système immunitaire : Comment il fonctionne en 9 vrai/faux

Publié par DK NEWS le 18-01-2023, 14h30 | 81

Le retour de l'automne, accompagné parfois de fatigue et de stress, fragilise nos défenses immunitaires. Sans compter que la vie avec le Covid-19 les met aussi à rude épreuve. Alors on révise nos connaissances sur son fonctionnement pour l'aider à faire front.  

Bactéries, virus, champignons, parasites... notre environnement est riche en microbes en tout genre, susceptibles de nous rendre malades. Heureusement, invisible à nos yeux, notre système immunitaire veille en permanence, de jour comme de nuit. Véritable forteresse entre nous et l'extérieur, il peut repérer tout intrus qui s'aventurerait dans notre organisme et l'éliminer. Sans lui, notre environnement nous serait bien hostile, et notre vie sur Terre, impossible... comme en témoignent les enfants atteints d'un "déficit immunitaire combiné sévère" (SCID-X1), appelés communément "enfants-bulles", dont les défenses immunitaires sont si affaiblies qu'ils doivent être protégés de l'extérieur, dans une "bulle".

 

LE SYSTÈME IMMUNITAIRE FONCTIONNE DÈS LA NAISSANCE

Mais il n'y a pas que les microbes : nos défenses immunitaires ont également le pouvoir de repérer et de détruire tous corps étrangers et cellules n'ayant pas exactement la même identité que les nôtres, comme les cellules tumorales...

Fonctionnel dès la naissance, et présent au niveau de tous nos organes, notamment ceux à la frontière entre l'intérieur et l'extérieur du corps (peau, muqueuses, sang, tube digestif), notre système immunitaire est d'une formidable complexité. "Il comprend plusieurs types de cellules spécialisées qui patrouillent en permanence dans tout notre corps. Certaines, appelées macrophages, neutrophiles, etc., sont capables de détruire n 'importe quel agent pathogène, sans distinction. Alors que d'autres, dits lymphocytes T et B, sont spécifiques d'un "antigène" donné et ne ciblent que celui-ci. Capables de communiquer entre elles et avec d' autres cellules de l' organisme, ces différentes cellules constituent un système de défense très efficace et robuste", s'enthousiasme le Pr Philippe Bousso, directeur du département d'immunologie à l'Institut Pasteur.

 

ÉVITER SON AFFAIBLISSEMENT À TOUT PRIX

Mais que notre système immunitaire soit affaibli par une carence alimentaire, un stress, une fatigue ou tout autre type d'agression, et cela peut être la maladie ! Même s'il est très difficile d'augmenter notre immunité via des approches alimentaire ou comportementale, il est possible d'éviter qu'elle ne s'affaiblisse sachant que, comme notre corps en général, elle a besoin de certains éléments pour bien fonctionner : une alimentation adaptée et une bonne hygiène de vie", souligne Philippe Bousso. Par ailleurs, il est possible d'augmenter notre immunité via un "produit" qui a fait ses preuves : la vaccination !

 

1/9 - Se tenir au-dessus du vide renforcerait nos défenses immunitaires

VRAI. Si le stress chronique lié au travail ou à un surmenage affaiblit l'immunité, le stress "aigu" (passager) généré par le fait de se tenir à plusieurs dizaines de mètres au-dessus du vide, pourrait, au contraire, la renforcer ! C'est ce que suggère une étude chinoise publiée en avril 2020 dans la très sérieuse revue scientifique Nature. Le stress généré par la peur du vide stimulerait la rate, laquelle s'est avérée être directement connectée à deux zones cérébrales gérant le stress : l'amygdale et le noyau paraventriculaire. Ceci dit, d'autres travaux sont nécessaires pour confirmer ces résultats chez l'humain.

 

2/9 - Une immunité boostée est forcément une bonne chose

FAUX. Pour nous protéger au mieux, nos défenses immunitaires doivent rester dans un subtil équilibre, et fonctionner ni trop peu... ni, au contraire, trop fort. Un système immunitaire suractivé peut induire des maladies auto-immunes, où le système immunitaire attaque nos propres cellules. Cela peut aussi conduire à des allergies, qui correspondent à une réaction immunitaire exagérée contre des antigènes a priori inoffensifs. Enfin, une immunité trop active peut également entraîner des complications pouvant léser les organes. Comme cela est le cas dans des formes graves du Covid-19, où la réponse immunitaire s'emballe tellement ("orage cytokinique"), qu'elle peut entraîner une insuffisance respiratoire potentiellement mortelle : un syndrome de détresse respiratoire aiguë.

 

3/9 - Notre immunité est moins efficace quand on est déprimé

VRAI. Plusieurs études ont montré que les personnes déprimées ont souvent de faibles taux en certaines cellules immunitaires et sont plus à risque d'infections. De fait, les systèmes immunitaire et nerveux central (cerveau) ne sont pas isolés. Ainsi des travaux américains de 2015 ont révélé la présence de vaisseaux lymphatiques (où circulent des cellules immunitaires) dans le cerveau de souris, indiquant un lien anatomique direct entre les deux systèmes. Ceux-ci communiquent entre eux via des hormones et des cytokines (substances immunitaires). De sorte qu'un trouble au niveau cérébral peut se répercuter au niveau immunitaire et inversement : les patients atteints de maladies auto-immunes, où l'immunité est suractivée (lupus, diabète de type 1...), sont souvent déprimés.

