Peau : comment mieux traiter les maladies chroniques

Publié par DK NEWS le 13-12-2022, 14h41 | 4

Inesthétiques, contraignantes, parfois douloureuses... certaines maladies de peau perturbent vraiment la qualité de vie, même si elles sont souvent bénignes. Donc, pas question de se priver des traitements qui ont fait leurs preuves.  

L'ECZÉMA

Loin de ne concerner que les bébés et les enfants, l'eczéma touche entre 3 et 8 % des adultes. Survenant par poussées sur une peau de nature très sèche, les lésions rouges recouvertes de petites vésicules provoquent d'intenses démangeaisons.

Des soins émollients : essentielle, l'hydratation quotidienne avec des produits dits émollients permet d'espacer les poussées et de conserver une peau souple. La texture des produits s'est considérablement améliorée, rendant ce geste moins contraignant.

Des douches sans savon : on évite les bains, les gants de toilette et les lavants trop décapants. Préférer les douches tièdes et se laver avec les mains à l'aide de produits type syndets liquides (sans savon), savons surgras, pains dermatologiques, huiles lavantes. Sans frotter mais en tamponnant la peau pour la sécher.

Des dermocorticoïdes : "L'application de cortisone sur les lésions reste le traitement de référence, rappelle le Dr Anne-Claire Fougerousse, dermatologue. Utilisés en suivant les recommandations du médecin, les dermocorticoïdes sont sans danger". De nouvelles formes facilitent leur utilisation, notamment la mousse, intéressante pour traiter le cuir chevelu.

Du tacrolimus en pommade : en cas d'échec des dermocorticoïdes ou de contre-indications, les dermatologues peuvent prescrire du tacrolimus (Protopic®). "Cet immunomodulateur (qui régule les réactions du système immunitaire) nécessite des précautions d'emploi. Mais appliqué deux fois par jours lors des poussées, puis deux fois par semaine en phase d'entretien, il donne de bons résultats", souligne le Dr Fougerousse.

Des stratégies antistress : le stress est souvent impliqué dans la survenue des poussées. À chacun de trouver sa méthode pour le gérer : sport, méditation, sophrologie...

 

LE PSORIASIS

Dans cette maladie, les cellules de l'épiderme se renouvellent en 3 à 5 jours au lieu des 21 à 28 jours habituels. Des plaques rouges couvertes de squames apparaissent au niveau du cuir chevelu, des coudes, des genoux... Cette inflammation chronique entraîne deux fois sur trois des démangeaisons. Trop souvent, elle suscite encore des réactions de rejet de la part de l'entourage.

Des traitements locaux : généralement composés d'une substance proche de la vitamine D et/ou d'un dermocorticoïde, ils sont très efficaces contre les poussées à condition d'être utilisés tous les jours le premier mois. Par la suite, les applications sont plus espacées.

Des traitements oraux : rétinoïdes, méthotrexate, ciclosporine ou biothérapies sont réservés aux formes sévères car ils comportent des contre-indications et peuvent entraîner d'importants effets secondaires. Mais leur intérêt est réel.

Une vie plus saine : stress, tabagisme, consommation excessive d'alcool sont des facteurs aggravants sur lesquels on peut agir.

 

LA ROSACÉE

Très inesthétique et difficile à vivre, car associée à tort à une forte consommation d'alcool, cette maladie des petits vaisseaux sanguins du visage se caractérise par de fortes rougeurs, parfois associées à des boutons inflammatoires (papules et pustules). Elle s'accompagne aussi de désagréables sensations d'échauffement et de tiraillement au niveau de la peau.

Une protection optimale au soleil : le plus important pour limiter la progression de la maladie est de bien protéger la peau contre les UV.

De nouvelles habitudes : il faut éviter les épices, l'alcool, le thé, le café et les activités physiques trop intenses, qui ont un effet vasodila­tateur et accentuent les symptômes. Côté salle de bains, privilégier les nettoyants très doux (pas de lotion à base d'alcool, pas de gommage) et les soins hydratants très fluides.

Des traitements locaux et/ou des antibiotiques : un large panel de traitements permet de freiner l'évolution des lésions, voire de les faire régresser. Mais ils doivent être pris pendant au moins 3 mois.

