Lutte contre la toxicomanie : Les associations une "interface" entre la société et les institutions (spécialistes)

Publié par DK NEWS le 06-05-2023, 15h44 | 10

Les associations constituent un "partenaire incontournable" dans la lutte et la prévention contre les stupéfiants et une "interface"entre la société et les institutions, s'accordent à dire, dans des déclarations à l'APS, des spécialistes.

Dans ce sens, le responsable de la Promotion de la Santé mentale au ministère de la Santé, le Pr Mohamed Chakali, a tenu à mettre en garde contre la menace "croissante" des stupéfiants en Algérie, touchant en particulier les jeunes, considérant que la société civile "a un rôle très important à jouer dans le cadre des efforts de prévention, de sensibilisation et d'accompagnement menés sans relâche par les pouvoirs publiques".

Il a suggéré de faire contribuer les associations mais aussi les anciens toxicomanes aux efforts de lutte à travers leurs témoignages.

Le Pr Chakali a mis en avant l'importance d'impliquer tous les secteurs dans les campagnes de sensibilisation, insistant sur "la multiplication des formations complémentaires dédiées au personnel médical spécialisé dans la prise en charge des personnes sous l'emprise de la drogue" .

Il a rappelé à ce propos que le ministère de la Santé avait formé, depuis 2018, quatre promotions de médecins généralistes.

Une démarche, a-t-il estimé, qui demeure insuffisante".

Le Pr Messaoudi Abdelkrim, chef de service à l'Etablissement hospitalier spécialisé (EHS) de psychiatrie de Chéraga, a regretté pour sa part, "la propagation des différentes drogues en Algérie, surtout dans le milieu des jeunes, cible des réseaux criminels", constatant que "de plus en plus de jeunes consomment des drogues dures qui agissent directement sur le cerveau".

"Le centre de soins intermédiaires des addictions ouverts en 2014 a été érigé en 2016 en unité de soins des addictions, qui reçoit des patients venus de toutes les wilayas du pays avec une moyenne de 40 consultations par jour", a précisé le spécialiste.

Il a expliqué que "son unité a entamé, depuis l'année dernière, des soins par substitution par méthadone (médicament qui soulage les douleurs de la dépendance) en plus des soins nécessaires aux malades addicts sur les plans psychologique, médical et biologique mais aussi la prise en charge et l'accompagnement à domicile des toxicomanes".

Le Pr Messaoudi a indiqué, en outre, que la prise en charge des personnes dépendant de la drogue "doit être pluridisciplinaire et reposer le plus souve nt sur l'association d'une prise en charge psychologique individuelle et collective, d'un traitement médicamenteux pour les addictions à certaines substances et d'un accompagnement social".

Il a mis en avant le rôle des acteurs de la société civile et des associations dans le domaine de la prévention de la toxicomanie, en appui aux efforts déployés par les pouvoirs publics ainsi que le rôle des parents dans le contrôle et le suivi des comportements de leurs enfants en vue d'agir au moment opportun".

Le Pr Rachid Belhadj, chef de service de médecine légale au Centre Universito-Hospitalier (CHU) Mustapha Bacha, a également mis en garde contre "les proportions que prend le phénomène en Algérie", soulignant que le nombre de toxicomanes que reçoit son service est en hausse chaque semaine.

Il a fait savoir qu'un projet de création d'une unité de prise en charge de toxicomanes dotée d'équipements de pointe est en cours de réalisation au niveau du CHU Mustapha Bacha pour faciliter au service des urgences et réanimations de poser le bon diagnostic.

"Nous sommes aussi en train de réfléchir à la création d'unités d'addiction multidisciplinaires", a-t-il conclu.