Mostaganem: le martyr Bordji Amar, symbole de l’action révolutionnaire

Publié par Dknews le 21-12-2022, 18h13 | 21

Le martyr Bordji Amar, coordinateur des attaques du 1er novembre 1954 dans les montagnes du Dahra (Est de Mostaganem), est considéré comme un symbole de l'action nationale, à la fois politique et révolutionnaire, contre les colonialistes français.

Né en 1923 au village Ouled El-Hadj, dans l'ancienne commune de Ouillis (aujourd'hui Benabdelmalek Ramdane) à l'est de Mostaganem, Bordji Amar figure parmi ceux ayant appartenu au premier contingent de martyrs ayant inscrit leurs noms en lettres d'or dans l'histoire du pays.

Il a fait preuve d'une activité et d'un esprit distingué, ce qui explique le respect et l'appréciation de la part de ses responsables politiques.

Il devient, en un court laps de temps, responsable régional du Parti populaire algérien (PPA), qu'il a rejoint dans les années 40 du siècle dernier.

Bordji Amar avait fait de son domicile, à l'intérieur du village, un sanctuaire pour les militants et un foyer de patriotisme, qu'il a semé dans les consciences de tous ceux qui appartenaient aux cellules établies au cœur du Dahra de l’ouest, a indiqué à l'APS le secrétaire de wilaya de l’Organisation nationale des moudjahidine, Ammar Mohamed, à la veille du 68e anniversaire de la disparution du martyr, le 22 décembre 1954.

Avant la crise du Mouvement pour le Triomphe des Libertés Démocratiques (MTLD), Bordji Amar a participé aux élections municipales de 1947 et a transféré son activité publique du Dahra au Bassin de la Mina à Relizane, dans l'actuelle commune de Yellel, qui faisait à l'époque partie du territoire de Mostaganem, d'après le professeur en Histoire moderne et contemporaine à l'Université "Ibn Khaldoun" de Tiaret, Mohamed Bellil.

Parce que son activité publique et intense dérangeait l'administration française, il se trouva persécuté et le harcèlement qui l'affectait le poussa à activer dans la clandestinité et à rejoindre l'Organisation spéciale, en 1948, avant de retourner dans la région du Dahra où il fut le lien entre Cassaigne (actuellement Sidi Ali), Mostaganem et Oran, en compagnie d'autres combattants, dont le martyr Hamadou Hocine, ajoute le Pr Bellil.

En 1953, Bordji Omar était l'élément proéminent de la région et un pôle de l’action clandestine, et, en compagnie d'un membre du groupe historique des 22 en l'ocurrence le martyr Benabdelmalek Ramdane, il commença à préparer les éléments armés qui allaient donner la première étincelle de la Guerre de libération à Cassaigne, Ouillis et Bosquet (actuellement Hadjadj), selon le secrétaire de wilaya de l’ONM.

 

52 jours, un voyage vers le martyre

En effet, comme l'attendait le groupe historique des 22 et les dirigeants de l'Oranie, la région du Dahra était prête à l'action armée, dès la première heure de la Glorieuse Guerre de libération.

Durant l'été 1954, trois réunions ont eu lieu pour former les groupes armés, les préparer à l'action révolutionnaire et définir les cibles des colonialistes français à atteindre par les Moudjahidine, détaille le professeur Bellil.

Dans toutes ces étapes, le martyr Bordji Amar a été un élément essentiel de l'action et au sein du cercle restreint de la direction de la région d'Oran.

Cette dernière comprenait également les deux martyrs, Larbi Ben M'hidi (commandant de la région d'Oran) et Benabdelmalek Ramdane (commandant du Dahra), ajoute-t-il.

Bordji Amar a participé à l'organisation et mena également l'attaque de la nuit du 1er novembre 1954, qui cibla plusieurs sites des colonialistes français, restant à l’affut sur les lieux pour observer la situation, en compagnie de son neveu, le martyr Bordji Kaddour.

Après des heures d'opérations qui ont coûté la vie à l'un des colonialistes français, tous les combattants ont été cib lés par les forces coloniales qui les ont poursuivis pour les arrêter, alors que le commandant de la région, Si Abdallah (Benabdelmalek Ramdane) est tombé au champ d'honneur, le 4 novembre 1954, rappelle le secrétaire de wilaya de l'ONM.

Parce qu'il a ressenti le besoin de faire pression sur le colonialiste français, notamment après l'arrestation de son compagnon, le martyr Bordji Kaddour, conduit au centre d'interrogatoire et de torture, puis son évasion, Bordji Amar n’a pas arrêté, durant les 52 jours suivants, la lutte armée dans la région, souligne encore le professeur Bellil.

Toutes les tentatives pour le piéger et l'arrêter, en sa qualité de source importante d'informations, ont été vaines.

Les forces françaises ont, durant la septième semaine de la Guerre de libération, découvert la cachette dans laquelle il s’était réfugié, mais Bordji Amar a refusé de se rendre à la gendarmerie et la police françaises qui encerclaient la forêt.

Il a donc détruit tous les documents qu'il avait en sa possession et a résistés aux assauts avec le martyr Bordji Kaddour, tombant tous les deux au champ d’honneur, le 22 décembre 1954.

Malgré le passage de plusieurs décennies, le souvenir des deux martyrs - l'oncle et son neveu - est encore présent dans l'esprit des habitants du village, de la wilaya et de tous les habitants de la région du Dahra, qui visitent encore Dar El-Bordji comme symbole d'héroïsme et de résistance, évoquant leurs exploits avec beaucoup de fierté.

La wilaya de Mostaganem a consacré à ce martyr une exposition itinérante, réalisée par le Musée local du moudjahid, en plus de la restauration de Dar El-Bordji, afin qu'elle soit un témoin vivant, et le parcours du martyr une partie importante dans le Registre d’or réalisé en 2021, dans les livres, les articles des historiens et des chercheurs, ainsi que dans la Mémoire nationale.