 

4/9 - Notre système immunitaire est complètement formé à la naissance

FAUX.  Rappelons qu'il comprend deux grandes composantes : "l'immunité non spécifique ", qui agit en quelques minutes, sans tenir compte de la nature de l'agent combattu et "l'immunité spécifique", plus lente, mais dotée d'armes plus puissantes et ciblées, dont les anticorps. La première nécessite quelques mois de maturation après la naissance, ce qui lui permet d'apprendre à tolérer le lait de la mère, les micro-organismes inoffensifs sur la peau de celle-ci, etc. La seconde se forge, elle, toute la vie, au fil des contacts avec de nouveaux pathogènes (d'où son autre nom : "immunité acquise" par opposition à "immunité innée" pour la première. Lors de ses 6 premiers mois de vie, le nouveau-né est protégé par des anticorps maternels, transmis lors de la grossesse et de l'allaitement.

 

5/9 - Les femmes enceintes ont moins de défenses immunitaires

VRAI. Voilà pourquoi elles ont un risque accru de faire des complications (infection généralisée... ) si elles contractent certaines infections habituellement bénignes, notamment la varicelle ou la listériose. Cette baisse d'immunité est due à un phénomène biologique non encore complètement élucidé : la "tolérance fœto-maternelle".  Induite par des molécules sécrétées par le placenta (HL A-G, etc. ), celle-ci évite que les défenses immunitaires de la mère n'attaquent le fœtus, un corps étranger, génétiquement différent de la mère à 50 %, puisque la moitié de ses gènes sont d'origine paternelle.. Résultat : pendant 9 mois, l'organisme de la mère tolère le futur bébé... au prix d'une certaine fragilité immunitaire.

 

6/9 - Une fois que l'on a guéri d'une infection, on est immunisé à vie contre elle

VRAI ET FAUX. C'est vrai pour beaucoup de maladies (varicelle, rougeole, oreillons...)... pas pour toutes. Certains virus, comme celui de la grippe ou du sida, mutent si rapidement que si notre système immunitaire développe des lymphocytes T, mémoires contre leur forme initiale, ces lymphocytes ne reconnaîtront pas leurs nouvelles formes. Quant aux infections liées à une bactérie ou une substance bactérienne (diphtérie, tétanos...), « comme elles ne stimulent pas fortement les lymphocytes T, elles permettent une mémoire immunitaire de seulement plusieurs mois ou années, mais pas à vie. Concernant le Covid-19, en raison du manque de recul, il est impossible de savoir à ce jour s'il induit une immunité transitoire ou à vie.

 

7/9 - Nos défenses immunitaires déclinent avec l'âge

VRAI. Comme nos autres cellules, les cellules immunitaires subissent un vieillissement naturel qui diminue leur efficacité. Survenant à partir de 40 ans et s'accélérant après 65 ans, cette "immunosénescence" altère le fonctionnement des cellules immunitaires, et non leur nombre. Notamment, les capacités de notre immunité à distinguer nos cellules des corps étrangers, à détruire les cellules tumorales et à se souvenir d'un antigène donné, se trouvent amoindries. D'où, respectivement, un surrisque de maladies auto-immunes (où le système immunitaire attaque nos propres cellules : lupus, diabète de type 1...), de cancers, et de complications en cas d'infections (grippe, etc. ).

 

8/9 - L'hygiène est toujours bénéfique pour l'immunité

FAUX. Si avoir une bonne hygiène des mains est crucial pour diminuer le risque de contamination en cas d'épidémie, gare à l'excès d'hygiène lors de la petite enfance. Les contacts entre agents extérieurs et système immunitaire - possibles quand l'enfant touche de la terre ou un animal - permettent d'entraîner l'immunité à distinguer agents pathogènes et agents inoffensifs (pollens, poils d'animaux...) et de développer ainsi une tolérance envers ces derniers. Ceci permettrait d'éviter allergies et maladies auto-immunes, liées à une réponse immunitaire anormalement exagérée contre, respectivement, des agents bénins ou nos propres cellules. C'est l'hypothèse hygiéniste souvent avancée pour expliquer le boom des allergies ces dernières décennies, et soutenue par plusieurs études.

 

9/9 - Les cellules tumorales et le virus du sida peuvent déjouer notre immunité

VRAI. Concernant les premières, « certaines arrivent à brider notre immunité, notamment en activant des éléments l'inhibant appelés "points de contrôle" ou "check points" immunitaires. Résultat, le système immunitaire ne les reconnaît plus comme des cellules anormales et ne peut plus les attaquer ; ce qui leur permet de continuer à proliférer. Concernant le virus du sida, le VIH, s'il est si redoutable, c'est parce qu'il s'attaque directement au système immunitaire : il infecte des globules blancs cruciaux, les lymphocytes T4, et y introduit son propre matériel génétique. Les T4 se mettent alors à travailler pour le virus et à produire ses propres protéines pour lui permettre de se multiplier... avant qu'ils ne meurent. Conséquence, ils ne remplissent plus leur mission immunitaire.