enterré dans une "Matmoura" jusqu’au déclenchement de la lutte  armée, rapporte Mohamed Belhadj, se référant au témoignage d’un des  organisateurs de l’opération, Ahmed Benbella.

Avant le déclenchement de la révolution armée, il a été procédé à la  distribution des armes dans la région Est du pays, selon le témoignage de

feu Ahmed Benbella, en tant qu’acteur et témoin, qui avait déclaré que  "l’argent de l’opération de la Poste d’Oran avait contribué en grande  partie au déclenchement de la lutte armée dans la région des Aurès".

  Ahmed Benbella a indiqué, dans ce cadre, "l’existence de plusieurs autres  opérations et attaques dans d’autres régions du pays, pour récupérer des  armes, des explosifs, des fusils de chasse et munitions".

 Selon l’universitaire "cette opération de la Grande Poste d’Oran était  décisive, voire un tournant dans l’histoire de la lutte armée au regard de  l’organisation parfaite et l’exécution minutieuse ainsi que son impact sur  le déclenchement de la Révolution".

Suite à cette audacieuse opération, une enquête judiciaire a été  déclenchée par les autorités coloniales sans qu’elle n’aboutisse à la  conclusion que cette attaque aurait un lien quelconque avec la question  nationale, mais confondue comme une opération de " casse et de banditisme"  ayant ciblé  la poste centrale d’Oran.

"Toutes les investigations ont convergé à cette piste et n’ont fait le  lien avec l’OS qu’après, une année, lors de la découverte de l’existence de  l’OS et son démantèlement.

Dans ce cadre, il a été procédé à l’arrestation de plusieurs auteurs de  l'opération, à l’instar de Hammou Boutlélis, condamné à 7 ans de prison,  Rabah Lourghiou à 20 ans de prison, Fellouh Meskine, 5 ans de prison et  Benaoum Benzerga, à plus de 10 ans.

Pour l’universitaire Mohamed Belhadj, il est aujourd'hui impératif "de  multiplier et d’approfondir les études monographiques et biographiques sur  les acteurs de cette opération qui n’a pas encore livré tous ses secrets",  en braquant les projecteurs sur d’autres membres à l’instar de Hadj  Benâala, Belkacem Zaoui, Djelloul Nemmiche, Benaoum Benzerga, Hocine  Abdelbaki, Gheddifi Benali, Amar Haddad et Mohamed Khider.

 

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