Pourquoi faut-il être à jeun avant une prise de sang ?

Publié par DK NEWS le 15-07-2023, 14h13 | 1151

Vous vous êtes toujours demandé pourquoi vous deviez faire vos prises de sang le ventre vide ? Ça tombe bien : nous avons posé la question au pharmacien-biologiste Caroline Aymar.  

Nous avons tous vécu cette situation : il est très tôt, vous venez à peine de vous lever, mais vous êtes déjà dehors parce que vous allez faire une prise de sang. Et vous avez très faim. En passant devant la vitrine d’une boulangerie, un croissant vous fait de l’œil. Le laboratoire vous a bien demandé d’arriver à jeun, mais vous vous dites qu’un micro petit-dèj ne changera pas grand-chose ? Détrompez-vous. Une simple viennoiserie peut fausser l’analyse, et le docteur Caroline Aymar, pharmacien-biologiste et responsable du Laboratoire de la Bibliothèque à Paris, vous explique pourquoi.

 

Ne troublez pas vos paramètres biologiques

Glycémie, cholestérol, homocystéine, acides biliaires : pour la majeure partie des dosages effectués en laboratoire, vous devez compter 10 à 12 heures entre votre dernier repas et la prise de sang. L’objectif : ne pas créer d’interférences biologiques au moment du prélèvement. "Si vous mangez avant, vous allez troubler les valeurs de référence, qui sont fixées dans certaines conditions, explique Caroline Aymar. Et celles que nous trouverons ne pourront pas être interprétées. Il faut par exemple attendre 12 heures avant que les graisses soient métabolisées. Un simple croissant avant la prise de sang, et on se retrouve avec un taux de cholestérol au plafond !"

Cela dit, certains examens ne seront pas bouleversés par un jeûne moins long : "Un sucre est métabolisé plus vite qu’une graisse. Pour la glycémie, par exemple, on peut donc accepter 8 heures, ce qui correspond au temps d’élimination du substrat. Même si on préconise 10 à 12 heures officiellement."

 

Pour quelles analyses faut-il à jeune ?

Pour un bilan thyroïdien, ce n'est pas la peine. Mais il faut être à jeun pour les analyses courantes comme la glycémie (taux de sucre), le bilan lipidique (taux de graisses, cholestérol et triglycérides), la vitesse de sédimentation ou encore le dosage du fer (ferritine).

 

Le thé ou le café sont autorisés

Si vous ne pouvez pas manger, ne vous déshydratez pas pour autant. Non seulement vous pouvez boire de l’eau, mais il est même possible de consommer un thé ou un café sans sucre ni lait : "Avant, nous préconisions un jeûne hydrique [qui autorise seulement l’eau, ndlr.], mais nous avons évolué là-dessus. Ce n’est franchement pas la peine de mettre les gens dans des situations compliquées."

Mais gardez toutefois à l’esprit que certains prélèvements imposent des conditions beaucoup plus strictes. C’est notamment le cas du test respiratoire Helikit - employé pour détecter la présence de la bactérie Helicobacter pylori - avant lequel vous ne pouvez ni boire, ni manger, ni fumer pendant 10 à 12 heures (même un brossage de dents est déconseillé.)

D’autres analyses, enfin, comme l’ACTH, l’aldostérone ou la prolactine, "sont sensibles à d’autres paramètres que le jeûne, comme l’heure de la prise de sang, la position assise/couchée ou encore certaines formes de stress [de l’organisme, nldr.], comme la marche." Et si vous avez le moindre doute avant de vous rendre au laboratoire, allez-y à jeun avant 10h du matin, tout devrait bien se passer.