Des séances de laser : il en faut généralement plusieurs à 3 semaines d'intervalle, en dehors des périodes ensoleillées. Autour de 100 € la séance (non remboursé).

Des produits de "camouflage" : des poudres libres et des sticks riches en pigments verts (Vichy, Avène, La Roche-Posay) permettent d'atténuer les rougeurs du visage.

 

LE VITILIGO

Cette maladie sans gravité entraîne l'apparition de taches blanches dues à une dépigmentation de la peau. Aucun traitement ne peut les recolorer totalement ou stopper définitivement leur extension. Cela explique-t-il que certains médecins disent encore à leurs patients qu'il n'y a pas grand-chose à faire ? Pourtant, il existe des solutions pour atténuer ces manifestations.

Des corticoïdes locaux de classe 3 : leurs effets immunosuppresseurs et anti-inflammatoires semblent aider à la stabilisation de la progression de la dépigmentation. Ils favoriseraient une repigmentation de zones localisées avec un taux d'amélioration entre 20 et 90 %. Mais des effets indésirables obligent parfois à limiter leur utilisation.

Du tacrolimus en pommade : utilisé hors AMM (autorisation de mise sur le marché), cet immunosuppresseur semble donner des résultats comparables à ceux des dermocorticoïdes, avec moins d'effets secondaires.

Des greffes mélanocytaires : ce geste chirurgical, qui consiste le plus souvent à prélever des mélanocytes au niveau du cuir chevelu, donne de bons résultats sur les vitiligos segmentaires (zone de peau bien limitée, en forme de bande et d'un seul côté du corps) stables depuis 3 ans.

Du maquillage correcteur : il est possible d'unifier la couleur avec un fond de teint compact (Avène, La Roche-Posay, Vichy). Après l'avoir déposé sur le visage, lisser avec une éponge du centre vers l'extérieur. Reprendre ensuite un peu de produit et insister sur les taches de vitiligo, avec le doigt ou l'éponge, pour couvrir plus intensément. Terminer par un nuage de poudre pour une fixation parfaite. On peut aussi ne maquiller que la zone concernée, en étirant les contours afin d'éviter les démarcations. S'il s'agit d'une petite zone dépigmentée, comme le contour de la bouche ou des yeux, on la maquille avec un crayon correcteur sourcils blond.

Un autobronzant : pour camoufler le vitiligo au niveau des mains, le mieux est d'appliquer de l'autobronzant sur la zone dépigmentée, trois soirs de suite pour commencer, puis une fois tous les 2 ou 3 jours. Bien essuyer les contours pour éviter les démarcations.

Les UV médicaux peuvent aider : la photothérapie, c'est-à-dire des expositions aux UV strictement encadrées par un dermatologue, peut faire partie du traitement. C'est également le cas du psoriasis ou de l'eczéma.

 

QUI CONSULTER ?

Le délai d'attente moyen pour obtenir un rendez-vous chez un dermatologue est de 64 jours. Si un avis médical rapide est nécessaire, le mieux est de consulter son médecin généraliste. Si besoin, il pourra alors accélérer la prise de rendez-vous avec un spécialiste. Pour trouver un praticien près de chez soi, on peut consulter l'annuaire gratuit en ligne Mon Docteur et connaître ainsi les disponibilités des dermatologues inscrits sur cette plateforme.

 

SOS GRAIN DE BEAUTÉ SUSPECT

Huit fois sur dix, les mélanomes (cancers de la peau les plus agressifs) se développent à partir d'une peau normale et apparaissent sous la forme d'une tache pigmentée ressemblant à un grain de beauté. Plus rarement, ils se développent à partir d'un grain de beauté préexistant.

Ce qui doit alerter ? Une tache colorée irrégulière qui vient d'apparaître ou un grain de beauté qui s'est modifié récemment, répondant à au moins 3 des critères suivants :  A comme Asymétrie, B comme Bordure irrégulière, C pour Couleur non uniforme, D pour Diamètre supérieur à 6 mm, E pour Évolutivité. Attention aux variations rapides de couleur, de taille, de forme, ou de volume, démangeaisons, formation de croûtes, saignements spontanés. Par précaution, il est conseillé de montrer sa peau à un médecin une fois par an. Merci au Dr Philippe Deshayes, dermatologue.