Histoire de la Révolution : Didouche Mourad incarnait la force de mobilisation pour l’indépendance de l’Algérie (témoignages)

Publié par DK NEWS le 18-01-2023, 15h23 | 16

Le chahid Didouche Mourad, un des architectes de la glorieuse Révolution de libération nationale, tombé au champ d’honneur le 18 janvier 1955 dans la wilaya de Constantine, avait une force de persuasion qui lui permettait de "mieux mobiliser" contre le colonisateur français, selon des témoignages recueillis mardi par l’APS auprès d’historiens et de moudjahidine.  

Chef de la zone 2, Didouche Mourad membre du groupe des 6 historiques ayant préparé le déclenchement de la Révolution libératrice du 1er novembre 1954, était réputé pour son haut sens de conviction nourri par son amour de la patrie et parvenait à renforcer la mobilisation pour le projet révolutionnaire, a indiqué Dr Abdallah Moussaoui du département d’histoire à l’université Abdelhamid Mehri (Constantine-2).

Se basant sur ses recherches sur la vie et le parcours révolutionnaire du Chahid Didouche Mourad, Dr Moussaoui a affirmé, en marge d’une conférence animée à la maison de la culture Malek Haddad à l’occasion de la commémoration du 68ème anniversaire de sa mort, que c'est Didouche qui avait convaincu Ali Mendjeli, une grande figure de la lutte de libération nationale, à rejoindre le projet révolutionnaire de l’Algérie.

 Bien imprégné des données du terrain car engagé corps et âme pour la cause nationale, le chahid Didouche Mourad usait d’un discours fondé et entrainant, selon Dr Moussaoui qui a indiqué que ce héros établissait des stratégies de lutte qui mobilisaient tout le monde autour de lui. Evoquant son étroite collaboration avec Mohamed Boudiaf, Dr Moussaoui est revenu sur la stratégie de Didouche pour "l’aménagement" des maquis pour constituer "l’abri sur" des moudjahiddine et mettre la nature au service de la lutte armée.

Dans son intervention, le secrétaire de wilaya de l’Organisation nationale des moudjahidine (ONM), le moudjahid Mahmoud Bourbouna a indiqué que le Chahid Didouche Mourad, pris au dépourvu avec ses camarades de lutte alors qu’ils traversaient Oued Boukarkar, a fait montre de courage et d’héroïsme en appelant ses camarades (ils étaient 17) à faire face et lutter sans prêter attention aux rapports de force, car l’enjeu était plutôt de donner la preuve au peuple que le combat et la résistance sont là. Pour Didouche Mourad, la bataille était d’une importance "capitale", peu importait son résultat.

Pour lui, l’essentiel était son effet sur le peuple, a soulig né M. Bourbouna, précisant qu’il était question, dans cette bataille, de montrer au peuple que la résistance est réelle quelles que soient les conditions et les circonstances. "C’était ça le message entrainant de Didouche", a-t-il soutenu.

Le secrétaire de wilaya de l’Organisation nationale des moudjahidine, évoquant l’héroïsme de Didouche Mourad (1927-1955), a fait part également de son caractère implacable devant l’ennemi. "Il était fort et imperturbable", a ajouté M. Bourbouna, précisant que même lorsqu’il a était arrêté par l’armée française dans un des cafés de Constantine, le Chahid n’avait pas rendu l’arme et n’a pas paniqué. Bien au contraire et avec un comportement serein, il a fait sortir son arme au lieu d’exhiber ses papiers et s’est engouffré dans les ruelles de la ville en dépit des forces coloniales déployées aux alentours.

 Didouche Mourad, surnommé "Abdelkader", circulait avec plusieurs fausses identités pour échapper à la police coloniale qui le recherchait partout, a souligné le moudjahid Said Boucherikha, présent à la bataille d’Oued Boukarkar durant laquelle sept moudjahidine dont Didouche Mourad étaient tombés au champ d’honneur.

 La commémoration du 68ème anniversaire de la mort de Didouche Mourad à Constantine a été marquée par un programme varié supervisé par les autorités locales qui se sont dirigées dans la matinée vers la stèle Boukarkar dans la commune de Zighoud Youcef où une gerbe de fleur a été posée et la Fatiha lue à la mémoire des Chouhada.

A la maison de la culture Malek Haddad, les autorité locales se sont intéressées à une exposition relatant les faits de la résistance nationale contre le colonisateur français, avant d'assister à une présentation théâtrale sur la glorieuse Révolution.