Cancer de la prostate : a-t-il un lien avec l'alimentation ?

Publié par DK NEWS le 07-02-2023, 17h30 | 9

Et si l'alimentation avait aussi un rôle sur le bon fonctionnement de la prostate ? Une récente étude suggère que le cancer de la prostate pourrait dépendre aussi de l'alimentation.

L'étude se passe à Montréal. Les résultats médicaux de 4000 hommes, examinés entre 2005 et 2012, sont passés au peigne fin par une chercheuse de l'INRS, la professeure Marie-Elise Parent. Elle cherche à comprendre s'il peut y avoir un lien entre cancer de la prostate et alimentation... Et la réponse est plutôt oui, souligne l'étude.

Pour en arriver à cette conclusion, elle a divisé les 4 000 profils masculins étudiés en trois catégories alimentaires : saine (essentiellement végétale), occidentale avec sel et alcool, et occidentale avec sucreries et boissons (pâtes, pizzas, sodas). D'autre part, elle associe l'âge des sujets, les antécédents médicaux des patients, l'ethnicité mais aussi l'éducation.

 

ALCOOL ET SEL, SANS LIEN VÉRITABLE AVEC LE CANCER DE LA PROSTATE

Sans véritable surprise, elle s'est aperçue que les hommes ayant une alimentation saine avaient moins tendance à développer un cancer de la prostate. Et que ceux dont l'alimentation était composée de sucre et de boissons gazeuses développaient des cancers de la prostate plus agressifs. Mais contre toute attente, l'alimentation à base de sel et d'alcool (bière et vin) n'a pas permis d'établir un lien clair avec ce type de cancer.

Le choix d'un "profil alimentaire", plutôt que d'isoler un ou plusieurs aliments potentiellement à risque, permet de faire des recommandations nutritionnelles plus globales, à la suite de cette étude. "Plutôt que de miser sur un aliment miracle, on adopte un profil alimentaire" pour se prémunir d'un cancer de la prostate, a conclut la chercheuse.

 

CANCER DE LA PROSTATE : FAUT-IL SE FAIRE DÉPISTER ?

Le cancer de la prostate survient tardivement et il a en général une évolution lente. Beaucoup d'hommes concernés mourront donc d'autre chose que de leur cancer. "On estime que 70 % des hommes de 80 ans ont un cancer de la prostate" rappelle le Dr Jean-Baptiste Méric. Pas question, donc, d'aller dépister ces tumeurs chez des patients âgés ! Il en est tout autrement pour des hommes plus jeunes ou des personnes à risques (patients afro-antillais, hommes dont le père ou le grand-père est mort d'un cancer de la prostate... ). Pour ceux-là, mieux vaut un dépistage dès 45 ans ; pour les autres, à partir de 50 ans.

 

1/6 - Pas de dépistage organisé. Le cancer de la prostate ne bénéficie pas d'un "dépistage organisé" comme celui du côlon. Le bilan est réalisé à la demande du patient ou à l'initiative du médecin traitant. Ce dernier passe la main à l'urologue lorsque le dosage de PSA (antigène prostatique spécifique) sécrétée par la prostate, est suspect.

 

2/6 - En cas de PSA élevé, le patient entre dans un parcours d'examens délicats : toucher rectal, voire biopsies et IRM afin de déterminer s'il y a un cancer, sa localisation, sa taille, son agressivité et décider s'il faut traiter ou pas.

 

3/6 - PSA élevé n'est pas synonyme de cancer. Sur dix patients ayant un PSA supérieur à 4 - valeur à partir de laquelle les clignotants passent à l'orange -, trois seulement ont réellement un cancer.

 

4/6 - Le traitement n'est pas toujours immédiat. Les urologues suggèrent de plus en plus souvent une "surveillance active". Le médecin ne traite pas d'emblée, mais suit le patient régulièrement.

 

5/6 - Pas d'augmentation du risque. Les études ont montré que la surveillance active n'entraînait aucune "perte de chance ", c'est-à-dire que le fait de ne pas traiter immédiatement n'augmentait pas les risques de développer un cancer plus grave.

 

6/6 - Une mortalité en baisse. Le cancer de la prostate est le cancer le plus fréquent en France (54 000 cas par an). Mais depuis 2005, la mortalité par cancer de la prostate diminue de 4 % par an. Une baisse que le Pr Thierry Lebret, président de l'Association française d'urologie (AFU), attribue au développement de la mesure du PSA.